La gestion des trains franciliens par la Région Île de France est sous le feu des critiques : en cause, une fréquence amoindrie sur les différentes lignes qui empoisonne la vie des usagers, dans le but probablement de réaliser des économies budgétaires.
Si l’Île-de-France reste à part, avec 2.7 millions de voyageurs quotidiens en train représentant la moitié du total français, on a bien une perception généralisée d’une baisse de fréquence, de lignes supprimées, de prix augmentés et de trains surpeuplés. Nous nous sommes donc demandés comment cette perception touchait les différents territoires.
Lorsque nous analysons la tonalité de l’expression citoyenne sur le train dans Mon Avis Citoyen, qui compte des centaines de milliers d’expressions sur ce thème, elle varie peu d’une Région à l’autre.
On serait tenté d’en conclure que les autorités régulatrices de transport auraient bien « fait le boulot » en matière d’aménagement du territoire depuis les lois SRU, NoTRE et MAPTAM.
Car, s’il y a des différences évidentes en termes de réseaux et de services d’une région à l’autre, la satisfaction citoyenne est équivalente d’une région à l’autre, ce qui semble contre intuitif.
Mais les choses sont-elles si simples ? Nous n’avons pas résisté à l’idée de regarder département par département si cette assertion restait vraie. Pour cela, nous avons classé les départements :
- Selon la nomenclature de l’ANCT en 3 catégories : « urbain », « rural » et «intermédiaire »,
- Et selon la tonalité de l’expression citoyenne sur le train, en 4 catégories, selon la tonalité plus ou moins positive de l’expression citoyenne par département
On démontre ce qu’on pressentait : les disparités réelles au niveau territorial sont donc nettement plus perçues par les habitants au niveau départemental qu’au niveau régional.
Comme si les lois de décentralisation avaient instauré un certain « Colbertisme des Régions », qui favorisent leurs aires urbaines et métropoles selon les principes sacrés de l’attractivité, du tourisme et de l’emploi.
Ce sont les régions, au centre desquelles les départements urbains, qui ont hérité de cette compétence. Mais le train est aussi et surtout une problématique de proximité et du quotidien : il nécessite écoute, attention et proximité, qui sont des principes nouveaux pour les administrations régionales, plus habituées à gérer stratégiquement.
Il revient donc aux Régions de corriger les déséquilibres que l’on connaît actuellement et de revenir ainsi à envisager le ferroviaire à l’échelle départementale comme un service public et non simplement comme outil d’attractivité pour la métropole centrale.
On imagine que les Départements seront tous prêts à les soutenir dans cette voie !
La comparaison de ces tableaux est riche d’enseignements :
- Les départements ruraux représentent 55% des départements, mais 79% des départements les moins bien évalués : les habitants des départements ruraux se sentent très nettement « oubliés » !
- Les départements intermédiaires se sentent bien servis : 43% sont très satisfaits alors qu’ils ne représentent que 28% des départements.
- Les départements urbains sont 14% des très satisfaits, alors qu’ils ne représentent que 17% des départements… et qu’ils sont les mieux servis. Ils sont sous-représentés dans les catégories les moins bien notées.