L’immeuble passerait presque inaperçu. Discret, loin de la pompe de certains hôtels départementaux.
Ici, on cultive la simplicité, l’humilité.
Au quatrième étage, Marc Gaudet nous reçoit chaleureusement. Grand bureau très clair. Un lieu pour le travail avec une grand table de réunion. Un homme chaleureux, attentif. Ici, pas de frime, du sérieux, du travail. Au mur une très grande carte du département permet de préciser des actions. Aux côtés de trois ballons de rugby, des parapheurs alignés attendent la signature du Président.
Un homme respecté par ses fidèles, comme par ses opposants. A l’instar de Christophe Chaillou, conseiller départemental socialiste qui parle « d’un humaniste, profondément attaché à son territoire, homme de dialogue et de convictions ».
Un homme aux racines profondément ancrées dans la terre de Beauce, héritier d’un double engagement : rural et politique. Fils d’agriculteur à Ascoux, producteur de céréales et de betteraves sur une petite ferme d’une quarantaine d’hectares avec encore des vaches, et où l’on vendait du lait jusqu’à la fin des années 70.
Ce père, véritable patriarche, respecté et parfois craint par ses 5 enfants s’engage tôt dans la vie publique. Gaulliste, maire de 1959 jusqu’à 1983, il réserve mardi et jeudi soir à la mairie jusqu’à 20 heures.
Il n’y a pas de télévision, alors on lit ! A table, on parle souvent politique et agriculture. Marc Gaudet restera fidèle à cette double influence.
Déjà affable il montre aussi un caractère affirmé, tient tête à sa mère qui ne veut pas le voir suivre les cours d’histoire à l’Université d’Orléans. Il tient bon, obtenant sa licence d’histoire et un deug de géographie et devient logiquement professeur vacataire à l’Institut Rural d’Education et d’Orientation à Orléans la Source.
Mais la terre de Beauce le rattrape et il décide de reprendre l’exploitation familiale à Ascoux en 1995.
Il va développer la ferme qui passe en 2001 à 135 hectares.
La politique viendra en même temps, puisqu’il est élu maire d’Ascoux en 1995, à la place de celui qui avait pris la suite de son père en 1983.
Alors commence une ascension qui paraît naturelle. Mais attention, il s’agit surtout du résultat d’un travail et d’une volonté assumée et affirmée. Persuadé qu’il ne faut pas attendre qu’on vous propose un poste, mais qu’il faut le mériter.
Ainsi, en 1998, lorsque le conseiller général André Saillard, un ami proche de son père, décide d’arrêter, il se présente, à 33 ans, seul, sans étiquette politique. Arrivé en troisième position, derrière Jean-Paul Charié, RPR, et Claude Laurent, socialiste, en dépit des pressions, il se maintient et permet à Claude Laurent de l’emporter. Loin de le desservir, cela permettra de l’asseoir dans le paysage politique local. Il apprend beaucoup aux côtés de Paul Masson, sénateur et ancien préfet de Région qui lui parle « comme un père à son enfant… [et l’assure] vous serez le prochain conseiller général ».
En 2001 réélu maire, il devient l’année suivante vice-président de la communauté de communes, et en 2004, repart naturellement au combat des cantonales, sans carte politique, face au maire de Pithiviers et Claude Laurent le sortant. Il se retrouve élu assez facilement avec le soutien du Président du Conseil général, Éric Doligé.
Tenté par les législatives en 2007, maintenant encarté au Parti Radical valoisien, il en est dissuadé par Éric Doligé. Il accède ensuite à la première vice-présidence du SDIS puis la présidence déléguée.
L’occasion de visiter tous les centres de secours, de rencontrer tous les élus et d’acquérir une dimension départementale. Ainsi, logiquement, il devient vice-président au Conseil départemental en 2011 puis premier vice-président après l’élection d’Hugues Saury. Il succède à ce dernier lorsqu’il devient sénateur en 2017. Il est réélu président (UDI) du Loiret en 2021.
Cela ne lui monte pas à la tête. Il demeure agriculteur avec l’aide de son frère ainé, se réserve les semis et les récoltes, et assure la présidence d’une Cuma, coopérative d’utilisation de matériel agricole. Il y retrouve ses racines, les paysages de plaines, les discussions avec les collègues agriculteurs. Il l’affirme, il renoue dans ces moments-là avec la simplicité et le bon sens. De retour au bureau du département, il se bat contre les dispositifs compliqués, les règlements, les normes que toute administration cherche à produire.
Car, il l’affirme « Je refuse les machins lourds à porter. Notre action doit être lisible et compréhensible.»
Toujours la simplicité à son image.