Consultant auprès des collectivités locales et des intercommunalités en Attractivité et Communication. Ancien DirCom (Issy-les-Moulineaux, Saint-Étienne, C.U. Caen la mer) et Chargé d’attractivité (Saint-Étienne Métropole, C.U. Caen la mer). Auteur (Territorial éditions) et chargé de cours (EM Normandie, Université Aix-Marseille, IEP Rennes, …).
Début 2018, la toute nouvelle mission Attractivité de la Communauté urbaine Caen la mer se dote d’une bannière collective
« Caen-Normandie », et se lance, entre autre, dans la préparation d’un évènement parisien pour y vanter la qualité de vie locale et ses opportunités professionnelles. Puis est arrivé aux oreilles des organisateurs le fait que le département du Calvados, via son agence Calvados Attractivité, avait le même projet, aux mêmes dates. Immédiatement, décision fut prise d’entrer en contact. Spoiler : un accord fut trouvé en un temps record (quelques heures) pour mutualiser opportunités, idées, moyens humains et surtout les deux budgets prévus. Après une 1ère édition en septembre 2018 sur le parvis de la Défense, l’opération se déroule désormais tous les ans, sous des formes diverses et dans des lieux variés, mais toujours en mettant en avant le nom « Caen-Calvados » comme synthèse des deux territoires.
Avec la même dynamique, il existe depuis 2021 un job dating à Paris, où Caen-Normandie et Calvados Attractivité mobilisent leurs entreprises et leurs offres d’emplois pour faciliter des recrutements qui s’avèrent difficiles, voire impossibles, en local. Cette opération, en réalité, s’appuie sur un troisième acteur, le département voisin de La Manche, via Attitude Manche, son agence d’attractivité. C’est d’ailleurs elle qui avait pris l’initiative de lancer ce type d’action auparavant et avait ainsi acquis un savoir-faire, reconnu et envié par les deux autres institutions. Elle avait aussi lancé l’idée, à l’attention de Caen et du Calvados, qu’un jour, pourquoi pas, une action commune pourrait s’envisager. Là encore, la balle a été saisie au bond. L’opération est depuis baptisée « Je m’installe en bord de mer » et a fait l’objet, comme l’autre, d’un accord politique tripartite quasi immédiat et enthousiaste !
Que nous enseignent ces deux exemples ?
– D’abord, pourquoi essayer de faire ou de refaire, en moins bien parfois, ce que d’autres font déjà avec talent et réussite, notamment si le constat de l’existence d’intérêts communs est posé et partagé ?
– Autre fait à reconnaître : les atouts des uns peuvent devenir ceux des autres. Il s’avère que si Caen-Normandie utilise parfois, pour l’externe, le Mont Saint-Michel ou la Suisse Normande, pourtant hors de son périmètre, La Manche comme le Calvados ne manquent jamais d’expliquer à leurs cibles l’intérêt d’être proches du bassin de vie caennais qui concentre, à l’échelle de l’ancienne Basse-Normandie, emplois, commerces et services.
– C’est une évidence, tout le monde peut avoir à y gagner, car ce qui bénéficie à l’un peut bénéficier à l’autre. La configuration du Calvados et le poids économique et démographique du bassin de Caen font que tout nouvel arrivant sur le département bénéficiera forcément à l’agglomération caennaise, qu’il s’agisse de tourisme local, d’emploi, de logement ou d’utilisation des services ou des commerces. Et la réciproque est vraie également. La réussite de l’attractivité du département est donc indispensable à la réussite de celle de Caen-Normandie. Là encore, réciproquement.
– Les limites administratives valent peu face à la réalité du vécu des territoires. Ainsi, il a été assez simple de démontrer, chiffres à l’appui, l’importance des liaisons quotidiennes entre Caen et La Manche, les habitants n’ayant pas attendu des accords officiels pour, à leur guise, habiter d’un côté et travailler de l’autre !
– Enfin, cela démontre que le marketing territorial, qui n’est pas un sport de combat, n’est pas non plus un sport individuel. C’est tout un collectif qui joue, en sachant mettre de côté les individualités (donc les égos territoriaux et institutionnels) et qui n’a qu’un seul but, la victoire commune pour des retombées positives à partager avec tout le monde. Partant de cela, imaginons le rôle positif de faire-valoir des départements au bénéfice de leurs divers territoires. En somme, des chefs de file généreux, presque désintéressés, mais surtout conscients d’être d’abord au service de toutes leurs composantes.