Selon une récente étude, pour 8 Français sur 10, l’attachement au territoire contribue au lien social. Ainsi, donner à percevoir et à vivre les spécificités immatérielles d’un territoire, déclencher l’attachement par la découverte et l’appropriation de traditions, voilà autant de chantiers à ne pas ignorer en marketing territorial.
La publication récente (avril 2024) du 2ème baromètre du lien social, par Ipsos et Sopra-Steria, permet de se plonger dans ce qui aujourd’hui unit, ou non, les Français. Bien sûr, l’idée ici est d’envisager seulement en quoi les résultats de cette étude peuvent influer sur les stratégies d’attractivité. Notamment parce que j’ai pu déjà évoquer dans les enjeux d’attractivité, en février et avril derniers, l’émergence des notions d’attachement au territoire et de lien social, indispensables pour la réussite du marketing territorial. Car, une fois de plus, cette réussite ne peut pas se mesurer exclusivement en comptabilisant un nombre d’arrivées brut, mais bien en examinant, dans le temps, si les nouveaux venus, comme les nouveaux revenus, s’attachent et décident que, cette fois, ils se sentent bien, chez eux et veulent rester longtemps.
Premier enseignement de ce baromètre 2024 : « l’état du lien social est mieux perçu au niveau local qu’au niveau national : 67% des Français estiment que le lien social est bon là où ils vivent, alors qu’ils ne sont que 36% à estimer la même chose pour la France. Ce lien social semble se détériorer, tant au niveau national (78%) que local (57%). ». L’herbe ne serait donc pas plus verte ailleurs. Le local serait une sphère encore protégée, où le lien social aurait un sens.
Deuxième enseignement, voir l’illustration ci-dessous : « À la question, “Quels sont aujourd’hui les éléments qui rassemblent le plus les Français ?”, la gastronomie est la réponse qui arrive en tête avec 37 % (+1 point), suivie de près par le modèle de protection sociale, avec 32 %. ». Mais, il faut noter que viennent ensuite, et à égalité (28 % pour chacune des réponses), la langue française et les traditions. Les femmes placent ces traditions en 3ème place (27%), les 18-24 ans également (24%), comme les 55-64 ans (31%). Pour les 35-44 ans, les traditions sont en deuxième place (28%).
Troisième enseignement : « Pour 8 Français sur 10, l’attachement au territoire contribue au lien social (81 % en 2024, 82 % en 2023 – ndlr), et ce peu importe l’âge ou la catégorie socioprofessionnelle des répondants. Le lien social est bien vivant lorsqu’ils se croisent au café ou au restaurant, les lieux de vie demeurant l’élément contribuant le plus au lien social au niveau local (38%), juste devant les associations (35%, +4 points), les commerces (35%) et les activités culturelles et de loisir (35%). ».
J’évoquais, dans mon précédent billet (avril 2024), l’intérêt professionnel que nous aurions à construire des parcours d’intégration fondés, en partie, sur les pratiques sociales et les rituels locaux. Si l’on en croit ce baromètre, visiblement, faire découvrir et partager des « traditions » semblent bien être perçu comme un élément de construction de lien. Ce lien étant lui-même promesse d’unité.
Il ne s’agit pas, vous l’aurez déduit, de se replier sur un folklore quelquefois désuet et parfois un peu trop refermé sur lui-même, mais bien de donner à percevoir et à vivre les spécificités immatérielles d’un territoire. En tous les cas celles qui seront les preuves de vos argumentaires d’attractivité et celles qui rendront un territoire unique, séduisant, attachant et différent des autres (ce qui ne veut pas dire « supérieur »), car offrant une promesse de mode de vie exclusive et authentique. En somme, un territoire heureux – et ses habitants avec – d’accueillir et d’intégrer de nouvelles richesses, matérielles ou humaines.
L’intégralité de l’étude est à retrouver ici : https://www.ipsos.com/fr-fr/barometre-du-lien-social-quest-ce-qui-unit-les-francais-en-2024