Le Conseil départemental de Loir-et-Cher coorganise les Assises nationales de l’accès aux soins à Vendôme. Une évidence pour un département très tourné vers la santé et l’attractivité médicale. Philippe Gouet, président du conseil départemental et président du groupe de travail santé au sein de Départements de France nous en dit plus.
Opération séduction : le Loir-et-Cher innove pour lutter contre les déserts médicaux
L’agence d’attractivité de Loir-et-Cher a pour mission de valoriser les atouts résidentiels pour promouvoir les opportunités professionnelles, notamment en matière de santé. Pour séduire et capter de nouveaux professionnels de santé, Be LC a entrepris une stratégie offensive : leur offrir un accompagnement de A à Z pour leur installation dans la région, tant sur le plan professionnel que personnel.
Le Loir-et-Cher, un exemple à suivre
Premier territoire à avoir formalisé des offres à destination des professionnels de santé, le Loir-et-Cher séduit. En 2023, 194 professionnels de santé ont été accompagnés dans leur projet d’installation. Un accompagnement totalement personnalisé pour leur donner goût à la vie en Loir-et-Cher : découverte et visite du territoire, proposition du lieu d’exercice, recherche de logement, soutien financier, aide à l’intégration et au réseautage grâce à de multiples événements et activités… Étudiants en santé, professionnels en recherche de remplacement ou d’une opportunité d’installation bénéficient de trois offres clés en main et gratuites : Ma Box Stage, Ma Box Rempla et Ma Box Instal’.
Le Journal des Départements : Le 13 juin prochain, vous accueillez les premières Assises nationales de l’accès aux soins, à Vendôme. Pourquoi avez-vous souhaité qu’elles se tiennent en Loir-et-Cher ?
Philippe Gouet : Le Loir-et-Cher bénéficie d’une situation géographique intéressante (à deux pas de Paris, trois heures de la mer ou de la montagne), d’une attractivité touristique excep-tionnelle avec ses châteaux (Chambord, Blois, Chaumont-sur-Loire…) et le ZooParc de Beauval, ainsi que d’un cadre de vie incomparable. En dépit de cela, le département connaît une vraie pénurie de médecins et de spécialistes et les réponses apportées restent largement insuffisantes.
En tant qu’ancien professionnel de santé et président du groupe de travail santé à Départements de France, je suis très investi sur ce sujet. J’ai tenu à ce que ces Assises aient lieu en Loir-et-Cher car la cartographie médicale du département est particulièrement représentative de la situation de l’accès aux soins en France. Pourquoi Vendôme ? Pour le côté pratique : la ville est à 42 minutes de Paris en TGV et parce que son maire, Laurent Brillard, a la même volonté que moi de garantir à chaque Loir-et-Chérien une offre de santé de qualité et de proximité.
Ces Assises nationales de l’accès aux soins vont nous permettre de partager les dispositifs mis en place dans les territoires, de rencontrer les différents acteurs concernés, collectivités, professionnels de santé, étudiants en médecine ou entreprises afin de trouver ensemble des solutions.
Quelle est la situation du Loir-et-Cher en matière de démographie médicale ?
PG : Actuellement, notre département connaît une densité de professionnels de santé plutôt inquiétante, avec certaines zones qu’on pourrait qualifier de désert médical. Le Loir-et-Cher arrive en 3 position en Région Centre-Val de Loire, après l’Indre-et-Loire et le Loiret, mais avant l’Indre, l’Eure-et-Loir ou le Cher.
Au niveau national, nous sommes au 75 rang quant à la densité de médecins généralistes et au 79 rang en ce qui concerne l’âge des médecins. Beaucoup d’entre eux ont plus de 55 ans ; s’ils ne sont pas remplacés au moment de leur départ à la retraite, la problématique ne fera que s’accentuer. La santé est l’affaire de tous, que l’on soit nourrisson, adolescent, adulte ou senior. Face à ce constat de pénurie de médecins, il fallait donc répondre aux interrogations de nos concitoyens en proposant des solutions.
En tant qu’ancien professionnel de santé et président du Conseil départemental de Loir-et-Cher, qu’avez-vous mis en place pour faire face à cette problématique ?
PG : J’ai exercé comme kinésithérapeute ostéopathe dans le Ven-dômois. Fort de cette expérience, dès mon arrivée à la tête du Conseil départemental, en juillet 2021, j’ai souhaité élaborer un grand plan « Le 41 en bonne santé » afin de faire de l’accès aux soins un droit fondamental. Avec des élus en charge de la santé et des professionnels du secteur réunis en commission, nous avons fait émerger neuf actions phares pour lutter contre la désertification médicale.
Par exemple, afin d’inciter les futurs professionnels à s’installer en Loir-et-Cher, le Conseil départemental propose une bourse de 12 000 € aux internes de médecine générale durant leurs deux dernières années d’études. Le département aide également les professionnels de santé à s’installer. Ainsi, 29 d’entre eux (mé-decins généralistes, chirurgiens dentistes, orthophonistes…) ont déjà été aidés à hauteur de 215 000 € pour l’acquisition de leur matériel professionnel dans le cadre de leur première installation.
En contrepartie, les professionnels aidés financièrement doivent exercer de trois à cinq ans minimum en Loir-et-Cher. En zone rurale, les maisons de santé pluridisciplinaires répondent de façon très favorable aux besoins de la population. C’est pour cette raison que le département favorise leur création ou leur extension. Le Dépar-tement investit ainsi 25 millions d’euros sur 2022-2028 pour bâtir un système de santé plus accessible pour l’ensemble des Loir-et-Chériens.
L’agence d’attractivité Be LC, créée il y a quatre ans sous l’impulsion du Conseil départemental, joue un rôle déterminant dans la prospection des professionnels de santé. Pouvez-vous nous en parler ?
PG : La stratégie du plan « Le 41 en bonne santé » est claire : attirer des professionnels de santé… et donc des habitants. Afin de mettre en lumière nos atouts comme la qualité de vie, nous nous appuyons sur l’agence d’attractivité Be LC qui fait un travail remarquable de prospection et de promotion. Elle s’appuie sur des dispositifs bien concrets d’aide à l’installation (le guide « S’installer en Loir-et-Cher », les box « Stage », « Rempla », « Instal » …).
À ce jour, 250 familles ont été accompagnées dans leur installation et 85 conjoints de nouveaux arrivants ont bénéficié du dispositif « Job conjoint ». Côté santé, 194 professionnels ont été aidés dans leur projet d’installation en 2023 et 35 praticiens se sont établis durablement. Au premier trimestre 2024, 15 installations se sont concrétisées. Be LC porte l’ambition du Loir-et-Cher au-delà de nos frontières et joue un rôle important dans l’arrivée de professionnels de santé sur notre territoire.