Dans l’imaginaire collectif, le désert médical, une étendue de terre inhabitée, c’est la ruralité à perte de vue, des villages dépeuplés, sans écoles, sans services publics et quelques habitants obligés de s’exiler pour être soignés…
Or, la réalité est toute autre : au-delà de territoires dépourvus d’offre sanitaire, les déserts médicaux sont partout, de la périnatalité à la dépendance, en santé mentale, dans les maladies rares, au cœur de la crise sanitaire…
La discordance entre besoin et offre en santé est ici retenue comme l’expression d’un désert médical.
L’accès aux soins pour des personnes dépendantes est alarmant La prise en charge des personnes dépendantes à domicile, en EHPAD, en établissements pour les personnes en situation de handicap, représente un immense désert médical non géographique. Si l’on prend le seul cas des EHPAD qui représente 800 000 personnes en France, le constat est alarmant : alors qu’un résident en EHPAD souffre de nombreuses pathologies prévalentes, il bénéficie d’environ une consultation de spécialité, toutes spécialités confondues, par an et par résident. C’est un chiffre très bas… Que ce soit en milieu rural ou urbain, à domicile ou en établissement, la problématique est la même : celle de l’accès aux soins pour des personnes dépendantes du fait de l’âge, de la maladie, du handicap. L’accompagnement à domicile pâtit d’un manque de coordination Alors que les Français plébiscitent le maintien à domicile, le système actuel génère trop souvent de dramatiques ruptures de prise en charge entre le domicile, la médecine de ville, l’hôpital, l’EHPAD ou l’établissement pour personne en situation de handicap. La coordination des acteurs sociaux, sanitaires et médico-sociaux autour de la personne dépendante est indispensable à la fluidité des parcours et à la simplification des démarches. Repenser le modèle de l’EHPAD L’EHPAD est un établissement dans lequel l’organisation de l’offre de soin actuelle n’est plus en lien avec le besoin des patients polypathologiques complexes. Répondre aux exigences contemporaines suppose de repenser totalement le modèle de l’EHPAD. Il faut que les établissements pour personnes âgées s’ouvrent vers l’extérieur, offrent des services à la population de leur bassin de vie, s’intègrent mieux aux structures d’accompagnement et de soin à domicile, et aux établissements de santé.
Les ruptures de parcours de l’hospitalisation en établissement de santé L’entrée par les urgences pour une personne dépendante est toujours traumatisante. Au cœur de la logique « parcours » se situe le souci d’éviter l’hospitalisation et les passages par les urgences. La responsabilité relève en première intention des structures de soins primaires. Cette anticipation doit être co-construite avec l’hôpital.
La télésanté apporte une amélioration certaine de la prise en charge du patient en milieu médico-social En contribuant à la fluidité des parcours, les avantages de la télésanté en établissement médicosocial et à domicile sont multiples. Les enjeux sont considérables en termes de santé publique, qualité des soins et performance de la prise en charge. Et tout le monde s’y retrouve : la télésanté améliore indiscutablement la qualité de vie des personnes dépendantes en évitant des hospitalisations dans des conditions parfois terribles. Elle simplifie également le travail des soignants, évite d’emboliser inutilement les urgences, a un impact sur l’économie globale de la santé.
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La coordination des acteurs sociaux, sanitaires et médico-sociaux autour de la personne dépendante est indispensable à la fluidité des parcours et à la simplification des démarches. Les actes de la télésanté, en particulier la téléconsultation, la télé-expertise, la télésurveillance et le télésoin peuvent apporter une partie de la solution.