L’attractivité résidentielle est un enjeu fort dans la dynamisation et l’équilibre des territoires. Les dernières études à ce sujet (France Stratégie, 2022 ; POPSU étude “Exode urbain”, 2022 et 2023) confirment l’idée que la crise de la Covid-19 tend à accélérer des dynamiques de mobilité résidentielle déjà à l’œuvre. Ainsi, certaines villes dites moyennes ou de petite taille paraissent attirer de plus en plus l’attention des ménages français. Ce sujet est bien plus complexe qu’il ne peut paraître au premier abord. Si 52 % des français voient les villes petites et moyennes comme des lieux de vie idéaux, 22% souhaitent vivre dans une grande ville et parmi ces derniers, une majorité de CSP+ et de jeunes (moins de 35 ans) (Alaux et al., 2021).
Par ailleurs, des territoires de toutes tailles font face à une vacance d’emplois. Ces territoires ressentent ainsi la nécessité de mettre en place des politiques d’aménagement et d’attractivité résidentielle pour répondre aux difficultés de recrutement de main d’œuvre des entreprises locales. L’attractivité territoriale est définie par la Chaire A&NMT comme “un levier au service du développement et de la qualité de vie actuelle et future des territoires. Elle vise à attirer et/ou ancrer les différentes parties prenantes internes et externes aux territoires : résidents, organisations marchandes et non marchandes, touristes, événements, etc. Différentes méthodes permettent d’atteindre ces objectifs, et notamment la démarche de marketing territorial.”. Les travaux de Serval (2015) renvoient l’attractivité territoriale à deux dimensions :
- une dimension comportementale (ou physique) en référence à l’attraction et la rétention de ressources (humaines, financières, matérielles, immatérielles) ;
- une dimension attitudinale (ou psychologique) en référence à l’attrait et à la séduction, c’est-à-dire l’influence que le territoire peut avoir sur l’attitude des individus, en éveillant leur intérêt.
Jusqu’à récemment, l’attractivité économique était au centre des préoccupations des managers et des chercheurs. Cependant, elle n’est qu’une partie de l’attractivité territoriale, en complémentarité de l’attractivité résidentielle. Cette dernière peut être définie comme la capacité d’un territoire à donner envie à d’éventuels nouveaux habitants d’y emménager et à maintenir ses habitants actuels. Cependant, ce concept semble encore très complexe à borner. Quels enjeux sont liés à l’attractivité résidentielle ? Comment la mettre en œuvre ? Quel impact peut-elle avoir sur un territoire ?
Une étude menée dans le cadre de la thèse interdisciplinaire (sciences de gestion et urbanisme) de Perrine Alberola, qui repose sur l’analyse de la littérature scientifique existante, a permis de préciser cette définition de l’attractivité résidentielle. La méthode, suivant les travaux de Tranfield et collaborateurs (2003) consiste à chercher à l’aide de mots clés l’ensemble des recherches existantes en ligne sur le sujet de l’attractivité résidentielle afin de former un corpus regroupant toutes les connaissances déjà produites sur le sujet, quelque soit la discipline de recherche (géographie, économie, gestion, architecture, etc.). La sélection a été faite en deux langues (anglais et français) pour un corpus final de 53 papiers étudiés et analysés.
Ce travail a permis de rendre compte de la très grande diversité des enjeux pour lesquels l’attractivité résidentielle peut être une réponse. C’est ce que montre la Figure ci après.
Enjeux liés à l’attractivité résidentielle
source : Alberola (2023)
Ces enjeux peuvent chacun être traités seul ou parfois regroupés et correspondent majoritairement à un ou plusieurs piliers du Développement Durable : Écologique, Social, Économique. L’intérêt mis en avant pour les territoires concernés relève soit d’une question de développement soit d’équilibre.
À l’image de l’attractivité territoriale, l’attractivité résidentielle est bi-dimensionnelle. Elle relève autant du “corps” du territoire (attraction physique : aménagement, accessibilité, paysage, etc.) que de son “âme” (attrait psychologique : réputation et image, attachement, ambiance, etc.).
Enfin, jusqu’à aujourd’hui beaucoup de chercheurs se sont concentrés uniquement sur une mesure statique de l’attractivité résidentielle. Cela mène à des constats assez peu utiles pour connaître les marges de manœuvre des territoires et les possibles effets des actions que mènent les collectivités. L’attractivité résidentielle doit être considérée comme un outil de gestion du territoire en réponse aux enjeux multiples auxquels ces derniers sont confrontés.
Pour conclure, dans un contexte de grands bouleversements des sociétés et des modes de vie, l’attractivité résidentielle peut être envisagée par les chercheurs et les praticiens comme un outil au service du développement et de l’équilibre des territoires. Cet outil, qui vient en réponse à des enjeux multiples et parfois contradictoires, relève autant de l’aspect physique que de l’aspect psychologique et peut concerner à la fois des parties prenantes endogènes et exogènes du territoire.