Quelle semaine pour le président de la République, cette semaine de fin septembre, où sont venus en France, successivement le roi Charles III d’Angleterre et le pape François !
Et quelles polémiques, surtout : d’abord, critiques sur la munificence de l’accueil, puis, de la part ou non, des mêmes, entorses à la laïcité.
D’abord, des critiques sur la munificence de l’accueil :
Versailles ! quel symbole ! Un dîner somptuaire ? C’est peu dire : 160 invités, du homard, du champagne, du vin rouge grands crus… Le faste déployé en l’honneur du roi Charles III interpelle beaucoup de Français, notamment ceux, particulièrement nombreux, qui peinent à boucler leurs fins de mois.
Nous risquant à une mauvaise comparaison, notre monarque républicain, aurait-il perdu la tête ?
Homard bleu et tourteau en entrée, volaille de Bresse accompagnée d’un gratin de cèpes en plat, comté de 30 mois et stilcheton pour les fromages. Et, pour conclure le festin, macarons « Ispahan » Pierre Hermé.
Et les boissons étaient à l’avenant : champagne Pol Roger cuvée Winston Churchill 2013, côté à 289 euros pièces en 75 cl, un Bâtard Montrachet grand cru 2018 domaine Olivier Leflaive vendu à 563 euros la bouteille de 75 cl et un Château Mouton Rothschild 2004 en double magnum, avec étiquette ornée d’une aquarelle réalisée par le roi Charles lui-même, à 2772 euros pièce.
Le coût global ? un vrai secret d’État. Certains estiment ce coût à 38 000 eu-ros par personne. Mais que ce nombre soit ou non exagéré, les critiques ont fusé, notamment du côté de la France Insoumise : « Il y a des gens qui ont faim […] Quand on apprend que des riches et des puissants se réunissent, mangent du homard et boivent des bouteilles à 2700 euros pièce, c’est indécent » a réagi Antoine Léaument, député LFI
Des critiques, ensuite, sur les entorses à la laïcité à l’occasion de la venue du pape François à Marseille :
A l’heure où ces lignes sont écrites, on ne sait pas si Emmanuel Macron ou son épouse auront communié à la messe donnée par le souverain pontife au Stade Vélodrome à Marseille. Même si cela est peu probable du côté du président lui-même qui, (bien qu’ayant été baptisé à l’âge de 12 ans à sa demande), se déclare agnostique, la controverse ne porte pas sur ce point.
Fallait-il qu’Emmanuel Macron assiste à la messe du pape ?
Selon un sondage, 70 % des français approuvent la décision du chef de l’État. C’est déjà une réponse.
Et, s’agissant de la polémique, il convient de remarquer qu’elle n’est pas simplement entretenue par LFI et les partisans de Jean-Luc Mélenchon, mais qu’elle est nourrie aussi par une partie de la droite et de l’extrême droite.
Cette controverse n’a pas même épargné LR, Olivier Marleix, président du groupe à l’Assemblée nationale, critiquant Emmanuel Macron, tandis que son homologue du Sénat, Bruno Retailleau tenait le discours inverse, qualifiant même la polémique de
« tempête dans un verre d’eau ».
La vérité, comme souvent, est à chercher ailleurs.
La position des uns et des autres a, en réalité, peu de rapport avec la question de la laïcité, car les politiques en France, à commencer par le premier d’entre eux, le président de la République, assistent communément à des cérémonies religieuses.
Et ce, quels que soient les cultes, car il ne faut pas confondre le laïcisme qui est l’affirmation d’un athéisme assumé et la laïcité qui, sans reconnaître aucune religion, les respecte toutes. C’était d’ailleurs la position de Nicolas Sarkozy avec son concept de laïcité positive.
La vraie question qui se pose aujourd’hui et qui explique la position des uns et des autres est le discours de François concernant les migrants et l’attitude que doivent avoir les gouvernements européens à l’égard des réfugiés, qu’ils soient politiques ou économiques.
On comprend que les élus RN hésitent à fréquenter ce pape infréquentable, et qu’en revanche Manuel Bompard, député LFI de Marseille et bras droit de Jean-Luc Mélenchon ait souhaité rencontrer François …sans pour autant aller à sa messe !
Quelles conclusions tirer de ces deux événements ?
Sur le premier, est-il vraiment choquant de recevoir avec magnificence le souverain d’un pays ami dans le cadre d’une visite d’État ? Le faste de la réception est, au demeurant, un hommage rendu à la qualité de la gastronomie française et de nos vins qui l’accompagnent, ce qui ne peut qu’être favorable à notre tourisme et à nos exportations, qui en ont bien besoin !
Quant à la visite du pape, en-dehors du débat d’un autre âge sur la laïcité, elle doit, collectivement nous faire réfléchir sur les mouvements de population entre le sud et le nord et nous convaincre que la solution consistant à dresser des murs à nos frontières n’est pas la solution pour endiguer l’immigration de la misère.