Carrefour de peuples et terre de passages au long de son histoire, la Haute-Marne est un département singulier dont les richesses patrimoniales et naturelles restent trop peu connues. Bien décidée à s’imposer comme un département attractif, la Haute-Marne investit pour inverser une courbe démographique en baisse depuis les années 1970. Dotée d’une feuille de route claire, la Haute-Marne opère sa mue. Découverte d’un département plein de promesses.

François d’Houdan (1748-1828) ; Pierre Dumez (1757-1794) ; Pierre-Gilles Chanlaire (1758-1817)
© Domaine public
Repères historiques
Le beau musée d’art et d’histoire de Chaumont le rappelle : la Haute-Marne con-naît très tôt une intense activité humaine, à la fois économique, guerrière et religieuse. En attestent ainsi de nombreux sites mégali-thiques, comme dans le Bois de Lardigny à Vitry-lès-Nogent ou à Rochefort-sur-la-Côte, ainsi que les exceptionnelles cuirasses de Marmesse datant du IXe siècle av. J-C, visibles au musée de Chaumont.
La Haute-Marne actuelle est habitée jusqu’à la conquête romaine par différents peuples, principalement belges et celtes, à commencer par les Lingons, peuple celtique de l’Est, qui fondent Langres. Alliés des Romains pendant la guerre des Gaules, les Langons défendent l’Empire romain, notamment sur le front de l’Est, durant la période gallo-romaine.
Carrefour géographique, le territoire de la Haute-Marne devient le point de passage de nombreuses invasions barbares. Alamans, Francs, Vandales ou encore Huns pillent régulièrement le territoire durant les premiers siècles de notre ère. Le Ve et le VIe siècle voient l’actuel territoire français se scinder entre un nord, à forte influence germanique, et un sud héritier du passé romain. La Haute-Marne est au centre de ce clivage et des luttes de possession qui en découlent. Il faut attendre 843 et la partition de l’Empire par Charlemagne lors du Traité de Verdun pour que la Haute-Marne soit intégrée au duché de Bourgogne. Cette partition n’empêche pas les influences des pouvoirs régionaux de Champagne, de Lorraine et de Franche-Comté sur le territoire.
En 1544, l’empereur Charles Quint fait le siège devant Saint-Dizier. La ville résiste pendant six semaines et permet à François Ier de se porter à la rencontre des ennemis. À la suite de cet épisode, les habitants de Saint-Dizier acquer-ront le surnom de « Bragards » (braves gars).
Le Royaume de France se construit peu à peu. Après le duché de Bourgogne, la Franche-Comté est annexée un siècle plus tard, avant l’intégration de la Lorraine en 1766. Durant cette longue période, la Guerre de Cent ans, la Peste, les guerres de religions, dont le point de départ en France est le massacre de la grange de Wassy le 1er mars 1562, n’épargnent pas la Haute-Marne qui paie un lourd tribut. Il faut attendre le XVIIIe siècle pour retrouver un certain apaisement et le développement d’éco-nomies prospères.
Les départements français voient le jour durant la Révolution française, le 4 mars 1790. Le département méridional de la Champagne est désigné sous le nom de Haute-Marne par l’Assemblée constituante. Union composite de Champenois, Bourguignons, Lorrains et Francs-Comtois, la Haute-Marne réunit des peuples qui ont forgé son histoire singulière. Chaumont, par sa position centrale, est désignée chef-lieu. Saint-Dizier et Langres deviennent sous-préfec-tures.
La période napoléonienne voit la Haute-Marne jouer un rôle important avec la signature du Traité de Chaumont, le 1er mars 1814, traité d’alliance entre la Russie, l’Autriche, la Prusse et le Royaume-Uni qui scelle le destin de l’Empire.
Au milieu du XIXe siècle, Langres accueille la construction d’une citadelle militaire, la dernière à être construite selon les principes de Vauban. Cette citadelle joue un rôle central durant la guerre franco-prussienne de 1870 puisqu’elle ne sera jamais prise et ralentira l’avancée prussienne. La Haute-Marne est une fois encore une frontière française face à l’avancée de troupes ennemies, comme elle l’a été à plusieurs reprises dans l’Histoire, et le sera à nouveau durant la Première Guerre mondiale – le général Pershing installe son quartier général à Chaumont – et durant la Seconde Guerre mondiale puisque la ligne de démarcation longe le canal de la Marne à la Saône.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la Haute-Marne connaît une forte exposition médiatique et populaire à travers la figure du Général de Gaulle, héros français et futur président de la République. En 1934, Charles et Yvonne De Gaulle ont en effet acheté une demeure à Colombey-les-Deux-Églises, la Bois-serie, qui sera leur lieu de villégiature, et de retraite durant les années loin du pouvoir. C’est à la Boisserie que le Général de Gaulle écrit ses Mémoires de Guerre et Mémoires d’Espoir. Il y meurt en 1970. Un magnifique Mémorial Charles de Gaulle est inauguré en 2008 dans la commune où repose le Général, son épouse, leur fille Anne et leur fils Philippe.
Terre d’industrie prospère au long du XIXe siècle, notamment dans le secteur de la métallurgie avec Saint-Dizier et les vallées de la Marne et de la Blaise, la Haute-Marne a également une tradition coutelière à Langres.
Le département reste avant tout une terre agricole importante. Depuis le second XXe siècle, le département souffre d’une baisse démographique et d’une certaine fragilité économique, notamment due à la proximité avec de grands pôles d’attractivité voisins, tels que Dijon, Reims ou Nancy.
Faisant du renversement de la courbe démo-graphique et de la dynamique économique ses priorités absolues, le département de la Haute-Marne entend aujourd’hui retrouver une attractivité réelle et durable, notamment par ses investissements en matière de santé et d’accès aux soins.
Quelques figures de la Haute-Marne
Jeanne Mance

