Terre fertile mais meurtrie, qui brille par son orgueil et ses légendes, entre la frontière belge et l’Ile de France. Prononcé comme la lettre « n », le nom de baptême de ce département est hérité comme l’Essonne de la déesse gauloise des rivières Acionna, qui a donné Aisne.
Quatre grands cours d’eau y creusent les vallées qui sculptent le paysage: l’Aisne à Soissons (280 km), la Somme à Saint Quentin (245 km), l’Oise à Hirson (330 km), la Marne à Château-Thierry (525 km).
Cette contrée fraîche et contrastée porte un passé intimement lié à l’histoire de France. Théâtre de la légende de Clovis, terre natale supposée de Charlemagne, patrie de La Fontaine, d’Alexandre Dumas ou encore de Racine, et champ de mars des deux guerres mondiales.
En 2022, l’Aisne comprend une ville moyenne (Saint-Quentin) et trois cités historiques (Soissons, Laon et Château-Thierry). La forêt occupe 19% du territoire, bel amalgame d’essences résineuses et feuillues, comme dans la grande forêt de Retz.
Ailleurs, on contemple de vastes champs de blé, betteraves et pommes de terre, aux couleurs bigarrées. Sans oublier les vignobles de champagne, au sud, en amont de la cité poétique de Château-Thierry (ici à Trélou).
Meurtrie par la Première Guerre au Chemin des Dames, le département n’a retrouvé que tardivement sa population de 1900.
Mais la ville de Laon, perchée à l’italienne dans le nord, demeure prodigieuse. Victor Hugo écrivait : « Tout est beau à Laon, les églises, les maisons, les environs, tout…».
Autour de la cité de Soissons, les fermes, moulins, vendangeoirs et forêts rivalisent avec celles d’Ile de France.
Vers l’Est et le Nord, la Thiérache marque les contreforts du massif ardennais, paysage de bocages et de collines boisées où souffle la bise.
Car le climat de l’Aisne se mérite. L’ensoleillement et les températures moyennes sont parmi les plus faibles de France.
Heureusement, la cuisine y est gourmande.
Dans les « logis », les voyageurs partagent des tourtes aux poireaux, du filet mignon au fromage, du sauté de lapin ou un soissoulet arrosé de cidre de Thiérache.
La nature s’est toujours épanouie sur ces terres où se côtoient la flore de forêt, cerfs, renards, raton laveurs, insectes et papillons.
Mais l’Aisne pourrait être mieux équilibrée sur le plan écologique. On ne compte que 3000 ha de zones humides soit 0,5% du territoire et l’agriculture chimique a fortement réduit la biodiversité locale. L’INSEE estime que 19% de la population vit sous le seuil de pauvreté.
Peut-on y déclencher une immense transition écologique ?
Oui, ce territoire peut fleurir encore.
Mais il faudra pour cela réconcilier le passé et l’avenir.
Dans le berceau des Francs, protéger le terroir ne devrait pas se faire contre la diversité du vivant.
Rendons hommage à ce que nous devons à cette terre du nord, le 02.