Matthieu Wildhaber est un architecte du discours. Détenteur d’une solide formation universitaire, il s’est également formé en France et en Belgique pour comprendre les discours au travers des cultures. Fondateur d’un cabinet de conseil en rhétorique et communication publique, il conseille aujourd’hui les partis politiques et les entreprises aux techniques oratoires qui mettent les foules en mouvement. Chaque année, il transmet sa passion au monde estudiantin, en tant que chargé de cours en art oratoire et en relations publiques.
Vous venez d’obtenir un poste qui vous expose en public. Vous prenez la parole et rédigez des messages largement diffusés. Soudain, vous recevez des critiques virulentes. Que faire ?
Tout d’abord, la critique n’est pas un avis. Dans le dictionnaire, la critique fera référence à la notion d’examen. Lorsqu’il y a une critique, il y a naturellement une posture d’examinateur et d’examiné. Dans cette construction hiérarchisée, la moindre étincelle peut déclencher un incendie non désiré et incontrôlé.
Pour aider les profils publics à gérer la critique, j’ai mis sur pied un concept. Il porte un nom :
– Le peigne à critique.
Ce peigne propose un questionnement en trois temps face à la critique. Un questionnement pour passer les critiques au peigne fin.
1. L’émetteur de la critique a-t-il un niveau de compétence équivalent ou supérieur au mien ?
Rappelez-vous, la critique est un examen. S’il y a examen, il doit y avoir compétence. Les critiques gastronomiques ont un palais expérimenté. Les critiques de film ont dévoré des heures de pellicule. Si la personne qui vous critique n’a aucune expérience dans votre domaine, n’y prêtez aucune attention.
Comment évaluer la compétence d’une personne ? Vous devez questionner son parcours. S’il y a des faits qui se rapprochent de votre expérience ou des accomplissements qui attestent d’une compétence, prenez-les en compte.
2. Le mode opératoire est-il acceptable ?
Si critique il y a, elle doit être faite dans les formes. Ne gaspillez pas une seconde face à une critique irrespectueuse, injurieuse ou blessante. C’est une règle importante ; la mauvaise herbe ne s’arrose pas. Une nuance est à apporter dans le cadre de la communication publique. Plus la personnalité qui communique est connue, plus elle doit accepter une tolérance face à la virulence. C’est la rançon du pouvoir.
3. Quelle est la finalité de la critique ?
L’émetteur de la critique a-t-il l’intention de vous faire grandir ? Ou a-t-il simplement l’intention de briller dans votre lumière en ramassant les miettes de votre savoir ? Souvent, la critique est un moyen d’exister. Non pas un moyen de faire grandir.
Ces trois questions (coups de peigne) vous permettront de filtrer les critiques. Difficile au début, mais salvateur sur le long terme.
Mettons-nous dans la peau d’une personnalité politique qui possède une expérience telle, que rares sont ceux qui partagent un même niveau de compétence (par exemple, un Président d’un état). Faut-il mettre toutes les critiques à la poubelle parce que personne n’a un niveau de compétence similaire ? Non.
Il faut trier. Un rôle politique est un rôle de représentation. Il faut être capable de représenter l’industrie, l’écologie, l’agriculture, etc. L’omniscience n’existant pas, il faut s’assurer d’être à l’écoute des critiques dans chacun de ces tiroirs pour les représenter au plus proche de leur réalité.
Et face à une personne compétente, respectueuse et bien intentionnée, dites MERCI. Vous grandirez.