ANTICIPER pour trouver le bon chemin
L’Andass a toujours cherché à anticiper.
C’est sans doute grâce à la diversité des ses membres et à la richesse de ses territoires.
Il y a 10 ans, à Nîmes, elle regrettait déjà l’abus de normes, l’accumulation de dispositifs et le risque de bureaucratisation de l’action sociale. Dès 2015, elle avait expérimenté la « conférence inversé » en donnant la parole aux « usagers. Elle avait porté la question du département comme territoire de la proximité et de solidarité. Elle avait plaidé pour la reconnaissance d’un service public de la vie quotidienne, du développement social ayant la même valeur que le développement économique ou le développement écologique. Elle souhaitait d’abord « une République des personnes plutôt que des administrations » et pour cela proposait de coopérer autrement pour développer le pouvoir d’agir.
Depuis leur « Manifeste pour une action publique sobre et de qualité » (2018), elle est allée explorer les questions de courage, de confiance et a proposé une méthode pour construire les politiques publiques.
La crise sanitaire a rappelé que les solidarités étaient à l’épreuve des transitions et « Qu’entre les deux, la vie s’écrit » (Aix les Bains 2021).
Nous pensons Convergences, Coopérations, Citoyenneté, Confiance et Courage.
Les journées d’Angers ont ouvert un nouveau cycle pour l’Andass
Son conseil d’administration a été profondément renouvelé.
Localement, les collectivités territoriales sont installées dans leurs nouveaux mandats dans un contexte d’incertitudes lié à une crise sanitaire qui se termine ou se transforme.
Un nouveau gouvernement va être mis en place pour 5 ans.
La guerre est arrivée en Europe et interroge à grande vitesse la question des Solidarités, la question d’une Europe plus solidaire, plus unie dans ses différences.
Les crises comme fond de carte des solidarités
Depuis 10 ans nous avons connu 2 crises majeures et nous serons dans une 3ème déclenchée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Nous avons su faire preuve de résilience mais le « prix fort » a souvent été payé par les plus vulnérables.
Malgré cela, nous avons connu des avancées, des intentions, des lois sur l’âge, sur la protection de l’enfance, une nouvelle branche de la sécurité sociale dite «Autonomie », un plan puis une stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté ; des lois sur l’organisation territoriale, sur la décentralisation, sur l’alimentation, sur les transitions …
MAIS
En France, pays riche, il y a toujours un enfant sur cinq qui vit en dessous du seuil de pauvreté. C’est la situation pour la moitié des enfants vivants dans des familles monoparentales,
MAIS
Les métiers de l’éducation ou de travail social, de l’accompagnement humain sont toujours faiblement reconnues malgré la prise de conscience liée à la crise sanitaire quant à leur utilité,
MAIS
L’action sociale et les politiques de solidarités continuent de souffrir de procès en inefficacité, en inutilité voire en illégitimité
Le social « coûte cher » mais que rapporte-t-il en coûts évités ? Et si on parlait plutôt de politiques sociétales ?
La décentralisation est source d’inégalités de traitement mais qu’en est-il de la richesse de politiques diversifiées, différenciées ?
Le social serait « un tonneau des danaïdes » mais quelle reconnaissance de l’investissement social pour construire une nouvelle approche budgétaire, du développement social comme mode de mobilisation des territoires afin de « ne laisser personne au bord du chemin ». Quelle sécurisation des risques pris dans l’innovation ou le droit à l’expérimentation ?
Les stratégies et les contractualisations portées par l’Etat se sont empilées. Nous avons toujours une grande ébriété (IGTD 2018) de textes, de référentiels ou de normes mais qu’en est-il des crédits de recherche et développement ? La sobriété que nous prônons n’est pas encore de mise.
Les places ont remplacé les lits, les réponses ont remplacé les places mais qu’est ce que la société inclusive que beaucoup revendiquent et les 4 agendas proposés par Denis Piveteau pour avancer ?
Les travailleuses sociales (90% des travailleurs sociaux sont des femmes) sont en perte de sens, faiblement reconnues, faiblement rémunérées, atomisées comment mieux les soutenir et les valoriser ?
La crise sanitaire a permis une première prise de conscience.
C’est pour l’ANDASS « l’occasion d’une mise à plat et de ne pas repartir plein pot »
MAIS
La guerre en Europe déclenchée par la Russie contre l’Ukraine fin février a montré la capacité d’agir rapidement de l’Union européenne quand elle est unie. Elle va accueillir plus de 5 millions de migrants ukrainiens, leur accorder un titre de séjour provisoire et le droit de travailler. Ils seront plus de 100000 à être accueillis en France. La Défense européenne devrait connaitre des avancées rapides et l’indépendance par rapport au gaz russe également. Mais comme à chaque crise les plus vulnérables seront impactés par l’augmentation des prix pour se chauffer, s’éclairer, se nourrir.
Dans cette réflexion ouverte sur les politiques de solidarités comment prendre en compte cette nouvelle crise et ces incertitudes ?
L’ANDASS se demande quoi faire à son niveau.
Il est possible de capitaliser les enseignements de ces années et de ces crises : le collectif permet d’être plus résistant et plus résilient.
Il est possible d’utiliser ce matériau pour OSER
OSER projeter les solidarités dans un nouvel horizon ; construire et partager un nouveau regard sur les solidarités. Pour cela dépassons les bornes des mandats électifs, « évitons de toujours tout recommencer ».
Comme les entreprises ont besoin de durabilité, de prévisibilité pour investir dans la transformation énergétique (France Stratégie 2022), comme le propose le Plan de transformation de l’économie française (Shift project 2022) ; les politiques de solidarités ont besoin de stratégies et de visibilité à long terme pour se transformer.
OSONS faire de l’Europe le chemin pour les nouvelles solidarités
OSONS construire, ensemble, un Plan de transformation des politiques de solidarités européennes, nationales et territoriales
Pour cela il faut OSER un nouveau regard sur les solidarités.
Il faut d’abord OSER changer notre regard, sur les solidarités, sur nos organisations, sur notre management, sur les professionnels qui les mettent en œuvre, sur les personnes à qui elles sont destinées.
En quoi ces politiques, ces professionnelles, ces personnes sont elles essentielles et essentiels ?
Comment ces politiques doivent être accessibles, durables, performantes ; au service des différentes transitions démocratiques, démographiques, énergétiques, numériques ?
Comment mieux inclure les solidarités humaines et les solidarités territoriales, comment faire concilier égalité, équité et différenciation des territoires ?
Comment faire pour que demain, le rêve et l’espoir d’une vie meilleure, utile, porteuse de sens, transformatrice et émancipatrice soit possible pour tous les enfants dans une Europe sociale et en paix ?
Comment le rêve et l’espoir pourrait devenir un bien commun ?
Pour cela il faut OSER instaurer un grand atelier national et territorial pour que que les artisans (Senett) des solidarités humaines et territoriales co-construisent :
Le Plan de transformation des solidarités 2030, nourrit de sobriété, de qualité et d’efficacité.