Au-delà des incitations financières aux résultats plus que mitigés, une multitude de dispositifs a porté sur l’amélioration de la démographie médicale, l’optimisation du temps médical et le renforcement du maillage de l’offre de santé dans le cadre des dernières mesures phares du plan « Ma santé 2022 » qui vont dans le bon sens pour pallier les déserts médicaux.
Amélioration de la démographie médicale
S’agissant de la démographie, le numerus clausus a été supprimé à la rentrée 2020. Dorénavant, le recrutement des étudiants se fait de façon progressive au cours du premier cycle et à partir de cursus diversifiés.
Sur le papier, cela devrait permettre un accroissement de 20 % des effectifs des médecins formés modulo quelques détails : les effets de cette hausse ne se manifesteront que dans une dizaine d’années, rien ne dit qu’elle profitera à la formation des généralistes, il n’est pas certain que l’augmentation prévue sera suffisante pour faire face à la fois à la demande de santé en hausse progressive et à la baisse du temps médical disponible. Enfin, compte tenu de la liberté d’installation et des différences d’attractivité entre territoires, l’augmentation du quota de médecins formés ne garantit pas nécessairement de nouvelles installations dans les zones sous denses.
Le plan Ma Santé 2022 prévoyait de recruter, à brève échéance, 400 médecins généralistes à exercice partagé ville hôpital dans des territoires fragiles, afin de pallier le manque de médecins dans ces déserts médicaux.
Mais, contrairement à ce que l’on a longtemps pensé, l’exercice mixte n’est pas forcément si attractif pour les médecins. Peu de candidats se sont manifestés.
Enfin, la liberté d’installation des médecins libéraux, est un sujet régulièrement invoqué dans le débat public mais systématiquement remis sous le boisseau…
Optimisation du temps médical
La principale piste crédible et rapide à mettre en œuvre pour compenser la présence insuffisante du corps des médecins sur un territoire est la délégation de compétences. Elle consiste à confier aux autres professionnels du soin – qui eux montrent une démographie positive – des tâches qui sont normalement dévolues aux seuls médecins.
Cette ouverture peut d’ores et déjà se prévaloir de belles réussites : le protocole de coopération entre ophtalmologistes et orthoptistes (voire opticiens), le suivi global de patients chroniques par les infirmières dans le cadre de l’Association de santé libérale en équipe (ASALEE), les infirmiers en pratique avancée (IPA), la délégation de compétences entre le radiologue et le manipulateur d’électroradiologie médicale ou encore le statut de « pharmacien correspondant » qui lui confie le suivi et l’ajustement du traitement de patients chroniques, et depuis peu la vaccination.
Il est également prévu la création de 4000 postes d’assistants médicaux qui devait libérer du temps médical pour les praticiens, en les déchargeant de tâches administratives et de coordination, mais aussi de certaines tâches « pré-médicales » : prise de tension, pesée, mesure de taille, mise à jour du dossier du patient concernant les dépistages, …
Un maillage renforcé
Le renforcement du maillage de l’offre de santé repose principalement sur le déploiement des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) dont l’enjeu est double : structurer l’offre de soins de proximité et favoriser des prises en charge coordonnées et pluriprofessionnelles sur les territoires. Il est prévu que 1 000 CPTS maillent le territoire national à l’horizon 2022…
Par ailleurs, en 2020, les premiers « hôpitaux de proximité » sont labellisés, avec l’objectif de reconnaître 500 à 600 établissements à terme. Ils assureront des missions hospitalières de proximité pour les soins du quotidien : médecine polyvalente, soins aux personnes âgées, soins de suite et de réadaptation, consultations de spécialités, consultations non programmées, et devront disposer d’un plateau technique de biologie et d’imagerie, d’équipes mobiles et d’équipements en télémédecine. Les hôpitaux de proximité devraient accroître l’attractivité des territoires concernés.