Née le 12 novembre 1606 à Langres en France, Jeanne est la fille du procureur du roi de France à Langres. À la mort de ses parents, elle doit s’occuper de ses onze frères et sœurs et devient infirmière. À la mort de ses parents, elle doit s’occuper de ses onze frères et sœurs et devient infirmière. À trente ans passés, elle se découvre la vocation religieuse et missionnaire et décide de partir pour la Nouvelle-France, le futur Québec. Là-bas, elle fonde et dirige l’Hôtel-Dieu. Se donnant sans compter durant plus de trente ans pour soigner les autochtones comme les colons, elle est considérée comme l’une des fondatrices de Montréal avec Paul Chomedey de Maisonneuve. Elle est fêtée le 18 juin, jour de sa mort en 1673.
Denis Diderot

© Domaine public
Né le 5 octobre 1713 à Langres, issu d’une famille bourgeoise qui le destine à la prêtrise, Denis Diderot ne tarde pas à s’imposer comme un esprit libre. Se tournant vers la littérature, il se lie d’amitié avec Jean-Jacques Rousseau. C’est le début d’une intense activité intellectuelle. Écrivain, philosophe, romancier, critique, Diderot embrasse les arts et les idées dans leurs plus larges acceptions. Il devient ainsi le père de l’Encyclopédie aux côtés de d’Alembert. Étonnamment peu connu de son vivant, Diderot connaît une gloire posthume à partir de la fin du XIXe siècle, à une époque de recul des religions et de regain d’intérêt pour les Lumières et la culture scientifique. Il meurt le 31 juillet 1784 à Paris. Même s’il ne revient que peu à Langres durant sa vie, la ville le célèbre encore aujourd’hui, et une statue de Diderot orne la place qui porte son nom.
Albin Michel et Ernest Flammarion
La Haute-Marne a vu naître deux des plus grands noms de l’édition française, Ernest Flammarion, né en 1846 à Montigny-le-Roi, et Albin Michel, né en 1873 à Bourmont. Ernest Flammarion fonde sa maison d’édition en 1876 avec la librairie Charles Marpon. Son premier succès, il le doit à l’ouvrage de son frère Camille, astronome, qui publie chez la jeune maison d’édition « L’Astro-nomie populaire », véritable best-seller. L’histoire des éditions Flammarion s’écrit ensuite avec le succès qu’on lui connaît.
Albin Michel, quant à lui, est le fils d’un ami d’Ernest Flammarion. Ce dernier lui donne sa chance comme vendeur dans sa librairie. Doté d’un sens commercial très aiguisé, il lance sa propre maison d’édition. Publiant Romain Rolland, Henri Barbusse, Pierre Benoit, il enchaîne les succès de librairie et s’impose dans le paysage éditorial. Sa maison obtient trois prix Goncourt de son vivant. Il meurt en 1943, laissant derrière lui une maison d’édition parmi les plus importantes en France.
Louise Michel

Née en 1830 dans le château de Vroncourt-la-Côte d’une union illégitime, Louise Michel y passe son enfance et sa jeunesse durant laquelle elle reçoit une éducation solide de la part des propriétaires du château, ses grands-parents de cœur. Son arrivée à Paris marque le début d’un engagement politique qui trouvera sa pleine expression durant la Commune de Paris en 1871. Elle en devient l’une des figures majeures. Arrêtée puis déportée en Nouvelle-Calédonie, elle y passe sept années. À son retour, elle se réclame du mouvement anarchiste et poursuit la défense des idées féministes jusqu’à sa mort en 1905. Son enterrement est suivi par des milliers de personnes qui célèbrent cette figure d’engagements et de combats.
Charles de Gaulle

Haut-Marnais d’adoption, le Général de Gaulle a profondément marqué l’histoire du département, et de Colombey-les-Deux-Églises en particulier. En achetant avec son épouse Yvonne La Boisserie en 1934, le colonel de Gaulle n’imaginait sans doute pas que ce lieu, transformé en musée après sa disparition, serait visité par des milliers d’admirateurs chaque année. La Boisserie, c’est le lieu du calme, du travail littéraire, de la réflexion, du retrait de la vie publique. C’est aussi le lieu du temps familial où il peut s’occuper de sa chère fille Anne. À Colombey, l’histoire de la Ve République s’est écrite. Lieu de repos de la famille de Gaulle, sous l’imposante Croix de Lorraine, la commune abrite depuis 2008 un très beau mémorial Charles de Gaulle retraçant la vie et le destin du héros du 18 juin 1940.
Lucie Decosse
Née le 6 août 1981 à Chaumont, Lucie Decosse est une judoka française. Championne du monde 2005, 2010 et 2011, vice-championne du monde 2007, quatre fois championne d’Europe, vice-championne olympique à Pékin en 2008, championne olympique à Londres en 2012, Lucie Decosse met un terme à sa carrière sportive le 30 août 2013. Elle détient l’un des plus importants palmarès de son sport.