Est-ce bien nécessaire, Monsieur le Ministre ?,
par Jean-Pierre JOUYET
« Est-ce bien nécessaire, monsieur le ministre ? ». Combien de fois Jean-Pierre Jouyet a-t-il entendu cette question posée à un responsable politique qui s’était mis en tête d’entreprendre une réforme audacieuse ? Devenu ministre, il s’est trouvé lui-même confronté à cette interpellation aussi courtoise qu’ironique… Vraie fausse simplification administrative, absurdité de la digitalisation à outrance, maquis territorial, maires en guerre contre les ministères parisiens… l’auteur connaît parfaitement les rouages de l’État et perçoit aujourd’hui mieux que quiconque les racines de l’immobilisme français qu’il décrit avec la liberté de ton qui le caractérise.
Fort de sa riche expérience, cet ouvrage est nourri d’anecdotes, d’exemples vécus et parfois de confidences inattendues. Ce livre montre à quel point les réformes tournent vite chez nous au psychodrame national !
Entre critique et autocritique, ce récit nous invite à rompre d’urgence avec une maladie française qui a la vie dure : une résignation désormais au-dessus de nos moyens.
De Gaulle, une vie – Tome I, par Jean-Luc BARRÉ
L’auteur s’est fondé en grande partie sur les archives du Général, qu’il a été le premier historien à pouvoir exploiter et sur quantité d’écrits inédits tirés de sa correspondance ou exhumés des manuscrits de ses Mémoires. Il s’est appuyé également sur des fonds d’archives publics ou privés en France et à l’étranger, dont certains accessibles depuis peu. Un salutaire retour aux sources.
Loin de tout esprit hagiographique, Jean-Luc Barré s’est attaché à saisir l’homme du 18 juin dans toute sa complexité. Il n’occulte rien de ses aspects les plus contestables. En privilégiant une approche critique et équilibrée, il bouscule bien des contrevérités ou idées toutes faites sur sa vision de l’Histoire, de la France, de l’Europe et du monde, sa conception de l’État, des institutions, de l’exercice du pouvoir, de l’action politique, sociale et économique, de ses choix diplomatiques.
Il révèle ainsi un de Gaulle guidé très tôt et avant même son entrée dans l’histoire par une vision, des principes et des convictions qui expliquent la cohérence de sa politique et n’ont rien à voir avec le seul pragmatisme qu’on lui a prêté. Il montre ainsi comment le Général eut, dès les années 30, l’intuition de la fin du système colonial, comment il Inventa les institutions de la Cinquième république en 1941 ; en quoi il fut dès cette époque un européen conscient des limites du nationalisme ; et ce qui fit de lui, réputé de droite, un contempteur souvent féroce des valeurs bourgeoises et du monde de l’argent.
On trouvera aussi dans ce premier volume des éléments nouveaux sur la part déterminante que son apprentissage du théâtre a joué dans l’élaboration de son personnage et son sens de la communication ; sur la véritable tragédie personnelle que représenta pour lui sa longue période de captivité durant la Grande Guerre, tournant majeur de son existence qui marque la fin prématurée de ses rêves de soldat et la naissance de l’homme d’État ; sur sa conversion de monarchiste en républicain de raison; sur ses relations avec Pétain, la résistance et les communistes ; son rôle dans l’assassinat de l’amiral Darlan ; son affrontement avec l’administration américaine; sa vision révolutionnaire d’un nouveau modèle de civilisation… Sa vie familiale, conjugale et sentimentale est ici traitée comme elle ne l’a jamais été auparavant, ainsi que ses relations avec les écrivains et intellectuels de son temps.
Ce premier tome a d’ores et déjà reçu le prix Renaudot de l’essai 2023.
Marescot, le Vauban de Napoléon, par Gérard ERMISSE
Surnommé le Vauban de Napoléon, Marescot fut, de 1800 à 1808 – date de sa chute spectaculaire – un lointain successeur du maréchal de Louis XIV, comme lui à la tête du Génie et des fortifications. Il a contribué à nombre des célèbres victoires de son chef, mais dans l’ombre. Il est aussi le grand « fortificateur » de l’Empire français.
Au sommet de la hiérarchie militaire et de la haute société impériale, il est un des supports du trône, sans être un proche de Napoléon. Mais rendu coupable de la catastrophe de Baylen en 1808, il est dégradé, humilié et paye sa prétendue faute de quatre ans de prison sans jugement. Après la chute de Napoléon, il entame une carrière de libéral et devient pair de France sous la Restauration, jusqu’à sa mort en 1832.
Une telle existence chahutée, dramatiquement romantique, illustre ce que fut la vie de tant de jeunes officiers depuis les Lumières jusqu’aux premiers moments du « roi bourgeois » Louis-Philippe. Une époque terrible. L’Histoire roulait alors un train d’enfer. C’est aussi un des intérêts de cette biographie singulière de l’historien Gérard Ermisse, Conservatoire général honoraire du Patrimoine, que d’éclairer ce moment si particulier de notre histoire.
Nos meilleures années, par Pierre MOSCOVICI
Dans ce récit très personnel, Pierre Moscovici évoque pour la première fois son parcours, depuis sa jeunesse de fils d’intellectuels juifs blessés par la tragédie de la guerre jusqu’aux secrets et aux tourments du pouvoir. Plus largement, il retrace l’itinéraire d’une génération qui, pendant quarante ans, a participé au combat politique, au gouvernement de la France et à la construction de l’Europe.
Sans accabler ni ménager quiconque, il dresse le portrait saisissant des personnalités qu’il a côtoyées, parmi lesquelles Dominique Strauss-Kahn, Lionel Jospin, Jacques Chirac ou François Hollande. Où l’on découvre, au fil des pages, comment un jeune homme que rien ne prédestinait à la politique évolue au coeur de l’État et de ses institutions. On y trouve également un témoignage inédit sur l’histoire récente de la gauche et de notre pays, plongé aujourd’hui dans une profonde crise démocratique.
Dans les châteaux de la République, par Fabien OPPERMANN
Qui sait ce qui se trame dans les châteaux de la République, cachés par les arbres et de hauts murs, équipés de caméras, où présidents, ministres, diplomates, parlementaires, conseillers, grands patrons, amis et familles se retrouvent, échangent ou se reposent à l’abri des regards… Loger à Versailles pour les hôtes officiels du général de Gaulle, chasser à Rambouillet pour les invités de Valéry Giscard d’Estaing, admirer la vue du fort de Brégançon pour ceux de Georges Pompidou, monter à cheval à Souzy-la-Briche pour la fille de François Mitterrand…
Nicolas Sarkozy et François Hollande, eux, préfèrent passer leurs week-ends à la Lanterne, tandis que les chefs d’État africains apprécient le charme si discret du château de Champs-sur-Marne. Les principaux intéressés ne s’épanchent pas sur ces lieux privilégiés, et le mystère règne sur ce qu’il s’y passe.
A l’appui d’archives inédites et de nombreux témoignages, Fabien Oppermann nous ouvre les portes de ces châteaux, palais, résidences d’été, pavillons de chasse et belles demeures où se distraient nos présidents et leurs invités et où se nouent des intrigues.
Entre politique, diplomatie et famille, l’histoire des résidences secondaires de la République est aussi celle des pratiques du pouvoir.