Jean-Pierre BOISOTEAU Consultant en management des Ressources Humaines
Une enquête réalisée en novembre dernier par « opinionway » pour un de ses clients — à propos « des actifs et des conditions de travail flexibles » — indique qu’en moyenne ces actifs passent six heures par semaine dans des réunions en mode synchrone (téléphone, visioconférence, réunion et réponses en temps réel). Ce qui représente une demi-journée pour certains et presque une journée pour d’autres !
Mais l’étonnement majeur se situe dans l’estimation du temps perdu en réunion synchrone non justifiée : cinq heures. Énorme !!! Et il ne s’agit que d’une moyenne.
Qu’est-ce que la confirmation ?
C’est notre culture, nos certitudes, notre tendance à juger plutôt que comprendre. Nous cherchons plus à trouver les éléments qui confirment notre avis plutôt que ce qui nous permettraient de découvrir des terrains inexplorés.
Les confirmateurs considèrent que leur manière de faire vaut pour toujours, ou se désolent d’un passé soi-disant bien meilleur que le présent !
Les personnes confirmatrices cherchent des « alliés », des individus comme eux, donc des confirmateurs qui évidemment vont leur donner raison. Une expression souvent utilisée de leur part : « vous serez bien d’accord avec moi… »
Quelques exemples pour bien cerner le sujet – la situation – :
- Un agent d’une collectivité ; à propos d’un chef de service nouvellement recruté ; va exprimer tous ses regrets du temps de l’ancien responsable. En confirmant son opinion vers ceux qui veulent bien l’entendre, il se rassure par le sentiment d’être dans le vrai.
- Un individu en formation va chercher dans le programme toutes les postures ou tous les acquis qu’il possède. Il exprimera son impression d’avoir perdu son temps puisqu’il n’a rien appris de plus que ce qu’il savait déjà.
- Un participant à une réunion se cantonnant dans le silence, sans critique constructive qui permettrait d’apporter de nouvelles et bonnes idées. C’est après la réunion qu’il va essayer de rallier les autres à sa cause, en exprimant ce qu’il aurait fallu décider.
Jacques Prévert illustre parfaitement la confirmation ; par un de ses personnages ; dans son livre « Paroles » : « Il suivait son idée. C’était une idée fixe et il était étonné de ne pas avancer ! »
Chaque organisation est confrontée à la confirmation. Le nouvel employé cherche à « s’installer » dans son rôle le plus rapidement possible. Au début de sa prise de poste, il sait qu’il va devoir s’adapter, réaliser des concessions, faire de nombreux efforts de compréhension, d’apprentissage. Mais très vite, il va essayer non plus de s’adapter mais d’adapter son entourage à ses idées, à ses actes. Il va chercher à confirmer sa position, d’ailleurs on dit bien « vous êtes confirmé dans votre poste ». Regardez autour de vous, le nombre important de personnes qui protègent leur territoire, leur us et coutumes, leurs rituels.
L’absence de remise en cause constitue le danger majeur d’un confirmateur. S’il est seul, c’est dommage pour la collectivité mais la masse estompera les conséquences. Le plus grand des périls s’inscrit lorsqu’un groupe se compose d’un trop grand nombre de confirmateurs !
Les managers ont un rôle majeur à ce propos. Le sujet concerne le changement et ses résistances. Lors d’un changement en profondeur, la chance de le réussir réside dans la capacité à convaincre ces « râleurs » du changement —souvent majoritaires en nombre — et les amener à identifier les bienfaits du nouveau paysage.
Chaque société (au sens nation) doit fait face à bon nombre de sujets et se heurte à la confirmation : l’âge de retraite, l’agriculture et l’environnement, le type d’énergie à produire, la réindustrialisation, la qualité de l’enseignement ou de la justice, la gestion des territoires et des services publics…
Sortir de la confirmation nécessite une vraie remise en cause, de la curiosité et d’accepter la différence. Les confirmateurs sont souvent convaincus de détenir la vérité. Par peur, par orgueil, ou souvent par une attitude « moutonnière ». il devient très difficile de les faire changer d’avis.
C’est possible si vous avez l’ouverture qui leur manque. Avec douceur, aidez-les à s’ouvrir, à sortir des sentiers battus, à découvrir de nouveaux horizons, à combattre leurs croyances limitantes !