L’évaluation d’impact est le sujet phare du moment et s’est même invité à l’Assemblée Nationale pour le Sommet de la Mesure d’Impact*. Pour les organisations à but non lucratif, c’est une étape incontournable pour démontrer leur transparence et leur efficacité. Pourtant, valoriser l’impact social n’est pas évident, en particulier pour les projets à impact indirect. De plus en plus utilisée en France, la méthodologie Social Return on Investment (SROI) est une approche innovante qui peut s’avérer utile comme en témoigne l’association Solinum.
Valoriser l’impact social : un exercice complexe
Il n’est pas rare que les projets à impact social soient perçus comme de simples coûts. Cette situation révèle avant tout la difficulté de nombreuses organisations à évaluer et valoriser leur impact. Lorsque l’association Solinum s’est lancée dans l’évaluation de son projet Soliguide (la première cartographie de la solidarité), le défi était de taille. Soliguide est un outil numérique avec un service indirect : il permet aux personnes d’accéder à l’information leur permettant ensuite d’accéder à un service. Difficile alors de passer par de “simples” calculs, comme une distribution alimentaire peut le faire en mesurant le volume de denrées distribuées.
Comment dans ce cas prouver son efficacité ? L’association a opté pour une approche innovante, le Social Return On Investment (SROI), qui permet de mesurer les résultats sociaux et environnementaux d’un projet, en prenant en compte les ressources investies et les résultats financiers et sociaux. Et donc de valoriser la valeur sociale créée au regard du coût. Comme l’explique Elise LECLERC, Directrice du Laboratoire Evaluation et Mesure d’Impact Social et Environnemental (E&MISE) de l’ESSEC, « l’approche SROI est une approche participative militante de la monétisation qui consiste à impliquer les parties prenantes dans les hypothèses de valorisation monétaire et à valoriser tous les impacts sociaux, mêmes ceux qui n’ont pas de prix sur le marché tels que l’augmentation de la dignité ou la reprise de confiance en soi. Elle se base sur l’idée que même si un impact n’a pas de prix, il a une valeur. « .
Autre avantage, le SROI permet de concilier la complexité de l’impact et la simplicité du résultat, compréhensible pour tous. Le calcul du SROI de Soliguide a mis en évidence que pour 1 euro investi dans le projet, 1,93 euro de valeur sociale sont créé à minima. Derrière ce chiffre se trouvent une multitude d’impacts mais on comprend directement l’effet positif du projet sur la société au regard des contributions.
A chacun sa méthode !
Le SROI peut être une approche judicieuse pour aller plus loin dans la prise en compte des impacts comme le montre l’exemple de Solinum. La mise en place d’une telle évaluation nécessite toutefois des ressources pour collecter et analyser les données, ainsi qu’une rigueur méthodologique dans la valorisation des impacts. Elle peut s’avérer coûteuse et ne convient pas à tous les projets.
Imposer le SROI de manière généralisée pourrait accentuer les inégalités entre les associations et encourager les abus dans les impacts mesurés. En évaluation d’impact, il n’existe pas de recette magique. C’est bien dans la diversité des méthodologies d’évaluation que se trouve la richesse de ce champ d’étude, permettant de s’adapter aux moyens, objectifs et caractéristiques de chaque projet.
Pour en savoir plus : solinum.org
*https://impact-tank.org/sommet/