Diplomatie de combats, par Jean-Maurice RIPERT
L’ancien ambassadeur révèle ce qu’est une diplomatie exigeante, par un serviteur de l’État qui durant quarante ans a porté avec fermeté la voix de la France, dans des environnements parfois hostiles. Ses derniers postes, en Russie et en Chine, donnent une acuité remarquable à son analyse de la période troublée à laquelle le monde se trouve confronté. Ces récits mémoires sont un témoignage rare qui offre une véritable histoire de la diplomatie française du dernier demi-siècle, par un diplomate engagé, qui a notamment servi aux cabinets de Michel Rocard, Bernard Kouchner et Lionel Jospin avant de devenir ambassadeur en Russie puis en Chine, à l’épicentre des crises actuelles. Ecrits d’une plume alerte, ils sont riches en enseignements sur la prise de décision politique et la conduite des grandes négociations récentes dont l’auteur a été un acteur prépondérant tout en dressant des portraits vifs de nombreux contemporains, tels ceux de Bill Clinton, Recep Tayyip Erdogan ou encore Vladimir Poutine et Xi Jinping.
Louis de Funès, la traversée du siècle, par Mathieu GEAGEA
Quantité de films dans lesquels Louis de Funès a tourné, qu’il occupe un simple second rôle ou le rôle principal, s’inscrivent dans leur époque et illustrent une certaine vision de la réalité du moment. En trente-huit ans de carrière, l’acteur a joué dans dix-huit pièces de théâtre et tourné 157 films dont quarante-cinq dont il occupa le premier rôle. Sept de ces films se classèrent premier dans le box-office lors de l’année de leur sortie en salle, ce qu’aucun autre comédien français ne peut revendiquer.
Près de quarante ans après sa disparition, sur les cent plus grands succès du cinéma français, quatorze sont des films ayant Louis de Funès pour interprète. Là encore, aucun autre acteur ne peut se prévaloir d’une telle performance.
Par-delà la destinée, la flamboyante carrière et l’héritage artistique du comédien Louis de Funès, un parallèle peut s’établir entre la vie et la filmographie de ce grand acteur et la chronologie des événements du siècle dernier.
Contrairement à ce que beaucoup de critiques et cinéphiles ont longtemps pensé, les rôles endossés par le comédien ont très souvent épousé les modes liées à un contexte social, culturel, économique ou politique. La personnalité de Louis de Funès, à la fois conservatrice et lucide sur le monde qui évolue, permet de mieux éclairer ses choix artistiques.
Ma cinquième, par Michèle COTTA
Après celle de sa consoeur Catherine Nay, les Mémoires politique de Michèle Cotta, témoin de premier plan de l’histoire de la Cinquième République de 1958 à nos jours étaient très attendues. Ce premier volume couvre la période De Gaulle, Pompidou et Giscard jusqu’à l’élection de François Mitterrand. Née dans la politique, Michèle Cotta y a grandi, vécu, avec la soif permanente de l’événement et la curiosité inlassable d’approcher ses principaux protagonistes.
C’est à vingt ans, le 13 mai 1958, jour du retour au pouvoir du général de Gaulle, que, stagiaire à l’Institut français de presse et se trouvant par hasard sur les bancs des journalistes à l’Assemblée nationale, elle est plongée d’un coup au coeur d’une actualité qui se confond avec la grande Histoire. Peu après, recrutée par le service politique de L’Express, Michèle Cotta deviendra familière de tous les acteurs de la vie politique, gaullistes ou pas, et plutôt de gauche.
Leurs vies, leurs itinéraires politiques surtout, la passionnent et l’intriguent.
De 1965 et la première élection présidentielle au suffrage universel du général de Gaulle à 1981 et l’accession au pouvoir de Mitterrand, elle couvre dans ce premier volume tous les grands événements qui marquèrent les débuts de la Ve République : Mai 68, le référendum en 1969, les coulisses de la succession de Georges Pompidou, la relation Giscard-Chirac… Ce qui la fascine chez les hommes politiques, avoue-t-elle, ce sont les fausses confidences, destinées à être répétées, les vraies, obtenues au moment où on ne s’y attend pas, les chemins suivis pour vaincre, les erreurs commises, les détours, les impasses.
