L’invité du mois est Christophe Picard, DGS du Conseil départemental des Alpes-Maritimes ; fonction qu’il occupe depuis 2018 après avoir été DGS du Département du Nord et exercé dans différentes strates de collectivités ou de services de l’Etat.
Notre collègue reconnu pour son expérience et compétence en finances publiques est aujourd’hui à la tête d’une administration résolument engagée pour l’innovation. Cette stratégie se traduit par de nombreuses politiques au service des transitions que nous avons souhaité questionner.
À la lecture de ses réponses vous noterez l’importance accordée au numérique par rapport aux interviews que nous avons précédemment réalisées. Son conseil de lecture s’inscrit d’ailleurs dans les pas de l’ancien PDG d’Apple. Cela montre l’intérêt de poursuivre l’exploration de ce sujet et de vous faire partager les regards et initiatives des dirigeants territoriaux.
Bonne lecture à vous,
Gilles Lagarde et Jean-Marie Martino
Questions à l’invité :
Quelle est votre vision des enjeux de transition ?
Pour qu’elles soient efficaces, les transitions, qu’elles soient écologiques, climatiques, énergétiques ou numériques, doivent impliquer l’ensemble des acteurs du territoire et en premier lieu l’organisation qui les initie, par l’adoption de mesures internes exemplaires.
Des mesures d’accompagnement doivent également être mises en place afin de sensibiliser et d’inciter les autres acteurs aux bonnes pratiques.
Quelles sont les stratégies de transitions engagées par votre collectivité ?
Le GREEN Deal et le SMART Deal sont les politiques phares du Département des Alpes-Maritimes, mises en place par le Président Charles Ange GINESY dès 2017 afin de devenir une collectivité exemplaire en termes de transitions écologique et numérique du territoire et d’accompagner les Maralpins dans ces transitions.
Ces politiques sont transversales ; les actions qui en découlent se déclinent sur l’ensemble des domaines de compétences de notre collectivité.
Le SMART Deal s’articule autour de 3 axes majeurs :
– Inclusion numérique ;
– Sobriété numérique ;
– Intelligence artificielle au service des Maralpins.
Le GREEN Deal s’articule quant à lui, autour de 4 axes principaux :
– Energie ;
– Mobilité ;
– Alimentation ;
– Biodiversité.
A titre d’exemple, notre collectivité, dotée d’un budget vert, a mis en place diverses actions phares telles que :
– La production d’énergies renouvelables sur l’ensemble du territoire avec la création de la SEML GREEN Energy 06 ;
– La mise en place d’un Plan vélo doté de 62 M€ sur 2022-2028 ;
– L’approvisionnement d’une centaine d’établissements dotés de restauration collective avec des produits locaux issus de producteurs maraichers locaux par le biais de la SCIC Plateforme 06 à table ;
– Les différents plans départementaux afin de protéger et de faire connaître notre patrimoine naturel, y compris maritime ;
– La création d’un observatoire de l’eau.
Parallèlement, le Département accompagne également différents acteurs du territoire par le biais d’aides financières aux particuliers, de subventions et d’appels à projets pour les collectivités et associations à but non lucratif et de conventions avec des acteurs socio-économiques notamment.
Quel est votre rôle en tant que DGS dans ce projet et quelle organisation spécifique avez-vous mis en place ?
Comme souvent mon rôle est de coordonner les différents acteurs, externes et internes, qui doivent se mobiliser sur ce projet, parfois non identifié à l’origine comme prioritaire, et qui peuvent avoir des objectifs non convergents…
Quels enseignements en tirez-vous en matière de conduite des projets de transition ?
Ce qui est évident et opportun à un instant donné, peut ne plus l’être par la suite ; il est donc nécessaire d’évaluer les actions menées, d’échanger avec d’autres collectivités afin de partager les expériences et réaliser des benchmarks, de savoir se remettre en question et de sans cesse se renouveler.
Il me semble impératif également d’afficher le caractère structurel de ces projets qui ont vocation, à des rythmes différents, à toucher la quasi-totalité des politiques que nous menons.
Pensez vous que l’on conduit des projets de transition comme des projets plus classiques de modernisation ou de changement ?
Dès lors que ces projets sont systémiques l’approche est nécessairement différente. C’est plus une question d’intensité managériale et de mobilisation globale de l’ensemble des équipes que de méthode à mon sens.
Quel impact cette démarche a sur vos collaborateurs au sein de votre collectivité ?
Tout changement n’est pas forcément accueilli dans l’immédiat avec bienveillance. Changer les habitudes prend du temps et nécessite un accompagnement pensé en amont de façon approfondie (échanges avec les DGAs et directeurs, communication interne, ateliers, etc.).
Une fois le changement opéré, on constate souvent avec du recul, une compréhension et appropriation de la démarche par les collaborateurs (dématérialisation, etc.) et le fait qu’il est impensable de revenir en arrière.
Conseil de lecture de l’invité
Quelle est la lecture que vous souhaitez recommander en matière de transition ?
Marco Landi : « L’homme connecté »