Troisième département le plus peuplé de France, ayant pour chef-lieu l’incomparable Marseille, les Bouches-du-Rhône ont une importance toute particulière dans l’équilibre territorial français. Cette importance, le département la puise, notamment, dans une histoire marquée par des périodes de grand dynamisme économique et culturel et des siècles de conflits et d’invasion pour la conquête de ce carrefour méditerranéen et européen.
Carte du département des Bouches-du-Rhône
Repères historiques
Si le département des Bouches-du-Rhône voit officiellement le jour en 1790, l’histoire de ce territoire est intimement liée à celle de l’Antiquité, à l’exemple de Marseille, plus ancienne ville de France, fondée au VII siècle avant J.-C par des marins et des marchands grecs. Deuxième plus grande ville française, Marseille est aujourd’hui encore le premier port français dont l’influence sur le bassin méditerranéen reste prédominante.
Par son poids démographique et son importance économique, Marseille s’est imposée comme la principale ville des Bouches-du-Rhône. Le territoire s’appuie cependant sur plusieurs cités majeures comme Aix, Istres, Arles, ainsi que sur une partie de la Provence, elle aussi très influencée par la culture grecque puis romaine. Il n’est qu’à voir, aujourd’hui encore le nombre de vestiges de voies, d’ouvrages et de bâtiments antiques pour mesurer cette influence sur l’identité provençale.
Après cette période antique synonyme d’épanouissement et de rayonnement, la période médiévale est marquée par des guerres quasi continues, les invasions barbares dans la vallée du Rhône, et par l’influence des dynasties comme celle des comtes de Provence et des Ducs d’Anjou dont le château de Tarascon exprime la puissance et le rôle historique dans la région.
L’époque classique est certainement l’une des plus dures de l’histoire du territoire puisqu’après deux vagues de pestes qui décimèrent la population, Marseille entre en conflit ouvert avec Louis XIV qui réprime la rébellion, avant de soumettre la cité phocéenne.
La Provence prend une part active au mouvement qui allait mener à la Révolution française. Les feux s’allument un peu partout et des figures révolutionnaires de premier plan émergent, à l’image de Mirabeau, originaire d’Aix. C’est en plein cœur de la Révolution, le 4 mars 1790 qu’est créé le département des Bouches-du-Rhône, constitué, autour du bassin marseillais, d’une partie de la province de Provence et de quelques principautés. Le chef-lieu originel du nouveau département est Aix qui abritait alors le parlement de Provence. Dès 1800, pourtant, Marseille est désigné comme chef-lieu, Aix devenant sous-préfecture des Bouches-du-Rhône aux côtés d’Arles et d’Istres.
L’ère moderne et industrielle voit la surface et l’influence économique de Marseille se renforcer, en gagnant progressivement sur le nord du littoral vers l’étang de Berre et Fos-sur-Mer. Le Second Empire et la troisième République constituent le début d’un renouveau économique pour un territoire en proie aux guerres, aux épidémies et aux divisions depuis le début du Moyen-Âge. Ce regain économique s’accompagne, au tournant du XX siècle, d’un dynamisme culturel incarné par des figures comme Frédéric Mistral, Paul Cézanne ou Marcel Pagnol.
Le XX siècle est aussi celui des idéologies politiques. Les Bouches-du-Rhône sont le théâtre de fortes luttes politiques et territoriales, ainsi que de figures particulièrement marquantes à l’image de Gaston Defferre et Jean-Claude Gaudin, tous deux maires de Marseille durant plusieurs décennies.
Le début des années 2000 voit l’ouverture des Bouches-du-Rhône sur le reste du pays avec l’arrivée du TGV qui a joué un rôle très important pour l’attractivité du département, la restructuration architecturale de Marseille, ou la création de la Métropole Aix-Marseille-Provence.
Le département des Bouches-du-Rhône est aujourd’hui le troisième département le plus peuplé de France avec près de 2 millions d’habitants. Plus de 80 % de la population habite dans l’aire urbaine de Marseille et plus de 40 % dans la ville de Marseille. La densité des Bouches-du-Rhône est trois fois et demie supérieure à la moyenne nationale.
Le département compte 119 communes regroupées en quatre intercommunalités dont la métropole Aix-Marseille-Provence qui regroupe 92 communes, soit 93 % de la population du département.
Quelques figures des Bouches-du-Rhône
René d’Anjou
De prime abord, le lien entre les Bouches-du-Rhône et René d’Anjou, dit le Bon Roi René n’est pas une évidence ! Et pourtant, le lien entre la Provence et ce grand seigneur médiéval est tout particulier. Né à Angers en 1409, en pleine Guerre de cent ans, René devient, au gré des conflits, des successions et des alliances, notamment Roi de Naples, Duc d’Anjou, comte de Provence.
