Terre drapée de vert et d’or, de gorges et de chênes vénérables, l’Allier est un des berceaux de la nation française.
La rivière Allier, dévalant le massif central vers le nord, est souvent considérée comme la dernière grande rivière sauvage d’Europe. Son lit n’est pas contrôlé, libre de ses mouvements, libre de faire des méandres dans la plaine qui s’étalent avec indolence ou fureur, selon son débit.
Un peu plus à l’est, la Loire tranquille s’écoule et au sud-ouest, le jeune Cher creuse des gorges spectaculaires, garnies de truites et de ravins.
Pendant des siècles, les tribus gauloises se sont disputées avec ardeur ces terres riches en torrents, forêts et rivières. Mais dans notre ère, cette contrée fut surtout le fief de la famille des Bourbons, dynastie des rois de France et d’Espagne depuis Henri IV.
Les habitants de l’Allier se font d’ailleurs appeler « les Bourbonnais ».
Trois agglomérations s’y distinguent par leur population. Montluçon, cité industrielle sur le Cher, Vichy, station thermale sur l’Allier et Moulins, la préfecture, ancienne capitale du duché des Bourbons.
D’une variété inouïe, les paysages de l’Allier offrent la plus vaste réserve naturelle régionale d’Auvergne. On y observe des milans au milieu de peupliers noirs, des sternes pierregarin sur les bancs de galets, des rainettes verte dans le bras d’une rivière, des castors d’Europe ou la majesté d’un grand cerf dans la brume matinale de la forêt de Tronçais.
Du sud vers le nord, on chemine dans six régions naturelles qui rivalisent de merveilles et de légendes.
Dans la Montagne bourbonnaise, les sommets dépassent encore allégrement les 1300 mètres. Les villages médiévaux s’amusent du clapotis des rivières qui déroulent, entre les collines moyennes, de vertes vallées peuplées de chênes, de sapins et de châtaigniers.
La montagne cultive un certain mystère… Pierres druidiques, grottes des fées et menhirs. On dit que c’est la région de France qui a conservé le plus grand nombre de contes locaux et légendes orales.
Un peu plus à l’ouest, la Limagne bourbonnaise annonce le Val d’Allier, fertile et vert. Petite mention spéciale pour le bourg de Lapalisse qui, quand nous gagnions le Beaujolais familial – a marqué mon enfance pour toujours.
La Combraille, autrefois Haut-bourbonnais, forme une région de basse montagne avec collines et gorges qui s’inclinent vers le nord et l’est. Puis on entre dans le fameux Bocage bourbonnais, la plus grande région du département.
Autour de Montluçon, de petits espaces agricoles sont séparés par des haies qu’on appelle des bouchures. Le bocage est aussi remarquable pour sa richesse en bois, dont la forêt de Tronçais, plus grande chênaie d’Europe et la Chataigneraie d’Huriel.
Enfin, entre les rives de l’Allier et de la Loire, s’étend la Sologne bourbonnaise, écrin de bas plateaux alternant prairies, bois et étangs. Cette terre humide offre un paysage rural et sobre au contact du Morvan et du Charolais voisin.
Comme pour tous les pays richement pourvu en patrimoine naturel, la préservation de l’équilibre de la biodiversité est un enjeu majeur pour le département.
Mais la question énergétique et la préservation des sols constituent aussi des enjeux critiques qu’il ne faudrait pas sous-estimer, car les humains qui vivent là, ont une passion pour leur terre.
Véritable carrefour naturel et culturel, l’Allier se situe dans le croissant linguistique.
Point de rencontre entre le nord et le sud, l’est et l’ouest, la terre et l’eau, l’Allier est un joyau immémorial qu’il nous faudra toutes et tous préserver encore.