Les déserts médicaux géographiques créent de multiples situations critiques dans la prise en charge des patients.
L’impossibilité de s’inscrire auprès d’un nouveau médecin traitant.
La situation relative au médecin généraliste est paradoxale.
Depuis la loi du 13 août 2004, ce dernier est choisi la plupart du temps comme médecin traitant et se trouve au cœur du système de santé. Il joue un rôle de pivot, à la fois point d’entrée dans le « parcours coordonné de soins » et responsable de l’orientation des patients.
Or, aujourd’hui, près d’un médecin traitant sur deux refuse de prendre de nouveaux patients, et 20 % des Français n’ont pas de médecin traitant.
Des délais d’attente jugés interminables pour obtenir un rendez-vous.
Face à ces difficultés (délais d’attente trop longs et manque de médecins à une distance raisonnable de son domicile), près de la moitié des patients auraient reporté ou renoncé à des soins, avec des conséquences sur l’état de santé individuelle et collective complexes à mesurer.
Un nombre de passages aux urgences qui explose
Dans ce contexte en tension, devant la difficulté à trouver un rendez-vous le jour même avec un généraliste pour des soins non programmés, les urgences deviennent les interlocuteurs de première ligne.
L’évolution sociétale valorise l’immédiateté des soins. Ainsi, les patients vont aux urgences parce que c’est pratique, rapide, et qu’ils savent qu’ils auront facilement accès à d’autres services de soin.
Chemin faisant, le nombre de passages aux urgences en France a doublé en vingt ans.
Sachant que plus de 20 % des consultations de soins primaires non programmées (chiffre en progression constante) viennent à tort aux urgences hospitalières, le système de santé se retrouve actuellement dans une impasse.
Les inégalités d’accès aux soins constituent un enjeu majeur. Elles sont dans une certaine mesure d’ordre géographique.
Les disparités d’accès au médecin généraliste ne sont pas liées à des disparités régionales, mais à des différences marquées selon le type d’espace. En effet, c’est dans les communes rurales des périphéries des grands pôles et dans les communes hors influence des pôles que la part de la population ayant l’accessibilité la plus faible aux médecins généralistes est la plus grande.
D’autre part, ces inégalités sont d’ordre social et touchent les personnes en situation de précarité, les personnes handicapées qui ont des difficultés d’accès aux soins dentaires, gynécologiques et ophtalmologiques, les personnes souffrant de troubles psychiques, les populations étrangères ne maîtrisant pas la langue française, les détenus, …
On est souvent au cœur d’un désert à la fois médical et médico-social.