Les Départements peinent à faire face à l’augmentation considérable des situations de danger (hausse sans précédent des informations préoccupantes, des placements en urgence de très jeunes enfants…) et se trouvent très seuls pour répondre aux besoins spécifiques d’enfants en grande souffrance, autrefois accueillis, au moins pour partie par les institutions spécialisées judiciaires, ou médico-sociales.
Cette situation est aggravée par le manque de ressources humaines et financières, difficultés de recrutement, malgré les revalorisations salariales, difficultés à boucler les budgets sans prise en compte de l’inflation.
Pourtant, des efforts considérables ont été produits ces dernières années qui ont constitué des avancées importantes : des moyens importants mobilisés pour la protection des enfants, une attention plus importante portée à leurs besoins, en particulier dans les contextes de violences et de négligences.
La prise de parole des premiers concernés, les anciens de l’ASE a largement participé à ce mouvement, de même que les travaux scientifiques qui ont permis de soutenir l’évolution des pratiques.
On repère aujourd’hui mieux les signes de souffrance des tout-petits ; on les protège mieux des maltraitances dont on sait les conséquences sur leur développement, on soutient mieux les liens affectifs qu’ils nouent avec des proches…
Malgré ces avancées, dans un contexte de grande fragilisation des situations familiales, les équipes de terrain ne parviennent plus à répondre à toutes les situations d’urgence.
Le risque de rupture du service public est réel.
C’est pourquoi le CNPE et le CNA ont appelé à la mise en œuvre d’un plan Marshall pour l’enfance.
Ce n’est évidemment pas contradictoire avec l’organisation d’États généraux de la protection de l’enfance.
Il s’agit avant tout de fédérer les acteurs de la protection de l’enfance au travers de mesures concrètes, nécessaires pour garantir la continuité des missions.
Des rencontres sont d’ores et déjà programmées avec la ministre pour avancer sur différentes pistes de travail, à court et moyen terme.
Parmi les priorités déjà identifiées, des mesures immédiates comme :
– La priorisation des enfants à doubles vulnérabilités dans les structures médico-sociales et judiciaires
– La mobilisation de ressources (bourses d’études / CEJ) pour les jeunes majeurs confiés à l’ASE
– L’organisation par le ministère de la justice de la mise à l’abri et l’évaluation des personnes se présentant comme MNA
Mais aussi des chantiers plus structurels à lancer sur les coopérations État/ Départements sur les territoires, la formation des professionnels, les parcours de santé des enfants protégés…
Nous serons particulièrement attentifs aux arbitrages budgétaires en cours de négociation, dans les collectivités et dans les projets de lois de financements (État et sécurité sociale).