Le monde de la santé est en plein bouleversement : la démographie médicale est en baisse, les organisations de travail de santé sont en constante évolution, tandis que les besoins de prises en charge augmentent et que le vieillissement de la population induit une multiplication des besoins d’accès aux soins.
Les déserts médicaux, un problème territorial
Les difficultés d’accès aux soins sont de plus en plus importantes et dans un nombre de territoires toujours grandissant : ce sont les fameux déserts médicaux, ces « zones blanches » médicales dans lesquelles il est très difficile, voire impossible de se faire soigner par un professionnel de santé en raison de l’absence de médecins à proximité. En France, 30 % de la population vit dans ce qui est considéré comme un désert médical (IRDES, 2022) Résultats : des patients mal ou pas accompagnés, des délais d’attente qui s’allongent, des pathologies prises en charge trop tard et des médecins débordés.
Ces déserts médicaux peuvent d’ailleurs toucher une large variété de typologies de territoires, avec un impact très fort sur leur attractivité. Les villes petites et moyennes sont particu-lièrement touchées, en raison d’un manque de médecins généralistes et spécialistes, d’accès aux urgences hospitalières et aux pharmacies (84 % des villes ayant souscrit au program-me Petites Villes de Demain et 57 % de celles du programme Action Cœur de Ville ; IRDES, 2022). Mais les agglomérations peuvent également être considérées comme des déserts médicaux (62,4 % de la population en Île-de-France), le nombre de patients par médecin étant de plus en plus élevé et certains généralistes et spécialistes n’acceptant plus de nouveaux patients.
L’accès au soin pour tous, une priorité de la Banque des Territoires
Consciente que ces enjeux de santé constituent un prob-lème urgent, la Banque des Territoires a fait de la lutte contre les déserts médicaux l’une de ses priorités stratégiques : elle soutient les collectivités grâce à de l’ingénierie territoriale ainsi qu’en accompagnant celles qui ont souscrit aux programmes Action Cœur de Ville, Petites Villes de Demain et Quartier Politique de la Ville. Elle accorde également des prêts pour financer des infrastructures sanitaires et médico-sociales dans lesquelles elle peut être également investis-seur. Surtout, la Banque des Territoires a fait le pari que l’innovation numérique en santé est l’une des clefs pour contribuer à la lutte contre les déserts médicaux : elle investit dans des solutions numériques de télémédecine, misant sur l’innovation pour augmenter le temps médical des profes-sionnels de santé, améliorer la prise en charge des patients et utiliser la data comme outils de prévention.
En effet, il apparaît pertinent de proposer des offres servi-cielles destinées aux médecins des territoires sous-dotés pour leur permettre de se focaliser sur leur métier et maximiser l’utilité du temps médical. L’objectif est double favoriser la délégation de tâches à faible valeur ajoutée médicale pour augmenter la couverture sanitaire à nombre de médecins constant et favoriser le déploiement de la télésurveillance des patients pour limiter les consultations et déplacements inutiles tout en permettant une prise en charge rapide des patients en ayant besoin. Et cette évolu-tion ne pourra pas se faire sans les outils numériques.
Eudokia, une réponse numérique pour faciliter l’accès aux soins
Pour répondre à ces besoins, Sêmeia, Health for People (H4P) et la Banque des Territoires ont décidé d’associer leurs exper-tises et leurs moyens afin de créer la co-entreprise Eudokia. L’objectif : proposer une solution numérique innovante pour décharger les médecins des tâches administratives et faciliter le suivi des patients, tout en favorisant le partage efficace des données entre les professionnels de santé.
Le médecin pourra ainsi déléguer les tâches de préparation de consultation, de suivi et de coordination de parcours de soins du patient à l’assistant médical. Le rôle de l’outil sera de rendre autonome l’assistant médical en répondant à deux enjeux clés : la confiance et la productivité. Il permettra de paramétrer, pour chaque cas médical possible, les actions à réaliser. L’outil se basera sur un très large référentiel de con-naissances médicales et de bonnes pratiques (centaine de pathologies). Ce logiciel unique en France et spécifique aux assistants médicaux leur permettra de guider l’ensemble de leurs tâches en sécurisant les médecins.
3 questions à Sophie Ferracci, Directrice régionale Centre-Val de Loire, Banque des Territoires
Pouvez-vous nous présenter l’action de la Banque des Territoires en Centre-Val de Loire ?
La direction régionale Centre-Val de Loire fait partie des 16 directions régionales de la Banque des Territoires qui est l’un des métiers de la Caisse des Dépôts. La Banque des Territoires œuvre aux côtés de tous les acteurs territoriaux : collectivités locales, entreprises publiques locales, organismes de logement social et professions juridiques. Elle les accompagne dans la réalisation de leurs projets d’intérêt général en proposant un continuum de solutions : conseils, prêts, investissements en fonds propres et consignations. En Centre Val-de-Loire, la Banque des Territoires est implantée à Orléans et Tours.
Quelles sont vos interventions dans le domaine de la santé ?
Nous intervenons auprès des collectivités locales pour le finan-cement de maisons de santé pluriprofessionnelles. Nous som-mes également présents aux côtés des centres hospitaliers pour la modernisation de leurs EHPAD comme à Châtillon-sur-Indre ou à Amboise.
Par ailleurs nous cofinançons des études d’ingénierie pour permettre la réalisation de projets comme à Bourges où nous sommes partenaires du “Paris Mozart Orchestra” qui porte un projet ambitieux de tiers lieu santé mentale et culture.
Pensez-vous que les innovations numériques en santé sont pertinentes pour permettre une meilleure prise en charge des patients ?
La santé est une priorité pour les Français et une préoccupation majeure pour les habitants de la région Centre-Val de Loire. Il faut agir tous azimuts. Aussi les innovations numériques viennent compléter l’organisation des soins mise en place localement. La Banque des Territoires a ainsi financé une étude pour le déploiement de services de télémédecine en milieu rural sur la commune du Favril en Eure-et-Loir. En outre la Banque des Territoires investit dans des start-ups qui proposent des solutions numériques dans les territoires comme KIPLIN basée à Nantes (prévention), Rofim (télémédecine), Cardioparc (centres de cardiologie)…