Rendez-vous fixé à 11h. Christian Poiret nous accueille à 11h pile.
Importance du temps, respect de ses interlocuteurs, il se consacre pleinement à eux.
Derrière l’aspect bonhomme, on perçoit une réelle rigueur courtoise.
Le bureau grand, fonctionnel et dépouillé. Au mur une photo du Général de Gaulle (maison natale à Lille), une de ses trois petits-enfants, une publicité pour la bière Anostéké, championne du monde et quelques images sportives, rappel du Tour de France qui a fait étape dans le Nord et le ballon de la coupe du monde de rugby.
Pas de dossier ou de parapheurs envahissants sur le bureau. Le lieu, à l’image de l’homme, incite au sérieux et au travail.
Il n’appartient pas à la race des ambitieux qui se construisent méthodiquement une carrière politique, mais à celle des curieux qui saisissent l’opportunité au gré des circonstances.
Avant tout un homme d’entreprise : 30 ans, dans le privé, dans une société de négoce d’acier inoxydable, qui a souhaité mettre son expérience au service du développement d’un territoire, pour les habitants.
En 1995, il devient maire de Lauwin-Planque, commune de 1650 habitants. Il le restera durant 27 ans. Passion dévorante, il aime la proximité. Logiquement, il devient vice-président de Douaisis Agglo en charge du développement économique. Élu à la présidence de cette agglomération, il abandonne son emploi salarié.
Elu conseiller général en 2001, il succède à Jean-René Lecerf à la présidence du groupe d’opposition et prend une part prépondérante à la campagne et à la victoire de 2015. Jean-René Lecerf abandonne alors le Sénat et devient Président du Conseil départemental et Christian Poiret son premier Vice-Président en charge des finances et de l’aménagement du territoire. Lourde charge car le Nord se trouve dans une situation financière extrêmement délicate et menacée de tutelle.
Il dit trouver un budget ne reflétant pas l’ensemble des dépenses. « Il y avait 300 M€ sous le tapis ! Par exemple il manquait 50 M€ pour le RSA ! »
Alors il s’attelle au redressement des finances. Fort de son expérience de gestion acquise dans le privé, il met en place des indicateurs qui n’existaient pas, développe le contrôle de la dépense et la culture de la recette. Sur son bureau un document d’une trentaine de pages regroupe l’ensemble des chiffres pour un pilotage fin des finances départementales.
Six années de travail. Renouvellement de l’assemblée départementale en 2021. Jean-René Lecerf ne se représente pas. Le groupe majoritaire désigne Christian Poiret comme chef de file au cours d’une primaire ouverte.
La majorité revient confortée avec 52 élus (sur 82) appartenant à différentes tendances : LR, UDI, Horizons, Renaissance …
Christian Poiret, lui, n’a jamais été encarté politiquement. Chef de file, il a négocié avec les partis, discuté investitures, tranché, et fait cohabiter des personnalités et des tendances très diverses. Jusqu’il y a peu, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, appartenait à sa majorité départementale. Il maintient la distance nécessaire pour écouter, faciliter et soutenir. Tout en conservant sa liberté.
Se libérer des carcans idéologiques. Vivre et décider seul, sans demander à quiconque l’autorisation. Pouvoir se présenter à une élection, conserver sa liberté d’initiative, choisir son équipe. Une triple « team » avec qui il travaille au quotidien : celle des élus de sa majorité, celle du cabinet et celle des services.
Devenu numéro 1, il intègre les différences avec le poste de vice-président. Il veut écouter son équipe, les autres sensibilités quand elles ne sont pas extrémistes et prendre de la hauteur. Il le répète à plusieurs occasions : « On est là pour travailler pour l’ensemble des Nordistes et les protéger. »
Car le Nord, il l’a chevillé au corps. Il parle avec passion de ce département hors-normes, plus grand que certaines régions, qui souffre d’une image de marque trop négative. Il veut améliorer le quotidien des Nordistes, leur donner un emploi, aider les plus fragiles, travailler sur la prévention santé, lutter contre les violences intrafamiliales, permettre aux aînés de bien vieillir, aux enfants d’être protégés…
Avec une attention particulière portée aux résultats, indispensable pour préserver les politiques de solidarité ajoute-t-il en montrant son cahier d’indicateurs : on ne se refait pas !