Fini le temps où chaque village avait son médecin… Les « médecins de famille », disponibles à toute heure, de jour comme de nuit, pour répondre aux demandes impromptues de leur patientèle sont de plus en plus rares.
Certains territoires, aussi bien urbains que ruraux, sont aujourd’hui touchés par une offre médicale insuffisante au regard des besoins de la population, un phénomène souvent désigné par le terme de « désert médical », même s’il est plus exact de parler de territoire « sous‑dense en professionnels de santé ».
Le désert médical géographique s’étend
Faute de médecins, et plus largement de professionnels de santé, le « désert médical » n’en finit pas de s’étendre avec plus de 11 300 communes concernées, soit une commune sur trois. En 2018, les territoires sous dotés en médecins généralistes concernaient près de 6 % de la population, soit environ 3,8 millions de Français.
L’Île-de-France, premier désert médical en France, après les territoires ultramarins
A rebours des idées reçues, dans la région la plus riche et la plus peuplée du pays, de nombreuses communes manquent de médecins. En moins de dix ans, l’Île-de-France est devenue le « premier désert médical de France », en perdant 19 % de ses médecins généralistes. Quand on sait que 48 % des médecins libéraux franciliens ont plus de 60 ans, les choses ne vont pas s’arranger à court terme…
Toutefois, si l’on élargit la zone géographique, les territoires ultramarins affichent des chiffres encore plus préoccupants.
Une notion plus large que la ruralité
L’expression de « désert médical géographique » ne s’applique pas seulement à certaines zones rurales mais également à des quartiers urbains « sensibles », dits « quartiers prioritaires de la ville » (QPV).
Plus largement, cette expression, qui désigne un accès difficile aux soins englobe l’ensemble des professionnels de santé et pas seulement les médecins. La répartition déséquilibrée des médecins conditionne effectivement, du fait de leur pouvoir de prescription, l’installation d’autres professionnels comme, par exemple, les infirmiers libéraux. C’est en réalité le parcours de soins dans son intégralité qui est dégradé.
Un indicateur clé : l’accessibilité potentielle localisée (APL)
L’indicateur d’accessibilité potentielle localisée (APL) désigne le nombre de consultations par an et par habitant et permet de rendre compte de l’accessibilité de la population aux médecins généralistes. L’APL est un indicateur d’adéquation territoriale entre l’offre et la demande de soins de ville. Il permet de mesurer à la fois la proximité et la disponibilité des professionnels de santé. Un APL < 2,5 indique une zone où l’offre de soins est insuffisante, un APL > 4 caractérise une zone bien dotée en offre de soins.
L’identification des territoires prioritaires
Cet exercice d’analyse, commune par commune, à l’aide de l’APL, s’avère pertinent pour cartographier son territoire de manière fine et efficace. Un département n’est jamais complètement dépourvu d’offre de santé, il ne peut agir partout et doit se fixer des priorités dans le cadre de sa mission.
Progressivement, la question de l’accès aux soins s’est imposée, tout autant que l’absence d’adéquation entre les besoins géographiques et l’offre de soins disponible ayant mené petit à petit au développement de déserts médicaux qui font régulièrement l’actualité. L’Etat et les collectivités ont une partie de la réponse entre leurs mains.