Dans son discours, le Premier Ministre a dit vouloir « réarmer notre pays ». Mais contre qui le Gouvernement est-il en guerre ? Ce qui est sûr, c’est qu’il est prêt à laisser des femmes, des hommes et des enfants de côté pour paver les sentiers de sa gloire.
1 heure de discours, 1 mention de l’enfance. On ne cause donc plus de la « grande cause » du quinquennat ? L’ensemble du secteur et les Départements sont une fois de plus laissés seuls, et notre demande d’un « Plan Marshall » est balayée d’un revers de main. Suppression de l’ASS, l’Allocation de Solidarité Spécifique.
Une équation simple pour le Gouvernement : continuer à se délester d’allocation chômage qu’il. juge trop coûteuse pour la faire glisser vers le Revenu de Solidarité Active. Résultat : l’État affiche un chômage en baisse et fait augmenter mécaniquement le nombre d’allocataires du RSA que les Départements accompagnent, sans aucun moyen supplémentaire. En Gironde, ce seraient 4 000 personnes concernées par la suppression de l’ASS ce qui représenterait 26 millions d’euros de dépenses nouvelles pour la collectivité.
Éducation le « choc des savoirs » ? Nul doute que le manque d’enseignants ou la mixité sociale seront réglés en dotant les collégiens d’uniformes. A raison de 100 euros par élève, les Girondines et les Girondins devront payer 6,6 millions d’euros pour les 66.000 collégiennes et collégiens !
Généralisation du conditionnement du RSA à 15 heures d’activité « d’ici le 1 janvier 2025 ». Encore une fois, la culpabilisation des allocataires prend le pas sur le fond : l’accompagnement. Cette obsession pour la «valeur travail » évite le véritable sujet : la valeur du travail et la complexité des réalités de l’emploi.
Logement « un choc d’offre » pour « déverrouiller » le secteur… sans interlocuteur pour les services publics de l’habitat puisqu’aucun ministère de plein droit n’est nommé pour traiter le sujet. « Le logement d’abord », vraiment ?
Quid d’une Loi Autonomie ? Alors qu’il faut trouver 10 milliards d’euros de financements supplémentaires chaque année, aucune annonce n’a été faite pour un accompagnement digne de nos aînés.
Donc beaucoup de formules « chocs », sans doute en raison du bruit que font ces annonces en s’écrasant contre le mur du mépris qu’elles révèlent. Mépris de l’épaisseur humaine, mépris des territoires, mépris de la complexité des précarités.
Plutôt que de fuir le débat, travaillons à mieux partager la valeur, à mieux redistribuer vers celles et ceux qui en ont besoin et ainsi permettre à toutes et tous d’être socialement sécurisés, d’avoir l’assurance d’un revenu d’autonomie stable qui protège, à tout âge, de tomber sous le seuil de pauvreté.
Le Premier Ministre a prononcé plus de 20 fois le terme « sou-veraineté », tout en faisant des annonces qui négligent qu’elle « appartient au peuple », selon notre Constitution. C’est à nous qu’il revient de garantir la prévention et la réparation face aux aléas de la vie, la possibilité d’être acteurs des nécessaires transitions écologiques, et permettre la dignité et l’émancipation, partout.