Retour sur les élections sénatoriales
Le 24 septembre dernier, les grands électeurs de la moitié de circonscriptions françaises étaient appelés à élire leur sénateurs. Un temps important pour la vie politique française et dont les résultats ont une influence bien réelle sur la carte politique nationale et l’équilibre des pouvoirs.
Quelles leçons tirer de ces élections sénatoriales ?
En premier lieu, il ressort de cette élection une stabilité au sein de la Chambre haute. Groupe majoritaire sortant, Les Républicains demeurent la première force politique au Sénat avec 133 sièges. De même, Gérard Larcher (LR), président sortant a été confortablement réélu, n’ayant pas eu à souffrir de réelle concurrence.
Pas de révolution de palais au Luxembourg, donc. Pourtant, derrière les ors, les murs de la maison LR commencent à montrer quelques lézardes préoccupantes… Dans « la maison des territoires » comme aime à l’appeler le président Larcher, la droite et le centre-droit dominent sans partage depuis 1958, à l’exception d’une brève parenthèse socialiste de 2011-2014.
Le Sénat n’est pas coutumier des coups de barre politiques ni des coups de mentons politiciens. Pourtant, le résultat du 24 septembre est annonciateur d’un changement d’époque politique. Pas de séisme, mais des ondes qui pourraient annoncer des bouleversements dans les mois et années à venir. Si LR peut compter sur un groupe d’Union Centriste stable (56 sénateurs) et fidèles pour travailler sereinement à être le contre-pouvoir indispensable à la démocratie » que Gérard Larcher appelle de ses vœux, il est clair que la droite accuse le coup d’un échiquier politique en pleine évolution et dont la lecture, loin de la traditionnelle bipolarisation, devient de plus en plus complexe.
Renaissance, le parti présidentiel, démontre une nouvelle fois son manque d’implantation locale et le fait que le parti soit attaché à un homme plus qu’à un courant.
Le Rassemblement national qui avait quitté les sièges de la Chambre Haute retrouve trois sénateurs, confirmant l’ancrage de plus en plus marqué du parti d’extrême-droite dans les campagnes et le périurbain.
La gauche, quant à elle, sort de ces élections ragaillardie. Tout d’abord parce que le groupe socialiste, à l’opposé de ses derniers scores nationaux, témoigne d’une belle stabilité ( 64 membres ). A noter : la percée écologiste avec, notamment, l’arrivée de Yannick Jadot, ancien candidat aux Présidentielles.
Le résultat de ces élections a de quoi désarçonner tant il n’est pas un reflet fidèle des élections législatives ou présidentielles. Et pourtant, une leçon s’impose : la droite traditionnelle n’a jamais paru aussi fragilisée, prise en étau entre l’extrême droite et les nouveaux visages du centre. Ceci jusque dans sa place forte. Le droite sénatoriale dont le rôle de contre-pouvoir a été salué ces dernières années, pourrait connaître, à travers ces élections, une victoire à la Pyrrhus. Sur ce nouvel échiquier, il n’y aurait de pire stratégie que de refuser le risque.
Zoom sur les missions clés des Agences d’attractivité départementales
Les agences de développement économique sont mortes, vive les agences d’attractivité ! C’est en substance l’une des conséquences de la loi NOTRe qui a retiré la compétence économique aux Conseils départementaux. Ces derniers, loin de renoncer à faire parler de leur territoire et à en vanter les mérites touristiques et économiques, n’ont pas tardé à créer de nouvelles agences départementales et à contourner la loi…au nom de l’attractivité ! Moins de dix ans après les lois NOTRe et MAPTAM, le CNER, Fédération des agences d’attractivité, de développement et d’innovation, dénombre ainsi trente-quatre agences d’attractivité départementales ou supra départementales. Il faut reconnaître que la création des régions XXL ne plaide pas en faveur d’une politique d’attractivité au niveau régional.
Les agences d’attractivité ont non seulement repris la mission historique des agences de développement économique en matière d’attractivité économique, mais elles l’ont appuyé sur l’attractivité touristique, avec, dans certains cas, l’intégration des anciens Comités départementaux de tourisme. Leurs statuts sont divers : SEM, SPL, GIP, EPIC, régie.
L’un des enjeux prioritaires des agences est l’attractivité résidentielle élargie, regroupant le tourisme de loisirs, le tourisme d’affaires, la captation de nouveaux habitants et d’entreprises. Crise de démographie médicale oblige, les agences d’attractivité se placent en interlocuteurs et en relais des institutions et élus pour attirer de nouveaux professionnels de santé en favorisant leur installation.
