En 1974, lorsque William Oncken écrit pour la Harvard Business Review le principe du « singe », il ne se doute pas de l’ampleur que connaitra son concept. Dès qu’expliquée, cette métaphore est gravée à vie dans les esprits.
Qu’est qu’un « singe » ?
Le phénomène prend vie dès qu’une personne censée accomplir une tâche se débrouille pour vous la faire exécuter alors qu’elle possède tous les éléments pour l’accomplir elle-même.
Pourquoi le terme « singe », il fait référence à l’agilité du singe, à sa capacité naturelle de sauter de branche en branche ; et dans l’entreprise d’une épaule d’un individu sur votre épaule par exemple.
Qui n’a pas été victime dans sa vie professionnelle de « l’attaque d’un
singe » gentiment lâché par un collègue ? Et qui n’a pas tenté d’en redonner un ?
Certains individus, manipulateurs dans l’âme, choisissent leur « proie » afin qu’elle réalise leur travail ou la partie des tâches ingrates.
Les cibles sont souvent des personnes fragiles qui ne savent pas dire non. Cela peut aller jusqu’au harcèlement. D’autres l’utilisent comme un jeu ou un moyen de tester une personne, par exemple : « nous allons refiler le singe au Chef et nous verrons comment il le gère » !
Très souvent, des managers ou des experts d’une compétence réalisent eux-mêmes le travail et « nourrissent » leur singe — soit par l’incapacité à déléguer, soit pour la conservation du pouvoir coûte que coûte.
Une fois connue et colportée en interne, l’histoire du singe peut être vite mal interprétée. Certaines personnes ont l’impression d’être envahies par
« l’animal » dans leur espace de travail et finissent par s’interroger sur leurs missions. Toutefois, attention de ne pas en voir partout !
La crainte du singe permet cependant de se poser les bonnes questions : est-ce de ma responsabilité de faire ceci ou cela ? Chercher à éviter le singe permet de prendre à la fois du recul et de la hauteur, de dominer son périmètre d’actions.
Quel que soit votre rôle dans l’entreprise, prendre un singe n’est pas forcément grave en soi. Mais c’est une double peine pour la gestion de votre temps : vous réalisez un travail qui ne vous appartient pas et vos responsabilités passent au second plan.
Dans la majorité des cas, le résultat que vous allez fournir sera en dessous des attentes de celui qui vous a confié son singe et vous perdez en crédibilité.
Refuser le singe n’empêche pas de déployer de l’entraide
Quelle que soit la fonction, une demande d’un collègue peut s’avérer comme un besoin d’aide ou de savoir-faire. Rendre service ne veut pas dire faire les choses à sa place, mais lui apporter un conseil, un coup de main, une autre façon de faire.
Si les gens sont soucieux des difficultés des autres en leur apportant leur plus-value, ils contribuent à la performance, à la bonne ambiance de la collectivité. L’entraide est le fruit de l’esprit d’équipe.
Les organisations où le climat est serein, la population de singes est très réduite, voire inexistante.
Épauler, c’est l’affaire de tous. Lors d’un audit d’ambiance, c’est le premier critère à observer.
Les équipes où le soutien entre collègues est faible nécessite d’approfondir la structure de fonctionnement, la présence et l’ampleur des conflits, la qualité du management et pour finir le nombre de singes en moyenne par personne.
En conclusion, si vous décelez un singe dans votre territoire, pensez à le redonner à son propriétaire pour qu’il se fasse nourrir et soigner par son maître !