À l’origine de la restauration du château de Tarascon, il participe au développement d’Aix-en-Provence et de Tarascon, notamment sur le plan culturel puisqu’il est à la fois poète, bibliophile et grand mécène artistique. Sa cour intellectuelle et scientifique provençale est renommée et permet une respiration culturelle bienvenue dans un territoire qui, depuis le début du Moyen-Âge, n’est pas épargné par les guerres et les privations.
Le Bon Roi René meurt le 10 juillet 1480 à Aix-en-Provence, laissant l’image d’un homme de grande culture impliqué dans le développement de la Provence, notamment en matière d’aménagement du territoire.
Frédéric Mistral
Né et mort dans le village de Maillane (1830 – 1914), Frédéric Mistral est l’un des grands ambassadeurs de la Provence et de la langue provençale. Écrivain et lexicographe, il travaille toute sa vie à mettre en valeur la langue d’Oc.
Il reçoit en 1904 le Prix Nobel de littérature pour son œuvre Mirèio, écrite en provençal et traduite en plus de quinze langues. Chantre de l’indépendance de la Provence, figure très populaire à son époque, son œuvre fait l’admiration des grands noms de la littérature et des arts de son époque, dont Lamartine que le jeune Mistral portait aux nues. Classée monument historique en 1933, sa demeure à Maillane, est devenue le Musée Frédéric Mistral.
Frédéric Mistral est à l’origine du Museon Arlaten, propriété du Département des Bouches-du-Rhône, dédié à la culture provençale d’hier et d’aujourd’hui. Écrin de la culture provençale que le Département a entièrement rénové, le Museon Arlaten rassemble plus de 40 000 objets et documents qui racontent la vie quotidienne des habitants de la Provence de la fin du 18 siècle à nos jours. Un hommage mérité au travail inlassable de Frédéric Mistral pour défendre l’identité, ou plutôt les identités provençales.
Raymonde Tillon
Figure majeure de la Résistance, et de la gauche, la vie de Raymonde Tillon ressemble à celle d’une héroïne de roman. Après avoir grandi dans un orphelinat catholique dont elle s’est enfuie, elle milite activement pour le Front Populaire avant de s’engager pour soutenir les Républicains espagnols en pleine guerre civile. Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, elle entre en résistance. Dénoncée, elle est arrêtée le 31 mars 1941, et est condamnée à vingt ans de travaux forcés par le tribunal maritime de Toulon.
Déportée en 1944 à Ravensbrück, elle organise une opération de sabotage avant de s’évader en 1945 et de regagner Marseille. Élue Conseillère générale du 6 canton des Bouches-du-Rhône, puis députée de la 1re circonscription des Bouches-du-Rhône le 21 octobre 1945, elle est l’une des « 33 pionnières » à siéger à l’Assemblée nationale. Figure de l’engagement et de l’héroïsme résistant, Raymonde Tillon est morte le 17 juillet 2016, à Paris, à l’âge de 100 ans.
Marcel Pagnol
« Je suis né dans la ville d’Aubagne, sous le Garlaban couronné de chèvres, au temps des derniers chevriers ». Fils d’un père instituteur et d’une couturière, les célèbres Joseph et Augustine de La Gloire de mon Père et du Château de ma Mère, Marcel Pagnol présente rapidement des aptitudes qui le mènent au lycée Thiers de Marseille, et à l’Université d’Aix.
Nommé professeur-adjoint au lycée Condorcet à Paris, il écrit pour le théâtre. L’immense succès de Topaze, puis de Marius, lui ouvre les portes du cinéma. Débute pour lui une vie de cinéaste couronnée de réussites et de films aussi cultes que César, Le Schpountz, La Fille du puisatier, Manon des sources, ou encore Regain et La Femme du Boulanger tirés des œuvres de Jean Giono.
Reçu le 27 mars 1947 à l’Académie Française, il entame à partir de 1957 la rédaction romanesque de ses souvenirs d’enfance et de jeunesse. Immense artiste, Marcel Pagnol laisse une œuvre d’une grande richesse, diffusée dans le monde entier. Ayant su à la fois capter l’âme de la Provence et saisir l’universel à travers ses portraits, Pagnol est un auteur et un cinéaste majeur du XX siècle. Grand officier de la Légion d’Honneur et Commandeur des Arts et des Lettres, Pagnol meurt le 18 avril 1974 et repose au cimetière de la Treille à Marseille.