L’Observatoire des violences faites aux femmes de Loire-Atlantique a présenté, le 16 septembre, les résultats de son état des lieux sur la prostitution des mineurs. Retour sur les chiffres clés de cette étude.
Entre 7 000 et 10 000 mineurs se livrent à la prostitution en France. La Loire-Atlantique n’échappe pas à cette problématique. Ainsi, 163 situations de mineurs en situation ou risque de prostitution ont été décrites par les professionnels du territoire ayant répondu au questionnaire en ligne de l’Observatoire des violences faites aux femmes1.
Les mineurs sont entrés dans le système prostitutionnel, en moyenne, lorsqu’elles/ils avaient 15 ans et sont restés un an et cinq mois en situation de prostitution. « Ce laps de temps correspond à l’âge moyen de repérage autour de 16 ans et 8 mois, ce qui démontre la nécessité d’un repérage précoce et d’une prise en charge efficace des mineurs en situation ou risque de prostitution », note l’étude.
Les signaux d’alerte les plus fréquemment repérés par les professionnels sont la consommation de drogues ou d’alcool par la mineure, un rapport au corps peu adapté, les fugues ainsi que l’absentéisme scolaire et la diminution des résultats scolaires.
Une prostitution cachée
Dans 6 situations sur 10, la prostitution de ces mineurs se déroule uniquement dans un espace privé : le plus souvent un hôtel, l’appartement d’un tiers, une location de type Airbnb. « Dans 2 situations sur 10, les faits de prostitution ont aussi lieu sur Internet », indique l’Observatoire.
Les réseaux sociaux constituent un moyen de prise de contact avec les clients et également un outil de « recrutement » par les proxénètes. Pour 15% des mineurs, le recrutement s’est effectué par un.e ami.e, elle/lui-même en situation de prostitution.
« De nombreux professionnels relèvent le phénomène d’embarquement ou de « rabattage » qui s’opère notamment dans les foyers de protection de l’enfance. Cette forme de proxénétisme représente la majorité des situations décrites de proxénétisme féminin », précise l’étude. La fugue est un moment de particulière vulnérabilité du/de la mineur.e : 4 mineurs sur 10 ont rencontré leur proxénète lors d’une fugue.
Les attentes des professionnels
Selon l’étude, 72% des professionnels interrogés estiment ne pas être suffisamment informés sur la loi en matière de prostitution. Ils sont 91% à juger ne pas être convenablement outillés pour repérer et répondre à une situation de prostitution de mineur. De plus, 8 professionnels sur 10 expriment le besoin de formation sur cette problématique.
Les professionnels interrogés souhaitent également un travail en réseau pour la prise en charge des mineurs par le biais notamment de référents au sein de chaque institution afin de faciliter la transmission d’informations. Enfin, 6 professionnels sur 10 souhaiteraient pouvoir recevoir l’appui de professionnels spécialisés.
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1 Le questionnaire en ligne était accessible du 15 décembre 2021 au 11 mars 2022 et a reçu 207 réponses de la part de 216 professionnels ou bénévoles travaillant dans une soixantaine de structures localisées en Loire-Atlantique.