L’institut Quorum a réalisé un sondage national représentatif via la méthode des quotas pour Le Journal des Départements, le Conseil départemental de Loir-et-Cher, la Communauté d’Agglomération Territoires Vendômois et Sud Radio. Cette enquête a été réalisée en ligne du 2 au 7 mai 2024 auprès d’un échantillon de 1 000 répondants, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
Cet échantillon a été constitué d’après la méthode des quotas : sexe, âge, CSP, région de résidence et catégorie d’agglomération.
L’enquête récente menée par l’Institut Quorum sur l’accès aux soins en France dépeint un tableau préoccupant de la santé publique. Selon les résultats, 67 % des Français ont été contraints de renoncer ou de reporter des soins médicaux au moins une fois au cours des douze derniers mois, un chiffre qui monte à 68 % parmi les personnes atteintes de maladies chroniques.
Ce renoncement est principalement attribué à un manque de médecins, une réalité pour 58 % des sondés,
et à des difficultés financières, citées par 39 % des participants à l’étude.
Les délais pour obtenir un rendez-vous avec un spécialiste exacerbent cette problématique, avec un temps d’attente moyen dépassant souvent deux mois. En effet, 55 % des personnes interrogées signalent des délais d’attente trop longs pour voir un spécialiste, mettant en lumière l’insuffisance de l’offre médicale face à la demande.
Les répercussions de ces renoncements sont graves et multiples. Selon le sondage, 85 % des individus ayant différé leurs soins disent avoir subi des conséquences négatives, notamment une aggravation des symptômes et, dans certains cas, des complications médicales nécessitant des interventions urgentes.
En outre, l’étude révèle une tendance alarmante où 75 % des répondants se sont tournés vers les services d’urgence faute de pouvoir consulter un médecin en temps voulu.
Ce recours fréquent aux urgences illustre non seulement l’échec des mécanismes de soins primaires mais aussi une gestion inefficace des ressources médicales qui augmente la pression sur les hôpitaux et allonge les temps d’attente.
Cette analyse des données de l’Institut Quorum met en évidence la nécessité urgente de réformes dans le système de santé français pour assurer une meilleure distribution des services médicaux et une réduction des obstacles financiers, afin que l’accès aux soins ne soit plus un luxe mais un droit accessible à tous.
“ Notre système de santé, longtemps envié par le monde entier, n’a cessé de se dégrader depuis des années. Aujourd’hui, près de 7 Français sur 10 ont déjà renoncé ou reporté des soins, principalement en raison du manque de disponibilité des médecins et de difficultés financières. Cette situation entraîne souvent une détérioration de l’état de santé des patients, aggravée par des délais d’attente prolongés et des temps de trajet importants, surtout en zones rurales.
Cependant, ces constats ne doivent pas nous décourager, mais plutôt nous inciter à l’action. Nous avons l’opportunité de transformer ces défis en catalyseurs de changement. Ensemble, il nous faut travailler à attirer davantage de professionnels de santé dans nos déserts médicaux, réduire les délais d’attente et mieux informer le public sur les alternatives aux urgences. Les dépassements d’honoraires et les refus de rendez-vous pour les bénéficiaires de la CMU-C ou de l’ACS doivent être combattus avec détermination.
Ce sondage, de l’Institut Quorum, ouvre la voie à des réflexions nécessaires et à des actions concrètes pour améliorer l’accès aux soins pour tous. Avec espoir et combativité, nous pouvons bâtir un système de santé plus accessible pour l’ensemble de nos concitoyens ”.
Les principaux enseignements du sondage
Renoncement ou report de soins : une réalité préoccupante…
Le renoncement ou le report de soins constitue une réalité préoccupante en France, touchant une grande partie de la population. En effet, près de 7 Français sur 10 ont déjà renoncé ou reporté des soins, représentant 67 % de l’échantillon étudié. Ce phénomène est particulièrement marqué chez les jeunes de 18 à 24 ans, parmi lesquels 71 % ont déjà renoncé ou reporté des soins du fait des délais d’attente trop longs pour obtenir un rendez-vous médical.
Le manque de disponibilité des médecins constitue l’une des principales raisons de ce renoncement ou report de soins. Près de 6 Français sur 10 ont cité le manque de médecin comme motif (58 %) alors que 4 français sur 10 déjà ont renoncé ou reporté en raison de difficultés financières (39 %).
Cette attente prolongée contribue à la détérioration de l’état de santé des patients, avec 85 % de ceux ayant déjà renoncé ou reporté des soins faisant état d’au moins une conséquence négative, notamment de l’anxiété, de l’angoisse (62 %), une augmentation des symptômes (41 %) ou même une hospitalisation (16 %). Cette conséquence est encore plus marquée pour les personnes ayant une maladie chronique puisque 85% de ceux ayant déjà renoncé ou reporté des soins ont eu au moins une conséquence négative.
Les obstacles à l’accès aux soins de santé …
L’absence de médecin à conduit un quart des Français à se tourner vers les urgences au cours des 24 derniers mois (24 %), avec un pourcentage plus élevé de 29 % chez les personnes souffrant de maladies chroniques.
De plus, 38 % des Français ne sont pas conscients de l’existence des maisons médicales de garde comme alternative aux urgences en cas d’urgence médicale.
Parmi les 60 % qui en ont connaissance, seulement 69 % savent s’il en existe une près de chez eux.
Délai d‘attente et temps de trajet
Les délais d’attente pour obtenir un rendez-vous chez un spécialiste restent un problème majeur, souvent dépassant les deux mois.
Par exemple, il faut en moyenne 2 mois et 28 jours pour obtenir un rendez-vous chez un dermatologue, 2 mois et 11 jours pour un ORL, et
2 mois et 1 jour pour un gynécologue.
De plus, le temps de trajet pour se rendre chez un spécialiste est également significatif, avec une moyenne de 27 à 30 minutes.
Pour les habitants des zones rurales, ce temps s’étend en moyenne de 34 à 39 minutes.
Les défis financiers et d’accès aux soins médicaux en France
Une grande majorité de Français, soit 69 %, sont confrontés à des dépassements d’honoraires chez un médecin spécialiste au moins occasionnellement, tandis que pour 33 % d’entre eux, cette situation est fréquente. Cette tendance est encore plus marquée chez les personnes atteintes de maladies chroniques, où 73 % font face à des dépassements d’honoraires au moins de temps en temps, dont 37 % souvent.
Par ailleurs, 68 % des Français remarquent une augmentation du montant du reste à charge par rapport aux années précédentes, tandis que seulement 3 % déclarent qu’il a diminué.
En ce qui concerne l’accès aux soins, 36 % des bénéficiaires de la CMU-C ou de l’ACS ont déjà été confrontés au refus d’un rendez-vous médical en raison de leur statut de bénéficiaire, une situation vécue par 56 % des personnes atteintes de maladies chroniques.
Le renoncement de l’accès aux soins : Des raisons multiples