Autres corde à l’arc des agences d’attractivité : la promotion des produits locaux « made in…». Certaines agences ont ainsi la gestion directe de la marque territoriale et de son rayonnement. Ce numéro « spécial Alsace » a montré l’importance d’une identité territoriale forte pour rayonner dans son espace et au-delà de ses frontières. Les enjeux économiques sont loin d’être neutres. Un département comme l’Alsace est ainsi la champion de France de la consommation locale. Plus de 8 % des Alsaciens consomment en priorité « made in Alsace » et la marque territoriale Alsace se décline dans tous les secteurs d’activités.
Dans cette dynamique, le marketing territorial et les réseaux d’influence ont un poids croissant. C’est pourquoi la plupart des agences gèrent l’animation d’un réseau d’influenceurs constitué d’habitants, de chefs d’entreprises, mais aussi, et de plus en plus, de professionnels des réseaux sociaux, ambassadeurs sponsorisés dont l’impact est à géométrie variable. Faire parler de soi hors de ses bases, peut également passer par la gestion d’une antenne parisienne, à l’image de ce qu’a initié la Mayenne en ouvrant un espace d’accueil au sein de la tour Montparnasse, mêlant lieu d’accueil, de travail, et de promotion territoriale .
Les agences enfin, peuvent également être points de rencontre, fédératrices et accompagnatrices d’acteurs locaux ayant des expertises spécifiques et dont les projets peuvent servir l’attractivité du territoire.
Si les Départements ont changé en une quinzaine d’années leur image, passant de collectivité vieillotte et contestée, à véritable échelon identitaire, elle le doivent notamment à l’émergence de ces agences. De l’étroit qualificatif de « marketing territorial », certaines agences ont contribué à bâtir une réelle stratégie territoriale dont les retombées économiques et démographiques sont clairement établies.
Les cinq erreurs fréquentes dans les stratégies des collectivités territoriales (et comment les éviter !)
Lorsqu’il s’agit de gérer une collectivité territoriale, (élu ou administratif) il est essentiel de reconnaître et de rectifier les erreurs courantes qui peuvent entraver le succès de sa stratégie. Voici cinq pièges à éviter pour assurer une gouvernance efficace et une croissance durable :
1. **Se bunkeriser dans sa collectivité :**
Il est tentant de se concentrer exclusivement sur les affaires locales. C’est fréquent et, à force, on finit par croire que ce qu’on réalise est remarquable, unique et original. L’isolement est préjudiciable et rend aveugle.
Cherchez des opportunités de collaboration régionale et nationale pour élargir vos horizons. Participez aux rencontres nationales, aux groupes de travail pour élargir votre vision, partager vos expériences et trouver des idées innovantes.
2. **Accorder trop d’importance aux râleurs professionnels et aux oppositions systématiques :**
Les critiques constructives sont précieuses, mais il est essentiel de ne pas laisser les voix négatives dominer votre vision. On finit par s’obséder. Les râleurs professionnels ne seront jamais convaincus (quoi que vous fassiez) et vous risquez d’oublier vos proches, ceux qui vous soutiennent. N’oubliez pas de remercier vos collaborateurs et de mettre en avant vos réalisations et de communiquer vos réussites de manière proactive.
3. **Afficher sa collectivité dans le Métro sans avoir réfléchi aux forces et faiblesses de son territoire :**
La visibilité est importante, mais à condition de savoir ce que l’on veut promouvoir. Une réflexion approfondie sur votre identité locale est indispensable pour construire une image cohérente et attrayante.
4. **Jouer l’antagonisme DGS/ Cabinet :**
Antagonisme quasi naturel mais qui finit toujours mal s’il est attisé. Chacun so rôle, chacun sa place. Il faut chercher une collaboration constructive et des rencontres institutionnelles.
5. **Endosser les responsabilités des autres :**
Chaque acteur a son rôle dans la gestion territoriale. Mais il est tentant par facilité de récupérer une compétence qui n’est pas la sienne. Soit avec la certitude que l’on fera mieux, soit par faiblesse. En acceptant de prendre le travail de l’autre, on le déresponsabilise et on devient soi-même le responsable. Théorie du singe de Jean-Pierre BOISOTEAU
Ces erreurs peuvent être évitées si nous partageons nos expériences et apprenons les uns des autres.
Le Journal des Départements, au niveau des Départements, présente les bonnes pratiques développées dans tout le territoire. C’est un moyen précieux de s’inspirer de ce qui se fait de mieux ailleurs.