Pour contribuer au développement durable et soutenir les économies de leur territoire, de plus en plus de consommateurs privilégient les produits du cru dans leurs achats alimentaires, surtout dans des régions comme la Bretagne et l’Alsace.
D’après une enquête Ipsos pour « Bienvenue à la ferme » en 2014, 80 % des consommateurs disent acheter des produits locaux.
69 % déclarent en acheter plus qu’avant et 59 % affichent leur intention d’en acheter plus.
Chiffre encore plus marquant, 97 % des Français plébiscitent les achats près de chez eux pour aider les producteurs. Faire marcher l’économie locale est leur principale motivation en adéquation avec leur envie de vrai : 81 % éprouvent un besoin de retour à la nature et aux choses essentielles, 28 % veulent favoriser l’économie et l’emploi là où ils habitent, 25 % se disent être plus rassurés sur l’origine des produits et 23 % les privilégient pour leur goût.
Plus une région cultive son identité culturelle, plus la consommation de produits locaux augmente
Après la Covid-19, près de 50 % des Français avouent qu’ils ont ou qu’ils sont en train de changer leurs habitudes alimentaires.
Selon la Fondation Jean-Jaurès, à l’origine d’une étude parue fin janvier 2023, l’attente de produits bio est plus forte chez les seniors et les plus aisés, les produits « sans » chez les femmes, le vrac chez les ruraux.
Le local, lui, transcende toutes les catégories de consommateurs.
« Quels que soient le sexe, l’âge, la catégorie socio-professionnelle ou l’endroit où l’on vit, l’attente d’une proposition locale plus étoffée est élevée ».
Les fortes identités territoriales poussent à une consommation de proximité. Si vous achetez et mangez local, comme vos voisins de territoire, il est probable que vous viviez en Bretagne ou en Alsace.
Dans ces régions, à forts marqueurs culturels, le civisme prime, le produit local rassure, sa perception qualité est forte.
On veut agir pour son terroir. Mais ces régions ont su activer le sentiment local avec des marques au nom de leur région ou des réseaux comme « Produit en Bretagne ».
Des terroirs, comme la Provence, malgré leurs traditions gastronomiques, se montrent moins performants.
Les 31 bassins de consommation français mériteraient pourtant d’être valorisés : manger local est devenu tendance.
Le hic, pour un Français sur deux, c’est le prix
Les produits locaux sont 10 % à 15 % plus chers que le prix moyen. 62 % des consommateurs renforceraient leur instinct locavore sur la base de prix accessibles. Or, l’augmentation des coûts de l’énergie devrait les rendre plus compétitifs. Car nous « mangeons de l’énergie : celle des engrais, des tracteurs, des camions, des usines, des chambres froides, etc. », relève la Fondation Jean Jaurès. La part du transport se renforcera lourdement dans la valeur des marchandises. Des industriels envisagent même un redéploiement de leur production sur les territoires.
L’avenir sera donc à la relocalisation et le circuit court aura une côte bondissante auprès de consommateurs conscients de l’impact du transport sur le climat.
Selon Opinion Way, 39 % d’entre eux attendent une plus grande collaboration des sites commerçants avec les producteurs locaux. Les grandes surfaces se sont emparées de ce marqueur. Elles développent leurs rayons locaux en insistant sur l’origine des produits. Avec cette stratégie, les Pyrénées Atlantique, par exemple, qui comprend le Pays basque, rejoignent le palmarès de la consommation locale.
Béatrice Mingam
Journaliste à Lorient (Morbihan)