Derrière son accent chantant, ses yeux rieurs et sa moustache rassurante se cachent un caractère bien trempé et une obstination toute montagnarde. Bien des ministres et des représentants de l’État peuvent en témoigner depuis que Jean-Marie Bernard a été élu maire de la commune de Saint-Étienne-en-Dévoluy au tournant des années 90.
Ses convictions, il ne les cache pas, et pour les défendre, il n’entend pas faire de la politique de salon. Depuis plus de trente ans, Jean-Marie Bernard n’a jamais baissé la garde dans les combats qu’il estime justes et nécessaires : pastoralisme et défense des éleveurs, rôle central des départements dans l’aménagement du territoire, préservation de l’eau, tarifs de l’électricité, enjeux climatiques en milieu montagnard…
Et qu’importe s’il faut, pour se faire entendre, employer grands mots et grands remèdes. En 2018, à l’annonce du gouvernement de la réduction de la vitesse sur les routes départementales, il fait voter, en tant que Président du Conseil départemental, une délibération symbolique maintenant la vitesse à 90 km/h sur le réseau routier départemental haut-alpin. Quelques jours plus tard, il enlève lui-même un premier panneau 70 km/h au nom de l’harmonisation des limitations à 80 km/h. Un geste qui contribuera à faire reculer le gouvernement.
Si cet ingénieur des travaux publics d’État n’hésite pas à bousculer les codes et à défrayer la chronique, c’est avant tout par amour pour un territoire dont il connaît les spécificités sur le bout des doigts.Cette connaissance si fine, il la doit à sa longue expérience d’élu local. Maire de la commune de Saint-Étienne-en-Dévoluy entre 1989 et 2012, il devient maire de la station-commune du Dévoluy suite à la fusion de communes entre Saint-Étienne-en-Dévoluy, Agnières-en-Dévoluy, La Cluse et Saint-Disdier.
Le 2 avril 2015, il est élu Président du Conseil départemental des Hautes-Alpes. Viscéralement attaché à sa commune, il en est resté le premier maire-adjoint.
Il a été, par ailleurs, Président de la Communauté de communes Buëch Dévoluy.
Un engagement, presque une vocation, pour ce pur Dévoluard, qui fait du bon sens et du pragmatisme son credo politique.
Et qu’importe si le ton et le style déplaisent à certains : pour Jean-Marie Bernard, servir, c’est agir !
Ses récentes prises de position prouvent que les années n’ont pas entamé ses convictions. Ainsi, début octobre, lors du congrès des maires des Hautes-Alpes, Jean-Marie Bernard a appelé les élus à ne plus payer leurs factures auprès d’EDF. En cause, des contrats passés avec les collectivités qu’il juge « exorbitants » et « signés sous la contrainte ».
Une opposition qui frôle l’insoumission pour cet homme de droite qui n’entend pas s’en laisser compter.
Pourtant, conviction ne veut pas dire agitation. Les causes que plaide le Président des Hautes-Alpes reposent avant tout sur la défense d’un territoire particulièrement en proie au changement climatique et à ses conséquences.
Jean-Marie Bernard a ainsi fait de 2023, « l’année de l’eau » dans son département, prônant à la fois l’exemplarité dans la sobriété, et la remise en cause du transfert des compétences « eau et assainissement » aux intercommunalités prévue par la loi NOTRé.
Avec une position claire : laisser le choix du transfert à chaque territoire, en fonction de ses spécificités propres, et au nom du principe de différenciation. Un montagnard au caractère bien trempé, décidément.