Vous l’avez déjà saisi, je propose de partir du postulat que le marketing territorial doit suivre cet axiome : « au sein de marchés concurrentiels dans lesquels il convient de se démarquer pour être remarqué, l’un des moyens pour y parvenir est d’abord de rechercher, avec le recensement d’éléments propres au territoire, ce qui fait que le territoire est ce qu’il est et qu’il est unique ». Tâchons de trouver comme le prouver.
Il m’a semblé utile de vous proposer une grille pour cette tâche immense. Elle s’inspire de la méthodologie élaborée par Joël Gayet lorsqu’il était dans l’agence CoManaging, autour du « ß ». Je l’ai un peu remaniée, mais je rends à César.
L’intérêt de cette grille réside dans l’approche holistique du territoire qui plonge dans toutes les composantes d’un territoire. Elle s’organise autour de 5 grandes catégories d’éléments : les sensitifs (qui sollicitent les cinq sens), les dynamiques (pour symboliser la dynamique du territoire), les patrimoniaux (les éléments propres au territoire), les énergétiques (les preuves de l’énergie territoriale) et, enfin, les symboliques (en tant que symboles utiles de l’identité territoriale). Certains de ces éléments seront matériels et quantitatifs, d’autres seront subjectifs et immatériels. C’est l’ensemble qu’il est impératif de donner à voir.
1- ÉLÉMENTS SENSITIFS
– Les matières naturelles, manufacturées et/ou utilisées dans les activités industrielles ou artisanales, etc.
– Les univers sonores naturels mais aussi les sonorités « humaines » : accent, patois ou langue spécifiques, expressions typiques, etc.
– Les goûts, à travers les produits locaux, la cuisine, les spécialités, etc.
– Les couleurs naturelles ou liées aux activités humaines et les lumières naturelles, les types de cieux, etc.
2 – ÉLÉMENTS DYNAMIQUES
– Les types de climats, les variations et caractéristiques saisonnières.
– Les paysages, les formes et perspectives naturelles.
– Les dynamiques architecturales, notamment celles dégagées par les grands édifices religieux ou laïcs, contemporains ou historiques.
– L’organisation du territoire avec les rapports urbanité/ruralité, naturel/bâti, résidentiel/économique, commerces/loisirs, etc.
– Typologie des activités économiques, de recherche ou d’enseignement supérieur, etc.
– Typologie de la population.
– Le rapport avec l’extérieur. L’accessibilité et l’irrigation du territoire, notions « d’ouverture » et de « fermeture », etc. On tentera aussi de repérer les tropismes externes, traditionnels ou récents, comme les coopérations externes, anciennes ou nouvelles. On recensera aussi les éléments concrets : existence de structures ou d’actions d’accompagnement d’arrivées d’entreprises, de cadres, d’habitants, etc.
3 – ÉLÉMENTS PATRIMONIAUX
– Les origines historiques et les évolutions du territoire, les grandes dates, etc.
– Les traditions d’origine populaire, les fêtes, les célébrations traditionnelles, etc.
– Les production endogènes : art, agriculture, artisanat, industries, etc.
– Le patrimoine bâti, historique ou récent.
– Les personnalités (ou entreprises) passées et présentes ainsi que les personnalités « en devenir ». On ira alors chercher des personnalités reliées au territoire par leur naissance, par leur adoption, par une action faite localement, ou par leur attachement au territoire, etc.
4 – ÉLÉMENTS ÉNERGÉTIQUES
– Les mouvements collectifs, sociaux, associatifs, courants de pensées, etc.
– Les événements sportifs, culturels ou populaires et les rendez-vous professionnels de grande ampleur ou des colloques plus réduits mais faisant référence, etc.
– Les offres et types de loisirs et leur répartition sur le territoire, etc.
5 – ÉLÉMENTS SYMBOLIQUES
– Les symboles provenant de la faune ou de la flore locales.
– L’héraldique locale et régionale, les symboles graphiques locaux, etc.
– Les objets symboliques, issus notamment de l’artisanat.
– La population. Son niveau d’attachement à ses racines et à la mémoire collective, les traits collectifs de caractères mais aussi les habitudes de vie. Il s’agit aussi de caractériser ses rapports à la culture, aux sports, à la nature, au travail et à l’entreprenariat comme à la spiritualité, y compris les mythes et les légendes ou la religion, etc.
– Les personnages locaux, issus de la tradition, de contes et légendes, de la littérature, de chansons, etc.
Vous l’avez compris, une fois ce travail effectué, il s’agira d’organiser le tout en un argumentaire qui sera le meilleur révélateur de votre territoire.