La météo n’est pas affaire d’optimisme. On la constate, on tente de l’anticiper, on cherche désormais à lutter contre le dérèglement climatique. La politique est quant à elle affaire d’optimisme de volonté pour reprendre la formule d’Alain : “Le pessimisme est d’humeur ; l’optimisme est de volonté.”
Il est pourtant un tableau que l’on peint bien trop souvent, celui d’une nation en déclin, inégalitaire et polluante. Les prophètes du malheur distillent le doute et la résignation dans l’opinion. Le pessimisme semble ainsi devoir l’emporter sur l’optimisme. Or, le pessimisme n’est pas un réalisme éclairé, mais une lecture déformée de la réalité. L’optimisme, en revanche, n’est pas une négation des problèmes, mais une affirmation de notre capacité à les surmonter. La France dispose de nombreux atouts d’infrastructures robustes, d’un modèle énergétique qui produit déjà une électricité décarbonée. La France dispose de tous les atouts pour être un acteur majeur de la révolution technologique qui vient.
Bien sûr, notre pays et notre économie doivent faire face à de nombreuses difficultés. Pour autant, nous devons conserver une posture responsable et constructive. Notre pays est hélas lesté par de nombreux handicaps : déficits multiples, dette colossale, niveau encore élevé de personnes sans emploi malgré les améliorations constatées… Mais regardons aussi certains « miracles » qui se produisent depuis quelques années. Un seul exemple, dans le domaine de l’apprentissage : en cinq ans, notre pays a doublé son nombre d’apprentis. Ces jeunes auront bientôt un atout précieux : un métier et des compétences. Ils seront prêts à s’adapter aux métiers de demain. Bien sûr, nous devons lutter contre la pauvreté, qui touche un nombre croissant de nos concitoyens. Mais cela ne doit pas nous faire oublier que la France est déjà l’un des pays les plus redistributifs du monde, au prix d’un niveau record de notre taux de prélèvement. La question de l’efficacité de notre dépense publique se pose pourtant. Le Gouvernement s’emploie à rendre perceptible et juste son action. Avouons que l’exercice est difficile et parfois maladroit.
La France dispose d’une capacité de résilience remarquable
La question de la réindustrialisation de notre pays est sans aucun doute première. En effet, le déficit commercial est un point de vigilance majeur. Pourtant, commençons donc par nous réjouir que la France n’ait jamais compté autant d’entreprises exportatrices (leur nombre a augmenté de 10.000 entre 2021 et 2022). Bien sûr, nous pouvons regretter la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim. Mais reconnaissons que la France vient d’initier, enfin, le plus grand programme de construction de centrales nucléaires depuis le plan Messmer. N’en déplaise aux apôtres de la décroissance, la France est bel est bien une grande nation écologique, figurant parmi les meilleurs élèves du monde développé en matière d’émissions de CO2. La France dispose d’une capacité de résilience remarquable. Le cas de la filière des batteries électriques est à cet égard un cas d’école. Il y a quelques années encore, la France était un acteur microscopique dans ce domaine. Aujourd’hui, grâce à une volonté politique soutenue, elle se positionne pour être un leader mondial et un exportateur net dès 2025.
L’économie est aussi une affaire de prophétie autoréalisatrice
Arrêtons donc de nous complaire dans la peur et la mélancolie ! Loin de la caricature pessimiste, la France dispose d’un potentiel inouï pour affronter l’avenir. C’est cette France-là, conquérante et audacieuse, phare d’une Europe ambitieuse, que nous devons choisir de voir. Gardons à l’esprit que l’économie est aussi une affaire de prophétie autoréalisatrice : si nous pensons être en déclin, alors nous créons les conditions de ce déclin. En revanche, si nous sommes animés par l’optimisme et l’esprit de conquête, alors nous préparons les conditions d’une prospérité future. Et si, pour une fois, nous choisissions de voir le positif ? Et si nous mettions fin à ce dénigrement de nous-mêmes pour embrasser le formidable potentiel qui est le nôtre ?
« Ne rien faire et que rien ne soit pas fait »
On peut pour cela emprunter un chemin oriental autour du Tao, qui signifie justement la voie ou le chemin, et qui édicte la formule suivante : « ne rien faire et que rien ne soit pas fait ». Représenté par le symbole de l’unité, au-delà du yin et du yang, considéré comme une pragmatique du juste milieu, le Tao est une pensée chinoise basée sur l’analogie et qui met en perspective le « Devenir ». Yang privilégie la concentration dans l’action. Yin privilégie la dilution dans le temps. Le couplage yin – yang produit le mouvement. Le contact au réel permet l’adaptation, et ainsi le succès.
Le principe est de laisser émerger les potentialités, en créant les conditions possibles de leur avènement. On peut se référer à l’image du jardinier qui crée les conditions, mais dont l’action dépend aussi du climat.
Il s’agit en fait d’être capable d’adapter une disponibilité psychique à la situation. Cette disponibilité relève d’une sérénité par laquelle on s’affirme intérieurement. Est-ce une forme d’optimisme ? Elle permet de maintenir une distance adéquate en regard des évènements, des idées, des intentions. Les effets du « non agir » sont de ne pas saturer par excès de sens, car ici en tout il s’agit d’éviter l’excès.
Un passage du Yi Jing nous rappelle que « la seule chose qui ne changera jamais, c’est que tout change tout le temps ». La sagesse chinoise nous enseigne aussi que l’efficacité est d’autant plus grande qu’elle est discrète.
Cette approche orientale répond à cette nécessité d’adaptation, de transformation permanente, dans laquelle il est possible de se fondre pour éviter qu’une douleur potentielle se transforme en souffrance. En Chine, le bon médecin n’est pas celui qui guérit, mais celui qui évite d’être malade. La transformation a lieu à l’image du vent, elle est invisible mais partout les effets s’en font sentir.
C’est de ce mouvement d’un doux vent d’été porteur d’optimisme dont nous pourrions nous enivrer et par lequel en confiance nous laisser porter.
Bel été.
Départementalement vôtre.
Stéphane Sautarel