Selon un rapport sénatorial de mars 2022, 30% de la population française vit dans un désert médical, et 11% des français majeurs n’ont pas de médecin traitant.
« Je n’arrive pas à trouver de médecin traitant », « Je n’arrive pas à avoir de rendez-vous chez un dentiste ou un ophtalmo », « Le généraliste de ma vieille mère prend sa retraite sans successeur : vais-je être obligé de la mettre en Ephad pour qu’elle soit soignée … »
Quel élu local n’a jamais été interpellé par ses administrés de la sorte ?
Nous le savons tous : le « désert médical » renforce l’anxiété et le sentiment d’abandon de beaucoup de nos concitoyens, partout en France.
Il nous a semblé intéressant d’objectiver ce sentiment en interrogeant la base Mon Avis Citoyen. Cette base se compose d’environ 9 millions d’expressions d’habitants sur leur territoire, collectées depuis 2016. Les habitants de tous les territoires de France s’y expriment en texte libre sur ce qu’ils y trouvent de positif et de négatif. C’est donc de l’expression spontanée.
Cette analyse nous permet de tirer 4 enseignements clés :
1) La santé : c’est LE thème de vie quotidienne qui monte depuis 2017 : on en parle de plus en plus !
L’expression spontanée est un moyen extrêmement précieux pour déterminer les priorités des citoyens : ils abordent les thèmes qui sont importants pour eux et passent sous silence les aspects qui les concernent moins. En moyenne, chaque habitant s’exprime sur 3 thèmes de politiques publiques.
En étudiant l’expression spontanée, on voit que le thème de la santé est celui qui connaît la plus forte croissance depuis 2017 : 3,5 fois plus d’expressions entre 2017 et 2022. Si le COVID a eu un impact sur le volume dans l’expression spontanée, la tendance se poursuit en 2021 et 2022.
Par comparaison, la sécurité est quasi stable sur la même période, alors que ce thème reçoit un écho médiatique et politique beaucoup plus important.
2) La satisfaction citoyenne sur la santé s’effondre depuis 2021 : on en parle de moins en moins bien !
La courbe ci-dessous montre l’évolution de la satisfaction sur la santé, comparée à des thèmes traditionnellement importants : centre-ville, sécurité, propreté, réseau routier.
La satisfaction progresse pour atteindre un pic en 2020, s’effondre en 2021, et poursuit sa baisse en 2022.
La santé, qui suscitait une satisfaction nettement supérieure aux autres thèmes, devient un thème structurellement négatif dans la perception.
3) La satisfaction citoyenne sur la santé montre une fracture territoriale !
Les cartes ci-dessous montrent la satisfaction citoyenne sur la santé par département, en 2018 et 2022 : on y voit la baisse nationale, mais surtout des différences territoriales nettes.
Du point de vue des habitants, le Grand-Est et le Sud-Ouest sont mieux perçus, le Grand Ouest le Sud Est nettement moins bien.
Une analyse plus fine montre que la plupart des grandes métropoles n’échappent pas au sentiment de désertification, à commencer par Paris et la petite couronne.
C’est ainsi que le podium se concentre à l’est de la France : la Meurthe-et-Moselle, la Collectivité européenne d’Alsace, et la Côte-d’Or sont les 3 départements pour lesquels les expressions spontanées sur la santé sont les plus positives.
4) Le sujet qui monte : la médecine de ville : « un seul médecin vous manque, et tout est dépeuplé » !
L’analyse des expressions citoyennes montre également que le thème de la « médecine de ville » augmente significativement en volume dans l’expression spontanée : + 25% entre 2018 et 2022, au détriment du thème des « équipements de santé », dont le poids recule. Si les spécialistes manquent, ce sont bien les généralistes qui font le plus défaut.
Lorsque nous analysons en détail les territoires, le départ en retraite sans remplacement de généralistes, qui impacte personnellement plusieurs centaines d’habitants, fait en général «plonger» la satisfaction … quand une ouverture (ou même un projet) de maison de santé la fait remonter.
Pour conclure, les communes sont bien souvent désemparées pour affronter ce problème, luttant chacune de leur côté et se faisant concurrence entre elles pour attirer les professionnels de santé.
Les départements, échelon central dans le secteur de la santé, disposent de cette vision plus globale: ils peuvent accompagner les communes et amener une cohésion territoriale pour, dans un premier temps au moins, limiter cette désertification.
Contact : Yves Kergall – Co fondateur – 06 31 96 20 51 – ykergall@monaviscitoyen.com
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