Les maires des Côtes d’Armor sont mobilisés depuis quelque temps pour défendre leurs EHPAD en grande difficulté financière suite à la crise COVID et dans le contexte de forte inflation. Ce mouvement a pris de l’ampleur et concerne aujourd’hui l’ensemble de la Bretagne. Je partage leur cri d’alarme et je suis très inquiet sur le devenir des EHPAD.
La spécificité de notre département est d’être composé d’une majorité d’EHPAD territoriaux et de petites structures. Ce modèle est le fruit de notre histoire costarmoricaine et je ne peux que me réjouir que tant de collectivités aient conservé la gestion de ces établissements, au plus près des habitantes et habitants. Il est important de préserver un service public de qualité pour les aînés et pour les générations à venir. Le privé à but lucratif ne peut pas et ne doit pas être la seule réponse aux besoins des personnes âgées.
Afin de soutenir les structures, le Conseil départemental des Côtes d’Armor, comme beaucoup de collectivités, a déployé des moyens inédits. Ces décisions relèvent en général d’un choix politique à l’instar de l’augmentation du point dépendance et du taux directeur de la section hébergement. Cependant, elles sont parfois subies à l’image des mesures liées à conférence sociale et à l’application de l’avenant 43. Il n’est pas question de remettre en cause ces avancées salariales qui contribuent notamment à la nécessaire revalorisation de ces métiers, mais elles pèsent sur le budget départemental avec une compensation très partielle de l’État : en Côtes d’Armor, cela représente près de 10 millions d’euros par an pour le secteur autonomie.
Ces efforts s’inscrivent dans un contexte de tension budgétaire extrême. Les Départements sont confrontés à une situation ubuesque que nous ne cessons de dénoncer : les recettes des Départements, chef de file des solidarités humaines dépendent en grande partie de la conjoncture économique ! Alors que la population vieillit, que l’inflation renforce la précarisation des personnes, que les enfants ont de plus en plus besoin de mesure de protection et de prévention, notre bonne santé financière est liée à la consommation et à l’achat de biens immobiliers !
Face à ce constat, il apparaît comme indispensable de redonner de l’autonomie fiscale aux Départements afin de leur donner les moyens d’accomplir pleinement leurs missions, de repenser l’accueil et l’accompagnement des personnes âgées tout en réformant le modèle économique des structures. Nous sommes aujourd’hui à un moment clef de notre histoire. Il s’agit d’un choix de société et nous devrons assumer collectivement sa réussite ou son échec. Le Gouvernement ne pourra pas dire qu’il ne savait pas et chacun et chacune d’entre nous ne peut plus regarder ailleurs.
Chaque humain doit pouvoir vieillir dans la dignité. Les personnes accompagnées méritent des conditions d’accueil et d’accompagnement équitable et de qualité. Les agents et salariés qui œuvrent au quotidien pour ce service si essentiel, doivent être reconnus à la hauteur de leur utilité sociale. C’est notre volonté politique et nous nous battrons pour cela tant que le Conseil départemental sera la collectivité assurant le rôle chef de file des solidarités humaines.