Les tourments de chacun, ses petits et grands secrets.
Leur humanité, en bref, dont la grande observatrice qu’est Michèle Cotta nous livre des moments essentiels dans cette histoire personnelle et savoureuse de la Ve République, foisonnante de révélations, d’anecdotes, de choses vues et entendues.
Rendre le pouvoir, par Yves-Marie PÉRÉON
L’histoire des anciens présidents américains montre qu’en démocratie, rendre le pouvoir n’est guère moins important que le prendre ou l’exercer : c’est un acte indispensable à la continuité des institutions. Lorsque Donald Trump refuse de quitter la Maison-Blanche et tourne le dos à l’histoire de son pays, il fait peser une menace sur la démocratie américaine. La tradition de transfert ordonné du pouvoir trouve ses origines dans la figure de George Washington qui, en choisissant de se retirer volontairement au terme de son second mandat, instaura un précèdent.
Parmi ses successeurs, seul Franklin D. Roosevelt passa plus de huit ans à la tête de l’exécutif (1933-1945) ; en vigueur depuis 1951, le vingt-deuxième amendement interdit désormais d’effectuer plus de deux mandats. Le retrait de Washington donna également naissance à la figure de l’ancien président, dont les contours se sont dessinés au fil du temps : après son discours d’adieu, il doit se dessaisir de ses archives, publier ses mémoires, laisser gouverner ses successeurs et répondre favorablement à leurs sollicitations quand il faut manifester l’unité de la nation. Certains anciens présidents s’illustrèrent par une retraite longue et féconde : John Quincy Adams combattit l’esclavage à la Chambre des représentants; William Howard Taft présida la Cour suprême de 1921 à 1930 ; Jimmy Carter s’engagea dans l’action humanitaire après sa défaite de 1980.
En refusant de rendre le pouvoir sans y être contraint, Donald Trump a bouleversé tous les précédents et rompu avec une tradition politique américaine vieille de plus de deux siècles. Yves-Marie Péréon a choisi de se cibler sur un thème plutôt méconnu dans son ouvrage, à savoir les activités des anciens présidents qui n’apparaissent pas forcément des les biographies classiques des impétrants.
C’était Georges, mon père, par Alain POMPIDOU
Alain Pompidou prend une nouvelle fois la plume pour raconter l’histoire de ses parents.
Après un ouvrage consacré à Claude Pompidou il y a quelques années, c’est aujourd’hui sur son père qu’Alain Pompidou a souhaité écrire. L’ancien président de la République raconté comme jamais.
En 1989, Pierre Messmer se demandait ce qu’un jeune Parisien répondrait à la question : » Pour vous, que signifie le nom de Georges Pompidou ? » Il imaginait qu’on évoquerait, la plupart du temps, Beaubourg et les voies sur berge.
Le jeune Parisien d’aujourd’hui ne donnerait sans doute pas une réponse très différente. Ses parents se souviendraient peut-être de l’affaire Markovic ou de son travail à la banque Rothschild. Ses grands-parents se rappelleraient mai 1968 et les accords de Grenelle. Pourtant, l’existence des Français est encore imprégnée de son action : la mensualisation des salaires, c’est lui ; le SMIC, c’est encore lui ; l’élargissement du congé maternité à toutes les salariées, c’est toujours lui. Président sensible et mesuré, loin du froid banquier parisien dépeint par ses opposants, il fut aussi un khâgneux dilettante et engagé, un professeur de français dynamique, un amoureux de la nature, un passionné d’art et de poésie, un mari, un père.
C’est le quotidien de cet homme méconnu qu’a partagé Alain Pompidou, son fils unique. Avec lui, il a joué aux cartes les week-ends à Orvilliers, écouté du Bach en vacances à Cajarc, chassé chez les Rothschild à Ferrières, pris des petits déjeuners à Matignon et à l’Elysée… Retraçant sa vie, de son enfance dans le Cantal à sa mort après des années de maladie, il nous fait pénétrer dans l’intimité de son père et nous révèle quelle était la personnalité de ce président qui a tant marqué la France.