L’espace public, l’atout oublié
L’information dématérialisée permet de la rendre accessible depuis n’importe où et par tous… en théorie. Dans les faits, quel·le directeur·rice de la communication n’a pas regretté le faible nombre de visiteurs du site Internet du Département ? Si les administrés ne viennent pas au Département, le Département peut-il aller à leur rencontre, numériquement parlant ?
« Les collectivités locales ont un atout qu’elles n’utilisent pas toujours assez lorsqu’elles élaborent leur stratégie de communication numérique : l’espace public » explique Arnaud Chevailler, directeur marketing de Lumiplan, société spécialiste de la communication citoyenne. Si la communication numérique est appréhendée la plupart du temps exclusivement à l’aune d’Internet avec le site web en tant que système central et les réseaux sociaux comme ses satellites, c’est que les Départements n’ont pas toujours le réflexe d’inclure des écrans physiques dans leur dispositif global.
« Les informations diffusées par des écrans physiques sont visibles par tous ceux qui passent devant, ça peut faire beaucoup de monde sur une année ».
L’exemple sarthois
La commune d’Allonnes située en périphérie du Mans a décidé de déployer un panneau d’information sur la voie publique et des écrans à l’intérieur des structures publiques du centre-ville (à l’Hôtel de Ville, à la piscine et à la médiathèque) ainsi qu’à la Maison des habitants et des services publics, au sud de la ville. Pour Françoise Thiaville de la Direction Démocratie et Communication d’Allonnes, ces écrans vont au contact d’un public qui ne lit pas le magazine papier ni ne consulte le site web ou le compte Facebook de la Ville. « Lorsqu’on questionne les gens lors d’événements sur la façon dont ils ont eu l’information, ils nous disent qu’ils l’ont vue sur les écrans. C’est la meilleure preuve que ça marche ».
Pour Arnaud Chevailler, déployer des points d’information dans les lieux clés de la collectivité équivaut à éditorialiser le territoire pour se donner la capacité de diffuser des contenus au bon endroit et au bon moment. En résumé, communiquer dans le monde réel avec les pratiques du cloud.
Extension du domaine du réel
Les espaces éligibles pour créer des points d’information départementaux se classent en trois catégories précise Arnaud Chevailler :
- Les propriétés départementales (collèges, bâtiments administratifs, maison des solidarités, voirie, aires de covoiturage, etc.),
- Les propriétés des partenaires institutionnels comme les bailleurs sociaux par exemple,
- Les propriétés communales et intercommunales via un conventionnement sur la base d’un financement partiel ou total et d’un partage du temps de communication des écrans.
« Une stratégie de communication numérique qui investit l’ensemble du territoire en s’appropriant l’espace public grâce à des écrans aux couleurs du Département s’en trouvera renforcée » et bénéficiera d’une double proximité : géographique en étant au plus près des lieux de vie et des déplacements, et une proximité temporelle avec des messages en temps réel.
Marshall McLuhan n’avait-il pas théorisé que « le message, c’est le médium » ?