Artificialisation des sols encadrée, habitats neufs trop onéreux, flambée des taux d’intérêt, ruée sur le marché locatif… Les signaux annonciateurs d’une crise inédite du logement se multiplient. Pourtant, dans les territoires, les solutions existent du côté des offres alternatives de construction, mêlant écologie et économies.
Présentées le 5 juin, les annonces gouvernementales autour d’un vaste « Plan Logement » n’ont dissipé les craintes ni des professionnels du secteur, ni des élus locaux. Le net ralentissement de la construction d’habitats neufs et l’engorgement du marché de la location avaient pourtant incité le Conseil national de la refondation à plancher sept mois durant sur des mesures chocs pour donner une nouvelle impulsion à la politique du logement en France. Las, la montagne a accouché d’une souris. Les espoirs des entreprises, associations et collectivités se sont mués en une douloureuse désillusion.
Le spectre d’un abandon de l’État
Pourquoi l’État semble-t-il délaisser le secteur de la construction ? Les réponses de ce désamour latent sont à chercher du côté des objectifs environnementaux du pays. Deuxième secteur le plus polluant en France, le bâtiment émet 19 % du total des gaz à effet de serre liés à l’activité humaine selon l’Ademe. L’empreinte carbone de la fabrication de béton et de ciment, tout comme les consommations de carburant des engins de construction sur les chantiers, cristallise de vives critiques.
À ces premières sources de crispation, il convient d’ajouter les menaces que font peser sur la biodiversité l’artificialisation des sols liées aux constructions neuves et la forte production de déchets, difficilement recyclables. En réaction, les contraintes réglementaires se multiplient pour orienter à marche forcée les acteurs du BTP vers des pratiques plus vertueuses, au risque de paralyser un secteur déjà en tension.
L’habitat de demain, clef de voûte d’un nouveau projet de société
Si les bilans carbone et les équations économiques se complexifient, le sujet fait avant tout écho aux difficultés et projets avortés de nombreux particuliers. Dans son rapport publié en janvier 2023, l’association Abbé Pierre tire la sonnette d’alarme pour dénoncer le mal-logement dont souffrent 4,1 millions de personnes en France. Ce chiffre rassemble les individus sans logement personnel ainsi que les ménages vivant dans des conditions très difficiles. Déjà impressionnant, ce bilan s’alourdit chaque année et laisse présager une tendance accablante qu’il est impératif de briser au plus vite.
Nul besoin de rappeler l’importance d’un habitat de qualité pour faciliter l’intégration dans la vie de la Cité. L’épanouissement familial et professionnel est inconcevable sans un foyer non seulement salubre, mais aussi agréable. Derrière les récits individuels, ce sont des enjeux politiques qui ne manquent pas d’émerger.
Les solutions écologiques proposées par les maisons Demrea
Dans ce contexte, les apporteurs de solutions ne restent pas les bras croisés. De nombreux élus de terrains, promoteurs et bailleurs se retroussent les manches pour trouver la voie d’une sortie de crise. Et les entrepreneurs ne sont pas en reste. Les équipes de Demrea travaillent depuis plusieurs années afin de concevoir un nouveau modèle de logement capable de réconcilier les impératifs écologiques, les besoins sociaux et les calculs budgétaires de toutes les parties prenantes.
Cette nouvelle offre doit avant tout répondre aux normes environnementales les plus exigeantes. Défi relevé : les maisons Demrea sont constituées de panneaux en bois issus de forêts françaises éco-responsables. L’isolation par laine de chanvre (tirée de l’agriculture biologique française) permet d’écarter les matériaux les plus émetteurs en carbone, tout en réduisant à l’usage les consommations d’énergie des habitants. L’ossature en acier galvanisé procure, quant à elle, une solidité rassurante tout en ouvrant la voie à un recyclage infini. Enfin, la structure sur pieux vissés consolide la stabilité de l’ouvrage tout en laissant un terrain sain après démontage. Au global, les maisons Demrea évitent jusqu’à 2 t de déchets par rapport à la construction d’un habitat traditionnel et entre 20 t et 30 t au moment de la déconstruction.
Une innovation made in France au cœur du projet Demrea
Et c’est là toute l’originalité des maisons Demrea. Le système d’assemblage a été simplifié au maximum pour permettre à n’importe quel groupe de deux individus de monter et démonter, sans intervention de professionnels ni de matériels de levage lourd, leur propre maison. En trois à cinq jours seulement, il devient désormais possible de combiner les éléments préfabriqués en usine pour achever l’élévation d’un foyer éco-conçu. Les structures lourdes et définitives laissent ici place à la créativité des occupants et à leur soif de liberté grâce à des pièces d’assemblage brevetées et à des éléments légers (de 25 à 45 kg par panneau).
Après démontage, le terrain utilisé peut accueillir de nouveaux projets ou laisser la biodiversité reprendre ses droits. Si un propriétaire souhaite remonter sa maison Demrea à un autre emplacement, il peut renouveler l’opération de montage à sa guise, en suivant les mêmes instructions. Par ailleurs, s’il désire abattre une cloison et monter une extension à la place, il n’est plus question d’opérations de démolissage mais de modifications modulaires et souples, au gré des besoins. En outre, les adeptes de la plus parfaite indépendance pourront installer facilement des panneaux solaires, des récupérateurs d’eau de pluie et des toilettes sèches pour leur foyer. L’autonomie n’est plus un vain mot pour ces habitats auto-suffisants et à énergie positive (énergie produite supérieure à l’énergie consommée).
Les prochains défis à relever
Il revient à présent aux acteurs du logement de prendre connaissance de cette solution inédite pour en tirer tous les bénéfices. Les investissements des pouvoirs publics et des décideurs privés sont indispensables pour permettre la montée en puissance de ce modèle et son déploiement national.
La préfabrication en usine et la réutilisation potentielle de différents modules permet d’obtenir des coûts similaires, voire inférieurs, aux habitats classiques, malgré l’utilisation de matériaux écologiques. En misant sur des habitats bons marchés et le développement d’éco-quartiers capables de répondre aux principaux défis de notre époque, les collectivités peuvent prendre les rênes de cette révolution tant attendue vers un logement plus durable.