Pouvez-vous vous présenter ?
Enfant d’Alfortville, j’ai toujours eu à coeur le développement de ce territoire.
Je suis engagée de longue date pour la cause des enfants.
C’est en tant qu’élue locale, conseillère départementale et Vice-présidente du Val-de-Marne chargée de la prévention et de la protection de l’enfance de 2011 à 2020 que j’ai tenu à réformer la politique publique de protection de l’enfance.
J’ai obtenu des augmentations budgétaires afin de porter de nouvelles politiques publiques par le biais d’une approche écosystémique de la protection de l’enfance.
C’est un combat que je porte désormais à l’Assemblée nationale, notamment avec ma proposition de loi visant à accompagner vers l’autonomie les jeunes de 18 à 25 ans sortant de l’Aide sociale à l’enfance, mais aussi avec la commission d’enquête sur les manquements des politiques de protection de l’enfance.
Je crois fermement que nous devons prioriser les politiques publiques de l’enfance, car elles sont déterminantes pour l’avenir de nos futurs citoyens. Nous marchons tous dans les pas de notre enfance.
Mon combat en faveur de la protection des enfants s’est également traduit par deux propositions de loi, l’une adoptée à l’unanimité durant la législature précédente, visant à créer un seuil de non-consentement dans les cas d’inceste, et l’autre, adoptée définitivement les 11 et 12 mars derniers, visant à mieux protéger les enfants victimes de violences intrafamiliales.
Nous devons faire de l’enfance une priorité dans notre pays.
Votre proposition de loi visant à mieux protéger les enfants victimes de violences intrafamiliales vient d’être adoptée. Pouvez-vous nous en parler ?
Cette proposition de loi cherche à répondre à un problème majeur : avant l’adoption de ma proposition de loi, les parents suspectés d’inceste conservaient l’exercice de l’autorité parentale sur leurs enfants.
Cela signifie qu’un parent suspecté de viol sur son enfant peut continuer à le voir régulièrement et à l’héberger.
Mon texte de loi, promulgué le 18 mars dernier, vise à suspendre l’autorité parentale durant toute la durée de la procédure judiciaire. Les procédures judiciaires durent généralement plusieurs années : il paraît impensable de confier un enfant à son agresseur pendant une procédure judiciaire pour inceste.
Par la suite, en cas de condamnation du parent pour crime ou agression sexuelle incestueuse sur son enfant, ou pour crime sur l’autre parent, le juge retirera l’autorité parentale, et s’il ne le fait pas, il devra le justifier.
Ce texte cherche de fait à inverser la réflexion : plutôt que de conserver les liens familiaux à tout prix, au détriment de l’enfant, il est nécessaire de privilégier la mise en sécurité de celui-ci et son bien-être.
La raison commande de dire aux enfants victimes de violences intrafamiliales “Je te crois.” mais aussi “Je te protège”.
Maintenant, quelle est la prochaine étape pour votre travail parlementaire ?
Désormais, je compte m’investir dans la commission d’enquête parlementaire qui m’a été confiée suite à l’exercice du droit de tirage du groupe socialiste de l’Assemblée nationale. Cette commission d’enquête portera sur les manquements des politiques de protection de l’enfance.
Ce sujet me paraît absolument essentiel au vu des drames récents et des nombreux appels à l’aide des professionnels de ce secteur à bout de souffle. Avec la décentralisation, l’État a délégué la compétence de la protection de l’enfance aux départements mais a délaissé par là-même ses compétences transversales dans les territoires et, de fait, cette politique publique qui, pourtant, nous concerne tous.
Je pense qu’il est fondamental de remettre au centre des discussions politiques la politique publique de protection de l’enfance. L’accueil des enfants au sein de l’ASE détermine en partie leur future vie d’adulte : nous ne pouvons donc pas les laisser sur le bord du chemin. Les enfants de l’Aide sociale à l’enfance sont les enfants de la République, nous devons être à la hauteur.