L’image du département évolue mais demeure dégradée, et nous sommes confrontés, comme d’autres, à d’importantes difficultés de recrutement.
Pourquoi une telle campagne de promotion un peu inattendue et décalée ?
L’image du département évolue mais demeure dégradée, et nous sommes confrontés, comme d’autres, à d’importantes difficultés de recrutement.
Cela concerne d’abord les métiers du social. C’est vrai dans tout le pays, mais cela a des conséquences plus graves dans un département comme la Seine-Saint-Denis
Nous sommes aussi confrontés, paradoxalement, à d’autres difficultés de recrutement liées au dynamisme de la Seine-Saint-Denis qui concentre de nombreux chantiers, un ensemble de grands projets qui vont accélérer la transformation du territoire dans les dix années à venir. C’est vrai avec les événements sportifs (coupe du monde de rugby et Jeux Olympiques), mais aussi avec les gares du grand Paris Express…
Il y a donc une pénurie de candidats, d’abord dans le social, mais aussi dans d’autres secteurs. Aujourd’hui, plus de 200 postes sont à pourvoir au sein de la collectivité : travailleur social, auxiliaire de puériculture, éducateur de jeunes enfants, mais aussi de chargé de projets Jeux Olympiques et Paralympiques, chargé d’études eau et assainissement, technicien en aménagement paysager en maintenance, éco-gardiens, juristes, chef de services contrôleur de gestion… …
Pour répondre à ces difficultés, nous agissons à plusieurs niveaux. En 2023, nos dépenses de personnels atteignent un montant historique de 370 M€ qui nous permet d’appliquer les mesures réglementaires, mais aussi des mesures volontaristes pour valoriser le travail des agents, les faire venir, les faire rester. Par exemple, nous allons beaucoup plus loin que ce que demande le Ségur pour valoriser les rémunérations des métiers des solidarités et de la santé.
Nous agissons aussi dans d’autres domaines : apprentissage, accueil de stagiaires, alternance avec d’autres partenaires, et même des dispositifs spécifiques pour former, avec notre nouvelle école des Conseillers en Insertion Professionnelle à Pantin.
Il nous a semblé indispensable de lancer une campagne de communication pour sortir des canaux habituels et toucher un public différent.
« si vous partagez cette préoccupation de justice sociale, d’écologie…, c’est le moment de venir nous rejoindre. »
Que signifie cette expression : bifurquer vers la Seine-Saint Denis ?
Pour recruter on s’est dit qu’il fallait innover. Plutôt que de mettre le traditionnel portrait d’un agent, on a utilisé le terme d’actualité « bifurquer » en lui donnant trois sens :
Bifurquer vers la Seine-Saint-Denis.
Pour dépasser les images fausses sur le département. J’ai parlé du dynamisme de ce territoire. Je ne connais pas d’autre territoire qui va concentrer sur une décennie autant de transformations, autant d’investissements publics et privés.
Bifurquer vers le service public
Les réactions des élèves d’Agro Paris-Tech qui s’interrogeaient sur le sens de leur travail m’ont beaucoup frappé. Du reste, je leur avais écrit une lettre en leur proposant de venir construire en Seine-Saint-Denis, pour trouver du sens à son travail… Donc au travers de Bifurquer vers la Seine-Saint-Denis, il s’agit de dire : « si vous partagez cette préoccupation de justice sociale, d’écologie…, c’est le moment de venir nous rejoindre. »
Bifurquer vers les métiers du social, de la solidarité et de l’environnement
Les défis considérables de transformation que nous avons évoqués vont provoquer des cassures territoriales entre les parties dynamiques et celles plus fragiles. Or, il faut faire grimper tout le monde ensemble. Pour cela nous avons besoin de services publics innovants, dynamiques portés par des professionnels engagés.
Quels sont les résultats de cette campagne ?
Cette campagne a très bien fonctionné. Nous n’avons jamais eu autant de succès sur les réseaux professionnels.
Mais nous sommes encore bridés par des contraintes juridiques, certains dispositifs qui existent dans la fonction publique d’Etat ne peuvent pas être appliqués dans les collectivités territoriales. Je pense aux contrats de trois ans ou aux CDI, plus compliqués à mettre en place dans les collectivités. Le contrat d’un an renouvelable d’un an n’est pas attirant.
L’image de la Seine-Saint-Denis se transforme. La dynamique de transformation du territoire compense des aspects négatifs.
S’agit-il d’une démarche de marque territoriale ?
Effectivement, la marque territoriale est un outil de RH et de management utile pour les équipes. Mais surtout l’image de la Seine-Saint-Denis se transforme. La dynamique de transformation du territoire compense des aspects négatifs. Désormais, il y a l’implantation des entreprises, mais aussi le bouillonnement culturel, l’innovation sociale, la créativité, l’économie sociale et solidaire et la transformation urbaine.
Cette démarche rejoint la réflexion de JOBPUBLIC (voir l’article de présentation dans ce numéro) qui va mettre en avant la marque territoriale.
Difficile d’attirer de nouveaux candidats dans le contexte actuel sans vendre les métiers et la collectivité