Le président du département, Philippe Gouet revient pour nous sur les initiatives clés et les priorités de son territoire, pour un « 41 en bonne santé ! ».
Vous accueillez les 1ères Assises nationales de l’accès aux soins à Vendôme le 13 juin prochain. Pourquoi avoir voulu qu’elle se déroulent en Loir-et-Cher ?
Parce que c’est l’un des plus beaux départements de France bien entendu ! Plus sérieusement, la position géographique de Vendôme, à 42 minutes de Paris, et la cartographie médicale de notre département le rendent très représentatif de la situation de l’accès aux soins en France. Notre département, comme la grande majorité des départements, souffre d’un manque criant d’offre de soins malgré les efforts intenses des acteurs locaux. Le constat à l’échelon national est sans appel. Près de 90 % de notre pays peut être considéré comme un désert médical. Les professionnels de santé font cruellement défaut et les réponses apportées restent largement insuffisantes. En tant qu’ancien professionnel de santé et président de la commission santé de Départements de France, je suis particulièrement investi sur cette question de santé publique. La France qui occupait hier les premiers rangs en matière d’offre de santé est aujourd’hui reléguée bien loin derrière ses voisins européens. Il est urgent d’inverser la vapeur et de nous mobiliser.
Quels sont, selon vous, les chantiers prioritaires en matière d’accès aux soins ?
Difficile de répondre tant les urgences sont nombreuses ! Au risque de vous surprendre, je commencerai par la question de la prévention. À mes yeux, elle est un peu la mère des batailles, alors que le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale ne lui consacre que 2 % par an, contre 4 à 5 % chez nos voisins européens. Or, qui dit prévention, dit stratégie à long terme. Prévenir l’obésité des enfants, les troubles de la postures, mettre en place de bons comportements est une première garantie pour réduire le nombre de patients demain. Le second chantier concerne bien entendu la formation des professionnels de santé,
notamment en levant les freins et en ouvrant largement l’accès aux pratiques à des professionnels formés et bien encadrés. La création des Infirmières en Pratiques Avancées est une bonne chose, mais il faut aller plus loin et plus vite afin de garantir une juste et efficace répartition des actes. Troisième chantier : le rééquilibrage entre pratiques libérales et hospitalières. Un rééquilibrage qui nécessite une meilleure valorisation salariale et un meilleure reconnaissance des métiers de la santé. Enfin, en tant que président de département, je milite pour une plus grande autonomie des acteurs locaux qui connaissent leur territoire et ses besoins. Cela, cependant, ne sera possible que si l’État y met les moyens nécessaires et cesse de transférer des compétences sans contrepartie. La Santé a un coût et ne peut être l’objet d’une permanente recherche d’économies. Mon message est simple : donnez aux acteurs locaux les moyens et la liberté d’agir !
Votre département se montre particulièrement dynamique sur les questions de santé. Quelle est votre stratégie et les grands projets déployés ?
L’objectif est affiché : « Le 41 en bonne santé ! », du nom de notre ambitieux programme départemental, et la stratégie est claire : attirer ! Or, attirer des professionnels de santé commence par attirer des habitants. Le Loir-et-Cher, premier département touristique de la région centre val de Loire, dispose d’atouts remarquables, il suffit de penser aux châteaux de la Loire comme Chambord ou Chaumont-sur-Loire ou au Zoo de Beauval qui attire chaque année 1,5 millions de visiteurs. Ces atouts, il nous faut les mettre en valeur, et surtout, montrer que la qualité de vie est un ensemble de facteurs. Pour cela, nous nous appuyons sur notre agence d’attractivité qui fait un remarquable travail de prospection et de valorisation. A cela s’ajoutent des dispositifs bien concrets d’aides à l’installation, et en particulier à la primo-installation. Nous avons mis en place un système de bourses d’études, d’aides à la construction et à la rénovation… Je milite également pour la qualité des outils mis à disposition des professionnels et des patients. Nous avons ainsi mis en place un fonds pour l’investissement matériel, afin de proposer des plateaux techniques de haute qualité. Cette exigence concerne également la télémédecine en plein essor mais qui doit être encadrée. La télémédecine n’a de sens que sous la responsabilité d’un professionnel formé et en lien direct avec un médecin. En matière de santé, aucun détail ne doit être laissé au hasard, depuis la prévention et la formation, jusqu’au suivi post soin. C’est cette exigence qui garantira un accès aux soins plus équitable, et plus qualitatif.