Le Dictionnaire Pompidou, par Christine MANIGAND et Olivier SIBRE
La prophétie se serait réalisée, moins parmi les historiens que dans la mémoire collective, à l’ombre du général de Gaulle : Georges Pompidou aurait perdu le cœur des Français, alors qu’il incarne des « années bonheur » que rien ni personne, depuis, ne semble avoir ressuscitées. Cette convergence de la grandeur de la France avec le bonheur des Français, c’est le moment Pompidou, cette rencontre d’un petit-fils de paysans du Cantal, fils de deux hussards noirs de la République, avec un destin national.
Raconter Georges Pompidou, c’est rouvrir le roman français. Dernier littéraire, normalien et agrégé de lettres, à accéder à la fonction suprême, relevant parfaitement les défis du moment, des questions monétaires à la culture en passant par l’industrie et l’innovation, politicien tardif mais efficace, fidèle à son mentor sans être entré dans la Résistance, cet humaniste passionné de littérature et de création contemporaine incarne la profondeur d’une France capable de penser son avenir et de le façonner.
Publié par l’Institut Georges-Pompidou à l’occasion du cinquantenaire de la mort de l’ancien chef de l’État, ce dictionnaire est un kaléidoscope inédit d’une personnalité complexe qui rend Georges Pompidou aux Français.
Le salon vert, par Marie-Béatrice BAUDET et David GAILLARDON
Situé au premier étage de l’Elysée juste à côté du bureau du Président de la République, le Salon vert est l’antichambre du pouvoir. C’est dans cette pièce que, tour à tour, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron, entourés de leurs proches conseillers, ont décidé du futur économique, social et international de la France. Beaucoup d’arbitrages y ont été rendus : âge du départ à la retraite, vente de notre fleuron industriel Alstom, engagement des troupes françaises au Sahel, réplique aux attentats terroristes…
La vie privée hante aussi ces lieux, où deux présidents se sont mariés et la dépouille d’un autre a été exposée. Dans ce magnifique bureau inconnu du grand public, l’Histoire s’écrit au quotidien. Tout y est signe, à commencer par la couleur verte de ses boiseries Louis XV qui évoque à la fois l’espérance, l’argent et l’autorité. Chaque objet dit aussi quelque chose de ce lieu stratégique : ainsi de la pendule placée sur la cheminée ou de la nouvelle table de réunion trônant au centre du décor.
Mêlant recherches historiques et confidences de responsables politiques et de haut-fonctionnaires, Marie-Béatrice Baudet et David Gaillardon nous font pénétrer dans les coulisses de ce foyer de la République. Les murs du Salon vert nous livrent leurs secrets.
Qui veut la peau des maires de France, par Luc CHATEL
Les agressions spectaculaires à St-Brévin-les-Pins et L’Haÿ-les-Roses, en 2023, ont – enfin ! – fait entrer le quotidien des maires de France au cœur des sujets d’actualité. L’auteur de ce livre-enquête est allé à la rencontre d’élus de terrain de toutes les régions de France qui racontent leurs peurs, leurs combats et leurs colères. Ils sont des centaines, voire des milliers à subir des insultes, des menaces et des agressions. Jusqu’à la tentative de meurtre.
D’autres violences, plus lancinantes, se révèlent tout aussi insupportables : normes excessives, lois inapplicables, décentralisation incohérente, poursuites judiciaires abusives…
Entre violences physiques » d’en bas » et violence morale » d’en haut « , beaucoup de maires se sentent seuls face à des difficultés qu’ils jugent insurmontables, de là leur désarroi voire leur souffrance psychique intense. Ainsi sont-ils de plus en plus nombreux à démissionner.
Ce livre qui couvre vingt ans de politiques publiques fait la chronique d’une mort annoncée des communes. Il pose une question restée trop longtemps taboue : qui veut la peau des maires de France ?
Tragédie française, par Franz-Olivier GIESBERT
Dans le premier tome de cette série, Franz-Olivier Giesbert a raconté le redressement gaulliste de 1958, et dans La Belle Époque, le tome II, la gestion de « mère de famille » des années Pompidou et Giscard. C’était un autre siècle. Mais les décennies suivantes, qu’il tente de faire revivre ici, celles de Mitterrand, Chirac, Sarkozy et Hollande, nous paraissent elles aussi lointaines, avec leurs promesses et leurs ombres : bicentenaire de la Révolution, chute du Mur, 11 Septembre, irruption des « lieux de mémoire » et éclatement concomitant de notre roman national… Mitterrand prétendait « changer la vie » en 1981. Onéreuse illusion.
La présidence Chirac s’est enrayée sitôt commencée, marquée pourtant par quelques décisions mémorables. Le repli s’est poursuivi, sous leurs successeurs, qui n’ont pas toujours démérité. La France n’a certes pas encore touché le fond, mais elle s’est laissée aller, au point de ne plus maîtriser ni ses comptes publics ni ses flux migratoires.
Sans oublier le délitement de l’autorité qui ronge nos âmes, notre industrie qui se défait, comme notre moral, et la juxtaposition des ghettos communautaires sous l’égide du « vivre-ensemble ». Ce qui n’empêche ni les plaisirs, ni les rires, ni les joies… Puisant dans ses carnets et le Journal qu’il a tenu pendant des années, Franz-Olivier Giesbert à voulu raconter comme il l’avait vécu ce temps de faux espoirs et de vraies ruptures, dans un va-et-vient entre nos perceptions d’alors et notre regard d’aujourd’hui.
Trois procès extraordinaires, par François SAINT-PIERRE
Ce livre est le récit de trois procès extraordinaires. D’abord des deux procès qui se sont tenus devant le Conseil supérieur de la magistrature en août et septembre 2022, à Paris, à l’encontre du juge Édouard Levrault et du procureur Patrice Amar, à la suite d’initiatives du ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti.
Puis du procès de ce même ministre, Éric Dupond-Moretti, qui a comparu à son tour devant la Cour de justice de la République l’année suivante, au mois de novembre 2023, pour y répondre de ces décisions qu’il avait prises envers ces mêmes magistrats !
Ces trois procès se sont finalement conclus par des décisions de mises hors de cause et de relaxe, aucune faute disciplinaire n’ayant été retenue contre les magistrats, ni aucun délit contre le ministre.
Mais quels procès ! L’avocat François Saint-Pierre, qui fut le défenseur d’Édouard Levrault et de Patrice Amar devant le Conseil supérieur de la magistrature et qui les assista devant la Cour de justice de la République, en livre ici le récit, passionné et passionnant, de sa place d’avocat, mais le plus fidèlement possible.
Et c’est un récit riche d’enseignements, sur la justice, la politique, les magistrats et leur ministre, sur les conditions de l’état de droit et le fonctionnement de la démocratie.