Lieu, charmant, confortable, à la décoration raffinée, le bar permet de se retrouver dans une atmosphère calme. Nous avons choisi un petit coin isolé.
François Durovray, arrive, décontracté, le regard direct.
A l’heure de l’apéritif, il commande un Perrier. Et l’on attaque directement l’interview. Il déteste les fioritures inutiles et en l’écoutant parler je comprends que comme ces époux qui finissent par se ressembler, il est à l’image de son département.
Il naît un peu après celui-là en 1971. La création de l’Essonne, elle, date de 1968, avec la division en trois de l’important département de Seine-et-Oise. Le village de 2000 habitants d’Evry-Petit-Bourg devient Préfecture.
Ils partagent donc la jeunesse, celle de l’institution et celle des habitants, et les capacités de transformation. Ici, il faut penser construction et création de collèges avec plus de 20% de la population qui a moins de 15 ans. Et 58% moins de 45 ans.
On semble loin des préoccupations des départements ruraux touchés par le vieillissement et la chute démographique.
François Durovray appartient à une famille catholique, peu touchée par la chose politique.. Et ses parents le voient s’y intéresser avec une certaine réserve. « La politique, ce n’est pas un métier ! »
« La politique ? Non, ce n’est pas un métier, mais une passion. »
Non, ce n’est pas un métier, mais une passion. La certitude qu’il s’agit du moyen pour faire évoluer les choses. Il découvre la politique par un ami qui l’entraîne à un rassemblement. C’est décidé : il s’engagera. Mais pas du bout des lèvres, avec détermination et volonté, en militant convaincu. Il passe par toutes les étapes et devient responsable des jeunes RPR de l’Essonne à 19 ans.
Très logiquement, il va choisir de suivre des études dans le domaine de la chose publique. Il obtient un diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) de droit public, gestion des collectivités locales, à l’Université Panthéon-Sorbonne.
Par la suite, il devient à 24 ans directeur de cabinet de Nicolas Dupont-Aignan à la mairie d’Yerres. Un NDA alors Républicain nous précisera-t-il.
Mais pour être utile, il faut s’engager dans la vie politique. Ne pas rester dans le rôle de conseil ou de gestionnaire. Alors, il franchit le pas et devient premier adjoint de la ville de Yerres en 2001 et conseiller général de l’Essonne. Ses collègues l’élisent à la présidence de l’opposition départementale, qu’il animera jusqu’en 2008.
En 2007, il quitte un mandat confortable pour partir à la conquête d’une ville voisine, Montgeron, se présenter aux élections municipales. Il trébuche de 24 voix et dirige ensuite l’opposition municipale pendant sept ans.
En 2010, il est choisi par Valérie Pécresse et Nathalie Kosciusko-Morizet pour se présenter aux élections régionales. Elu Conseiller Régional d’Île-de-France, il est nommé porte-parole et responsable des questions de transports, ce qui lui permet de s’affirmer, notamment, comme l’un des meilleurs connaisseurs du dossier RER, n’hésitant pas à proposer des solutions originales comme l’achat de six rames à la Région Nord-Pas de Calais pour soulager le RER D.
En janvier 2014, il est élu maire de Montgeron, sa liste obtenant 58,26 % dès le 1er tour.
En 2015, il devient Conseiller départemental du canton de Vigneux et est alors élu président du conseil départemental de l’Essonne, face au candidat désigné par son parti, Georges Tron.
Il est réélu à ce poste en 2021. Il est aussi membre du conseil de surveillance de la Société du Grand Paris, administrateur d’Ile-de-France Mobilités et président de l’association Grande Couronne Capitale qui regroupe tous les départements d’Ile-de-France.
Une vie, un département en milieu urbain donc ! Mais François Durovray nous arrête immédiatement. Limiter l’Essonne à l’urbain, à la proximité parisienne, prouve une méconnaissance de la réalité de l’homme et du territoire. Alors il nous parle des contrastes de ce département avec un côté septentrional très urbanisé, véritable banlieue parisienne et un sud, rural, véritable campagne (45% de son territoire en espaces agricoles). Une plaine de Beauce, terre nourricière du pays avec les céréales et les légumes. Et François Durovray se sent rural et urbain.
Mais le sujet qui le passionne reste celui du transport. Lui, le gaulliste social, paraphrase et affirme « Tout le monde a été, est ou sera de passage en Essonne ! » Car l’Essonne est au centre d’un vaste de transports et d’échanges qui lui donne une situation stratégique. Il y a Orly, bien sûr, mais aussi deux autoroute A6 et A10 et la liaison par la francilienne, ce qui met Paris à moins d’une demi-heure et permet de contourner Paris pour rejoindre les autoroutes du nord et de l’est. Et puis aussi trois RER et Massy, véritable nœud ferroviaire.
Il a encore beaucoup à nous dire. Le plateau de Saclay, les lieux de formation et de recherche, les atouts touristiques, mais il accepte de parler aussi de lui et de politique.
Pour regretter un « assèchement de la vie politique ». La disparition des partis, lieux de confrontation et de formation. Là se créait la pensée et le corpus politique. Il soutient la démarche de Xavier Bertrand ou d’Aurélien Pradié, cherchant toujours à privilégier les convictions à un calcul personnel.
Du reste, avec son parcours, il semblerait logique qu’il aspire à un poste de ministre des Transport. Mais, il ne semble pas y penser, même quand il se rase.
« Si je me suis engagé, c’est parce que j’aime les gens, j’aime aider, trouver des solutions. Vous savez, cela se voit quand on fait semblant. »
Au moment de quitter le bar, il entame la conversation avec un passionné de boxe installé à la table voisine et ils se trouvent des points communs. On a l’impression qu’il aimerait continuer la conversation, mais le planning d’un Président de département est chargé. On l’attend déjà pour un dîner avec des maires.