Tout d’abord, pouvez-vous nous décrire ce qu’est une pension de famille ?
Une pension de famille, c’est une structure de taille réduite (20 à 25 petits logements) composée de logements individuels pour pouvoir offrir un lieu de vie chaleureux, dans une « atmosphère familiale » à des personnes dont la situation sociale et psychologique rend difficile l’accès à un logement ordinaire.
La pension de famille comporte des espaces collectifs accessibles aux résidents pour permettre la tenue d’activités collectives.
Combien existe-t-il de pensions de famille en France ?
Il existe plus de 950 pensions de famille en France. Dans le cadre du Plan Logement d’abord, plus de 5 200 nouvelles places ont été créées entre 2017 et 2021 mais l’objectif était d’en créer 10 000. Donc le 2e volet du Plan Logement d’abord va certainement relancer cette dynamique.
En quoi est-ce un puissant levier d’insertion ?
Il faut savoir que plus des deux tiers des personnes qui entrent dans une pension de famille sont issues de la rue, d’une structure d’hébergement ou étaient privés d’un logement en propre. Ils apprennent à partager des moments en collectivité, à prendre soin de leur propre logement, à suivre un rythme de vie. L’animation de la pension de famille est menée par un ou plusieurs salariés ainsi que par des bénévoles. C’est le cas chez Habitat et Humanisme : les bénévoles apportent un soutien aux démarches individuelles des personnes fragiles, participent à la vie collective de la pension de famille, et assurent une présence bienveillante et rassurante.
Quels sont les bénéfices pour la collectivité ?
En contribuant aux obligations de la loi SRU, l’élu répond aussi aux besoins de son territoire : 90 % des personnes qui accèdent à une pension de famille viennent de la commune ou du département.
Les retours sont positifs tant du côté des résidents que de ceux qui l’ont mise en place. Une enquête menée par Habitat et Humanisme auprès des locataires en 2022 montrait que 90 % des résidents sont satisfaits de cette nouvelle vie, 72 % des personnes se sentent mieux psychologiquement et 52 % se sont occupés d’un problème de santé qu’ils laissaient traîner
Aujourd’hui un logement dans une pension de famille revient à 19,50 euros par jour tandis que le coût d’un hébergement d’urgence est beaucoup plus élevé, et peut aller jusqu’à 55 euros dans les grandes villes. Je trouve que c’est un argument de poids pour nos collectivités locales.
L’énergie positive déployée chaque jour par les 5 000 bénévoles de notre Mouvement m’en convainc chaque jour : ce type d’habitat, en cœur de ville, contribue à une forte dynamique associative ou amicale, qui veille sur les personnes les plus fragiles de la commune. Et celles-ci ont une place indispensable pour faire grandir notre propre humanité.
Quels sont les freins au développement des pensions de famille ?
Plutôt que des freins, je préfère évoquer aujourd’hui les enjeux que nous devons soulever tous ensemble.
Il nous faut convaincre les collectivités territoriales de mieux décliner la loi SRU, de mobiliser du foncier, et des aides à la pierre.
L’Etat doit pouvoir nous aider à quantifier les besoins, les territorialiser, harmoniser les financements.
Il nous faut mobiliser des structures de bailleurs sociaux, et veiller à un meilleur équilibrage entre le propriétaire et le gestionnaire. Les propriétaires privés ou les investisseurs doivent être aussi davantage informés sur les durées d’investissements, sur les montages des fonds à impact, etc.
Dans cette dynamique, il y a de nombreux acteurs !
La politique de l’habitat en France est un ensemble de mesures visant à assurer à tous les citoyens un logement décent et adapté à leurs besoins, ainsi qu’à améliorer l’offre de logements sur le marché. Cette politique est mise en œuvre à différents niveaux, notamment par l’État, les collectivités territoriales et les acteurs du secteur immobilier.
Les principales mesures de la politique de l’habitat en France comprennent :
1. La construction de logements sociaux : l’État et les collectivités territoriales investissent des fonds importants dans la construction de logements sociaux pour permettre aux ménages modestes d’accéder à un logement décent à un loyer abordable.
2. L’encadrement des loyers : pour limiter la hausse des loyers dans les zones tendues, l’État a mis en place des dispositifs d’encadrement des loyers. Cette mesure permet de garantir des prix raisonnables pour les locataires tout en offrant une rémunération juste pour les propriétaires.
3. L’amélioration de l’habitat existant : de nombreuses subventions et aides financières sont disponibles pour aider les propriétaires à rénover leur logement. Cette mesure permet de lutter contre l’insalubrité et de réduire la consommation d’énergie.
4. L’accession à la propriété : l’État et les collectivités territoriales offrent des aides pour aider les ménages modestes à devenir propriétaires de leur logement. Ces aides peuvent prendre la forme de prêts à taux réduits, de subventions ou d’exonérations fiscales.
5. La lutte contre l’habitat indigne : les pouvoirs publics sont mobilisés pour lutter contre l’habitat indigne, en particulier dans les grandes villes. Cette mesure vise à garantir aux citoyens un logement décent et respectueux de leur santé et de leur sécurité.
En somme, la politique de l’habitat en France vise à assurer un accès équitable et décent au logement pour tous les citoyens, en offrant des solutions pour répondre aux besoins des différentes catégories de la population.