Dans ce nouveau travail collectif, le Cercle des acteurs territoriaux fondé par Hugues Perinel a voulu relativiser et envisager l’IA non comme une fatalité inquiétante mais plutôt comme une étape technologique, un « raisonnement artificiel » tout en nous incitant à la plus grande vigilance.
Car comme le dit le philosophe Thierry Ménissier : « Le problème n’est pas tant la technologie que la société qui l’utilise.» La question n’est donc pas comme on l’entend dans certains débats stériles de savoir si l’on est pour ou contre l’intelligence artificielle, enfermement binaire d’une question complexe.
L’IA est partout, partout dans notre quotidien, partout dans nos vies sans même en avoir toujours conscience, et n’ayons aucun doute sur le fait que la plupart des agents de nos organisations l’utilise quotidiennement. La question est plutôt de ne pas se faire emporter par le « raz-de-marée métaphysique » sous lequel elle est parfois présentée, un raz de marée qui le plus souvent se polarise plus sur la menace que sur l’opportunité, qui nous écarte de notre bon sens tant nous avons besoin de fictions pour mobiliser nos émotions.
Et cela concerne tout particulièrement nos administrations
La plupart de nos organisations départementales ont la conviction ou l’intuition diffuse – selon leur degré d’acculturation au sujet – que les systèmes d’IA, loin d’être un effet de mode, structureront de façon croissante leur fonctionnement à l’avenir, comme ce fut le cas de l’informatisation puis de la généralisation d’Internet.
Fortes de ce constat, il va leur falloir « Agir aussi vite que possible, mais aussi lentement que nécessaire ». Appliqué à nos organisations, cette formule (1) leur suggère non pas d’attendre le moment d’agir, mais de le créer. Plus facile à dire qu’à faire, tant nous sommes tous « le nez dans le guidon » et pourtant si personne, élus comme directions générales n’impulse une indispensable prise de conscience collective, beaucoup de collectivités risquent de le regretter amèrement.
Akim Oural (3) lors d’une récente intervention devant le Cercle des Acteurs Territoriaux, nous a proposé de commencer par nous poser 2 questions : quelle est la place de l’intelligence artificielle dans nos stratégies territoriales ?
Et de quelle manière prendre le meilleur de l’IA dans nos organisations, sans avoir à subir mais plutôt à adapter? En nous posant collectivement ces questions, nous avons dégagé 8 axes de réponses et d’action.
8 axes de réponses et d’actions.
Considérer l’IA comme un outil à notre service, au service de l’action publique, et l’intégrer dans une vision stratégique pilotée par la direction générale font partie de ces 8 axes de réponse. Mais cela ne peut se faire sans une réflexion et un travail collectif sur les besoins et les usages ni un accompagnement, une sensibilisation et une formation des équipes. Une acculturation qui concerne au premier plan les managers et les élus qui se doivent d’impulser une indispensable prise de conscience collective, au risque de le regretter amèrement dans un futur proche.
Outre le fait que « l’outil ne doit pas s’installer dans une absence de pensée » (2) , nous avons voulu intégrer des points de vigilance sur le cadre légal obligatoire mais aussi sur votre responsabilité en interne vis-à-vis de vos collaborateurs, quelles limites leur donner, mais aussi envers ceux auprès de qui vous contractualisez.
Comment assurer une protection adéquate des données avant / pendant l’utilisation d’une solution d’IA nous est apparu également un enjeu de taille.
Le livre blanc est en ligne sur https://www.lecercledesacteursterritoriaux.fr/
1.Président de la Confédération Suisse
2.Véronique Robitaillie au congrès 2023 ANDCDG
3.Ancien élu de Lille en charge de la ville numérique et conseiller
métropolitain, ancien président d’Open data France, auteur d’un rapport remis au gouvernement « Politiques numériques territoriales et gouvernance »