D’ici à 2027, Veolia vise l’autonomie en énergie pour l’ensemble de ses services en France. Un immense défi environnemental pour le leader mondial du traitement de l’eau et des déchets. Explications de Jean-François Nogrette, Directeur de la Zone France et Déchets Spéciaux Europe.
Veolia s’est fixé un objectif extrêmement ambitieux d’autonomie énergétique dans les trois ans à venir. Pouvons-nous nous décrire les grandes lignes de cet objectifs ?
En 2027, tous nos services seront autonomes avec une énergie produite localement par le Groupe à partir de ressources issues de l’économie circulaire. Pour atteindre cet objectif, nous allons déployer toutes les marges de manœuvre de nos savoir-faire et de nos métiers.
En premier lieu, nous allons augmenter notre production d’énergie, une énergie 100 % locale, 80 % d’origine circulaire et 20% d’origine solaire. Nous allons déployer des panneaux photovoltaïques sur les sites qui le permettent, augmenter la production de biogaz à partir des déchets organiques et des boues des stations d’épuration, et renforcer la production d’énergie à partir de Combustibles Solides de Récupération produits issus de déchets non recyclables.
Nous produirons ainsi plus de 2 térawattheures (TWh) d’énergie pour couvrir intégralement l’équivalent de la consommation actuelle de nos services.
Être autonomes en énergie nécessite également des économies de consommation…
En effet, nous allons mutualiser nos flux au sein de la zone et ainsi nous serons les premiers à utiliser l’énergie que l’on produit. Nous sécurisons à la fois notre approvisionnement et nos dépenses énergétiques qui seront largement décorrélées de la volatilité des cours de l’énergie.
Par ailleurs, nous diminuerons nos consommations d’énergie, en remplaçant nos matériels les plus énergivores, en déployant les outils digitaux du Hubgrade et bien évidemment en nous appuyant largement sur la maîtrise et l’expérience opérationnelle de nos exploitants. C’est dans cet esprit que nous sommes engagés dans le dispositif EcoWatt conçu par RTE et l’Ademe.
Vous donnez une place très importante au biogaz. Est-ce, à vos yeux, l’énergie de demain ?
On estime qu’en France, nous pourrions réduire notre dépendance au gaz importé si nous produisions du biométhane à partir de tous nos déchets organiques agricoles et de nos ressources locales en eau. Veolia se mobilise afin d’augmenter la quantité de biogaz produite en France, notamment pour l’injecter dans le réseau de gaz. Nous avons développé une technologie membranaire pour purifier le biométhane extrait du biogaz.
Il reste beaucoup à faire pour développer l’infrastructure en France ! Le réseau de distribution de gaz devient progressivement un réseau de collecte de biométhane et nous avons encore beaucoup de potentiel. Sur le territoire, seulement 15 % des grandes stations d’épuration sont équipées de digesteurs qui produisent le biogaz, contre 100 % en Suisse… La réglementation française nous interdit de mélanger les boues provenant des stations d’épuration avec les déchets verts et alimentaires, là où d’autres pays européens autorisent cette pratique. Si c’était le cas, nous pourrions doubler la quantité produite dans les digesteurs déjà existants. Le plan biogaz de notre pays prévoit d’atteindre l’autonomie en 2050, nous devons accélérer !